Du papyrus à l'hypertexte
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DU PAPYRUS À L’HYPERTEXTE<br />
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pose en effet la question du système global de référence auquel<br />
le texte devrait être inféodé. Doit-elle reproduire <strong>à</strong> l’écrit des pauses<br />
qui relèvent de la diction et de la respiration ou, au contraire,<br />
traduire dans l’ordre visuel des relations d’ordre logique?<br />
Initialement, la solution adoptée a été de donner <strong>à</strong> la virgule la<br />
valeur d’une pause <strong>à</strong> l’oral, appelée aussi “ un soupir ”. Au XVII e<br />
siècle, par exemple, il était normal de placer une virgule entre le<br />
sujet et le verbe, afin de mettre l’un de ces mots en relief ou de<br />
marquer la pause que devrait faire quiconque lirait la phrase <strong>à</strong><br />
haute voix (voir “ Normes de lisibilité ”). Cette conception de la<br />
virgule s’est maintenue dans les grammaires jusqu’<strong>à</strong> tout dernièrement.<br />
Chez Grevisse on lit encore que la virgule “ marque une<br />
pause de peu de durée ”. Or, une telle position est de moins en<br />
moins tenable : <strong>à</strong> partir du moment où l’oralisation du texte ne<br />
constitue plus la forme normale de la lecture, la notion de pause<br />
perd son sens. L’œil, en effet, n’a pas besoin de déterminer dans<br />
la masse textuelle des segments <strong>à</strong> oraliser, mais des propositions<br />
<strong>à</strong> interpréter. Dans une conception de l’écrit comme système sémiotique<br />
autonome, la virgule est donc en train de changer de<br />
fonction et tend <strong>à</strong> devenir un indicateur de segmentation purement<br />
logique : son rôle est de faciliter un découpage sémantique<br />
adéquat et d’éviter la formation d’unités inappropriées. Une<br />
telle position n’a que tout récemment été prise en compte par<br />
les ouvrages spécialisés, notamment celui de Jacques Drillon<br />
(1991).<br />
Au cours des derniers siècles, d’autres signes ont été proposés,<br />
tel le point d’interrogation inversé, qu’on a suggéré soit<br />
pour accompagner une question purement rhétorique 54 , soit<br />
pour marquer le point d’ironie. Mais ce signe n’a pas été retenu,<br />
sauf en espagnol, où il annonce une phrase interrogative : en tant<br />
que tel, sa fonction est surtout de faciliter la lecture orale, en<br />
permettant au récitant d’adopter l’intonation adéquate. Le domaine<br />
où les signes se sont le plus multipliés est celui qui permet<br />
de signaler les diverses variations du discours citationnel: alinéas,<br />
54 Voir notamment Parkes, 1993, p.53.