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Kon- Tiki

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Au-dessus de lui le ciel était presque noir et uniforme, à<br />

l’exception de quelques cirrus d’ammoniac qui dérivaient à une<br />

altitude supérieure d’une vingtaine de kilomètres. Il régnait un<br />

froid intense, là-haut aux marches de l’espace, mais la<br />

température et la pression croissaient rapidement au fur et à<br />

mesure de la descente. Là où le <strong>Kon</strong>-<strong>Tiki</strong> dérivait actuellement il<br />

faisait cinquante degrés au-dessous de zéro et la pression était<br />

déjà cinq fois plus importante que sur la Terre. Cent kilomètres<br />

plus bas l’air était aussi chaud qu’à l’équateur et la pression<br />

équivalente à celle du fond des mers les moins profondes. Des<br />

conditions d’existence idéales.<br />

Un quart de la brève journée jovienne s’était déjà écoulé. Le<br />

soleil arrivait à mi-chemin de son ascension vers le zénith mais<br />

sa clarté sur la nappe de nuages manquait singulièrement<br />

d’éclat. Le parcours supplémentaire de six cents millions de<br />

kilomètres affaiblissait son intensité et, bien que limpide, le ciel<br />

paraissait couvert. À la tombée de la nuit le crépuscule serait<br />

bref. C’était le matin, mais la luminosité correspondait à celle<br />

d’une fin de journée d’automne.<br />

Même s’il n’y avait pas de saisons, sur Jupiter.<br />

Le <strong>Kon</strong>-<strong>Tiki</strong> s’abaissait au centre de la ceinture équatoriale…<br />

la zone la plus terne de la planète. Ici, la mer de nuages qui<br />

s’étendait jusqu’à l’horizon avait une teinte saumon presque<br />

uniforme, sans les jaunes, les roses et les rouges qui zébraient<br />

Jupiter partout ailleurs. La grande tache rouge – la<br />

caractéristique la plus spectaculaire de ce monde – se situait des<br />

milliers de kilomètres plus au sud. Ils avaient été tentés<br />

d’effectuer la descente à son emplacement, là où les sondes<br />

avaient transmis des images de panoramas fantastiques, mais<br />

les planificateurs de la mission estimaient que les perturbations<br />

tropicales étaient « plus actives que de coutume » depuis<br />

quelques mois, avec des courants qui dépassaient un milliard de<br />

kilomètres par heure. Se diriger vers ces tourbillons eût été aller<br />

au-devant de sérieux ennuis. Il faudrait attendre une prochaine<br />

expédition pour tenter de percer les mystères de la grande tache<br />

rouge.<br />

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