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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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"À froid", "à glace", sans doute <strong>Maignen</strong> voulait-il ainsi stigmatiser les patronages dépourvus<br />

de cet esprit de piété, où les rapports manquaient de chaleur humaine, où domine seul<br />

l’esprit d’efficacité et de rendement..?<br />

Car le rigorisme <strong>du</strong> début <strong>du</strong> siècle était resté ancré dans la mentalité et les pratiques<br />

dominantes sous le Second Empire.<br />

Pour la confession, on différait souvent l’absolution et la communion fréquente était<br />

loin d’être encouragée. Avec la Théologie Morale de saint Alphonse de Liguori, qui se répand<br />

à <strong>par</strong>tir de 1840, les choses commencent à évoluer. La communion, enseigne-t-il, n’est pas<br />

une "récompense" mais une force et une nourriture nécessaire. Si le P. d’Alzon est lui aussi<br />

un précurseur de cette nouvelle spiritualité pour les laïcs, s’inscrivent, dans ce même courant<br />

anti-janséniste, le P. Chevrier et surtout Mgr de Ségur. Ce dernier, désireux de "faire aimer et<br />

mieux servir le Seigneur", rédige quantité de petites brochures destinées aux jeunes et à la<br />

classe populaire qui obtiennent un vif succès et se répandent <strong>par</strong>tout. Excellent catéchiste, -<br />

dès son retour de Rome, en 1856, les Frères de la rue <strong>du</strong> Regard ont de nouveau fait appel à<br />

lui-, il vient justement de publier en 1860 La très sainte communion: "on ne communie pas<br />

<strong>par</strong>ce qu’on est bon, mais pour devenir meilleur". 114<br />

Mais les gallicans, qui se méfient des influences ultramontaines, accusent de laxisme les<br />

théologiens ou les confesseurs favorables à cette pratique nouvelle. Ils tiennent encore le haut<br />

<strong>du</strong> pavé. Ce qui semble être le cas à Paris, lors <strong>du</strong> Congrès de 1859.<br />

Timon-David fut effrayé de savoir que le vicaire général qui allait présider le Congrès<br />

comme président "ne voulait pas qu’on demandât aux enfants plus que les Pâques". Heureusement,<br />

le vicaire général en question, qui avait promis d’être présent, l’abbé Véron, supérieur<br />

<strong>du</strong> patronage des Jeunes Convalescents, ne vint pas.<br />

De même, dans ses Annales, le P.Timon évoque "un très pieux laïque, qui avait un rang<br />

élevé dans le <strong>monde</strong> religieux, qui communiait lui très souvent et qui cependant en pleine<br />

table d’hôte d’un restaurant de la place Saint-Sulpice nous déclarait, en 1859, qu’il retirerait<br />

toute allocation à une Œuvre qui ferait communier les enfants hors <strong>du</strong> temps pascal". Dans<br />

ces conditions, concluait le P.Timon, les laïques sont un obstacle très grave surtout quand ils<br />

tiennent les cordons de la bourse". 115<br />

Il ne semble pas que Nazareth ait été l’un de ces patronages "à froid", où les subventions<br />

dépendaient en quelque sorte <strong>du</strong> nombre des communions. Un mois après la fin <strong>du</strong> congrès<br />

de 1858, le f. <strong>Maignen</strong> et le père Hello avaient obtenu, <strong>par</strong> des pères Dominicains de<br />

Naples, une relique de saint Tharcise, jeune martyr de l’Eucharistie. Le 3 octobre, toute la<br />

maison était en fête pour accueillir celui dont l’exemple devait aider les jeunes patronnés à<br />

grandir dans la dévotion à l’Eucharistie et à la pratique de la communion. Le lendemain soir,<br />

M.<strong>Maignen</strong> fit représenter un mystère chrétien, Saint Tharcisius, qu’il avait composé pour la<br />

circonstance à <strong>par</strong>tir <strong>du</strong> célèbre roman Fabiola <strong>du</strong> Cardinal Wiseman. Une petite association<br />

de piété, placée sous la protection <strong>du</strong> martyr, permit à l’aumônier de développer chez les enfants<br />

ferveur et esprit de foi.<br />

On a vu plus haut que, <strong>Maignen</strong> pouvait se plaindre des réticences de certains confrères<br />

devant de nouvelles pratiques de piété.<br />

114 G. Cholvy, Etre chrétien en France au XIX e siècle,1997, p.115.<br />

115 En 1885, dans ses souvenirs, il précisera qu’il s’agissait <strong>du</strong> "vice-président général des conférences de Saint-Vincent-de-<br />

Paul". Ce qui permettrait de l’identifier à M. Decaux. (Sauvagnac, IV, p.1305). Mais Decaux communiait-il "très souvent"?<br />

cf. une lettre de M. <strong>Maignen</strong>: "..à demain, bien cher président. Je n’ose vous inviter à notre communion. Il y a (pourtant)<br />

bien longtemps que vous n’avez communié avec vos enfants de Nazareth!Votre bien affectionné en NS. M.M. (19.5.1862).<br />

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