You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Tiqqun<br />
En fait, tout comme l’indivi<strong>du</strong> résultait de<br />
la décomposition de la communauté, le<br />
<strong>Bloom</strong> résulte de la décomposition de l’indivi<strong>du</strong>,<br />
ou pour être plus net, de la fiction de<br />
l’indivi<strong>du</strong> – l’indivi<strong>du</strong> bourgeois n’a jamais<br />
existé que sur les autoroutes, et encore il y<br />
a des accidents –. Mais on se méprendrait<br />
sur la radicalité humaine que figure le<br />
<strong>Bloom</strong> en se le représentant sous l’espèce<br />
traditionnelle <strong>du</strong> « déraciné ». La souffrance<br />
à laquelle expose désormais tout<br />
attachement véritable a pris des proportions<br />
si excessives que nul ne peut plus<br />
même se permettre la nostalgie d’une origine.<br />
Cela aussi, il a fallu, pour survivre, le<br />
tuer en soi. Aussi le <strong>Bloom</strong> est-il plutôt<br />
l’homme sans racines, l’homme qui a pris<br />
le sentiment d’être chez soi dans l’exil, qui<br />
s’est enraciné dans l’absence de lieu, et<br />
pour lequel le déracinement n’évoque plus<br />
le bannissement, mais au contraire une situation<br />
ordinaire. Ce n’est pas le monde<br />
qu’il a per<strong>du</strong>, mais le goût <strong>du</strong> monde qu’il<br />
a dû laisser derrière lui.<br />
50<br />
La perte de l’expérience<br />
En tant que Stimmung constatable, en tant<br />
que tonalité affective déterminée, le <strong>Bloom</strong>