28.06.2013 Views

Du papyrus à l'hypertexte

Du papyrus à l'hypertexte

Du papyrus à l'hypertexte

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

4<br />

CHRISTIAN VANDENDORPE<br />

talinéaire, comme dans le pastiche ou la parodie, où le plaisir du<br />

texte provient de la mise au jour et de la prise de conscience de<br />

tous les écarts par lesquels un texte source a été travesti.<br />

Le plus souvent, un texte constitue un univers de sens<br />

en lui-même et va jouer sur des articulations purement textuelles,<br />

soit sur les rapports entre les propositions, les phrases, les<br />

paragraphes, les chapitres, les parties d’un ouvrage. Les unités<br />

de grande articulation que sont les paragraphes et les chapitres<br />

permettent au lecteur de manipuler plus facilement de grandes<br />

masses d’information parce qu’elles se détachent visuellement et<br />

acquièrent une existence autonome.<br />

En principe, plus un texte va comporter de niveaux d’articulation,<br />

plus il va faciliter la production d’une variété d’effets de<br />

sens. La supériorité traditionnelle de l’écrit sur tout autre média<br />

réside en ceci que, dès le départ, le texte est conçu en fonction de<br />

la lecture, c’est-<strong>à</strong>-dire en vue de son appropriation par un destinataire,<br />

et que la nature même de son support confère au lecteur<br />

une maîtrise complète de tous les éléments qui le constituent.<br />

Chaque élément du texte — lettre, mot, phrase, paragraphe, chapitre,<br />

titre, etc. — est ainsi susceptible d’être isolé, analysé et mis<br />

en relation avec d’autres éléments du même texte, ce qui permet<br />

une multiplication inépuisable des jeux de signification possibles.<br />

Tant sur le plan matériel que sur celui des significations, le livre<br />

possède une “structure feuilletée”, pour reprendre l’expression<br />

de Gérard Haddad, et celle-ci donne au lecteur des possibilités<br />

de choix que ne peut lui offrir un film ou quelque autre forme de<br />

spectacle.<br />

Nous poserons comme hypothèse qu’il existe deux types<br />

d’articulations discursives élémentaires. La première correspond<br />

<strong>à</strong> une énonciation dialogique ou semi-dialogique, de type question-réponse,<br />

où le premier terme est souvent maintenu dans<br />

l’implicite, comme dans les textes de type informatif et argumentatif,<br />

mais où il peut aussi être formulé très explicitement, comme<br />

dans la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin. La seconde<br />

est temporelle et relève du prototype de l’énonciation autonome

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!