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<strong>Théorie</strong> <strong>du</strong> <strong>Bloom</strong><br />
Homo sacer<br />
« Un jour ou l’autre, les bombes se mettent<br />
à dégringoler pour que l’on croie enfin à ce<br />
que l’on refuse d’admettre, à savoir que<br />
les mots ont un sens métaphysique. »<br />
Brice Parain, L’Embarras <strong>du</strong> choix<br />
Les possédés <strong>du</strong> néant commencent par tirer<br />
les conséquences de leur condition<br />
de <strong>Bloom</strong>. Par là, ils en exposent le vertige<br />
: le <strong>Bloom</strong> est sacer, au sens où l’entend<br />
Giorgio Agamben, c’est-à-dire au sens<br />
d’une créature qui n’a sa place dans aucun<br />
droit, qui ne peut être jugée ni condamnée<br />
par les hommes, mais que n’importe qui<br />
peut tuer sans pour autant commettre de<br />
crime. Le <strong>Bloom</strong> est sacer dans la mesure<br />
exacte où il se sait possédé par la vie nue,<br />
dans la mesure où, tel le musulman dans<br />
les camps, il est le simple témoin de son<br />
propre devenir-inhumain.<br />
L’insignifiance et l’anonymat, la séparation<br />
et l’étrangeté ne sont pas des circonstances<br />
poétiques que le penchant mélancolique<br />
de certaines subjectivités tend à<br />
s’exagérer : la portée de la situation existentielle<br />
ainsi caractérisée, le <strong>Bloom</strong>, est<br />
totale, et politique au premier chef.<br />
Est sacer quiconque est sans communauté.<br />
N’être rien, demeurer en deçà de toute<br />
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