Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.
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der l’héritage, de mieux répandre l’esprit de M. LePrevost et "croire en M. LePrevost", selon<br />
l’une de ses formules. En définitive, la Vie <strong>du</strong> fondateur, que le F. <strong>Maignen</strong> a contribué à faire<br />
connaître, rejoint l’hymne à la Charité: l’une est le support de l’autre. Sa biographie constitue<br />
en effet la trame historique indispensable pour comprendre comment M. LePrevost a pu écrire<br />
son hymne à la Charité à l’intention de toutes les générations de ses fils, qui se succéderont<br />
dans l’avenir. La Vie de Jean-Léon LePrevost est, au même titre que ses lettres, le flambeau<br />
de sa charité.<br />
Le succès de ses brochures, de ses romans sociaux et historiques, consacre M. <strong>Maignen</strong><br />
comme l’un des meilleurs écrivains de la jeunesse ouvrière de son temps. Quelques auteurs et<br />
orateurs tranchent <strong>par</strong> la franchise de l’argumentation et <strong>du</strong> ton dans la littérature destinée aux<br />
<strong>ouvrier</strong>s, des années 1860-1870. <strong>Maurice</strong> <strong>Maignen</strong> est de ceux-là. L'œuvre littéraire de<br />
M.<strong>Maignen</strong> fait <strong>par</strong>tie intégrante de sa vocation sociale, elle est la preuve, <strong>par</strong> la plume, de<br />
son dévouement pour le <strong>monde</strong> <strong>ouvrier</strong>.<br />
Exegi monumentum..."J’ai achevé un monument..." (Horace). Oui, c'est une belle œuvre<br />
d'artiste et de poète, plus <strong>du</strong>rable que l'airain, que <strong>Maurice</strong> <strong>Maignen</strong> aura léguée à la postérité<br />
et à ses Frères.<br />
Démêlés avec la Société et le statut "père-frère" dans l'Institut<br />
De décembre 1851 à novembre 1861, la Société de Saint-Vincent-de-Paul connaît un<br />
remarquable développement. Elle voit plus que tripler le nombre de ses Conférences: de sept<br />
cent soixante-six à trois mille six cent vingt-trois. Pour la France, en 1860, elles sont environ<br />
mille trois cents. Son président, Adolphe Baudon, lance d’idée d’une centralisation plus accrue<br />
des conférences, et d’un conseil général aux compétences plus larges, comme celles de<br />
contrôler l’agrégation de nouvelles conférences et de veiller au respect des règles de la Société.<br />
Or, sur fond de politique intérieure et étrangère, cette belle croissance va se retourner<br />
contre elle.<br />
Elle est d’abord victime <strong>du</strong> ministre de l’Instruction publique, Rouland. Catholique<br />
mais gallican, il soupçonne les ultramontains d’être légitimistes et de menacer ainsi l’édifice<br />
politico-religieux bâti sur le Concordat. En matière scolaire il s’employera à contrebalancer la<br />
loi Falloux, en tracassant l’enseignement congréganiste. A l’hostilité d’une certaine presse,<br />
comme le Siècle 130 succède, en 1859, la publication d’un pamphlet anonyme Le Pape et le<br />
Congrès, qui pousse au désengagement de la France en Italie. En 1860, devant les pétitions,<br />
les sermons, et les lettres d’évêques qui se multiplient contre l’orientation de la politique impériale,<br />
le ministre Rouland, craignant l’influence <strong>du</strong> clergé et des ultramontains, dénonce la<br />
Société comme un danger et un foyer d’opposition. Son collègue, à l’Intérieur, Persigny,<br />
prend alors le relais. Il va frapper la Société à la tête, sans toutefois vouloir la supprimer.<br />
130 Et La Gazette de Savoie, dont deux articles (4 et 17 août 1855) font réagir Paul Decaux, en prétendant "établir que la<br />
Société sous la direction <strong>du</strong> Conseil Général n’a que deux buts: -reconstituer l’autorité temporelle <strong>du</strong> Pape; - détruire les<br />
gouvernements consitutionnels. Si l’auteur n’est pas odieusement pervers, il est le plus beau des niais. Vice-président général,<br />
je puis le lui affirmer." (Journal de Paul Decaux).<br />
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