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Tiqqun<br />
Le geste est événement. Il ouvre une plaie<br />
dans le chaos <strong>du</strong> monde, et fixe au fond de<br />
celle-ci son tesson d’univocité. Il s’agit pour<br />
lui d’établir si profondément les choses jugées<br />
différentes dans leur différence que ce<br />
qui les a séparées ne puisse plus jamais,<br />
par aucune possibilité, être effacé.<br />
S’il y a quelque chose qui contrarie la domination<br />
dans le <strong>Bloom</strong>, c’est bien de<br />
constater que, même dépossédé de tout,<br />
l’homme dispose encore, dans sa nudité,<br />
d’une incoercible faculté métaphysique de<br />
répudiation : celle de donner la mort, aux<br />
autres comme à soi. La mort, à chaque<br />
fois qu’elle survient, fait un trou honteux<br />
dans le tissu biopolitique. Le nihilisme accompli,<br />
qui n’a rien accompli que la dissolution<br />
de toute altérité dans une immanence<br />
circulatoire sans limite, essuie là,<br />
toujours, une défaite : au contact de la<br />
mort, la vie cesse d’un coup d’aller de soi.<br />
Le devoir de décision qui sanctionne toute<br />
existence proprement humaine a toujours<br />
eu partie liée à l’approche de cet abîme.<br />
La veille <strong>du</strong> jour de mars 1998 où il massacra<br />
quatre <strong>Bloom</strong>-écoliers et un <strong>Bloom</strong>professeur,<br />
le petit Mitchell Johnson déclarait<br />
à ses camarades incré<strong>du</strong>les :<br />
« Demain, je déciderai qui vivra, et qui<br />
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