des tic et des territoires - Portail documentaire du ministère de l ...
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Les impacts réels, virtuels <strong>et</strong> paradoxaux <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies <strong>de</strong> l’information<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la communication sur l’espace <strong>et</strong> les <strong>territoires</strong><br />
C<strong>et</strong>te nouvelle géographie <strong><strong>de</strong>s</strong> flux parait donc<br />
tridimensionnelle, elle cartographie les réseaux <strong>de</strong><br />
télécommunication <strong>et</strong> les pôles <strong>de</strong> ressources qui<br />
structurent le cyberespace (mais on gar<strong>de</strong>ra à<br />
l’esprit que le cyberespace n’est pas l’infrastructure<br />
qui l’innerve), elle mesure le débit <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons<br />
optiques ou satellites qui contractent l’espace<br />
physique, elle compare les coûts <strong>et</strong> les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> d’accès<br />
aux réseaux qui valorisent les <strong>territoires</strong>.<br />
Utopies - An<strong>tic</strong>ipation<br />
L’an<strong>tic</strong>ipation sera ici le <strong>de</strong>rnier vol<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
prospective <strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s spatiaux <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies <strong>de</strong><br />
l’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> communication. La première<br />
utopie urbaine fondée sur les technologies a été décrite<br />
dans la Nouvelle Atlanti<strong>de</strong> (1627) <strong>de</strong> Francis Bacon, <strong>et</strong><br />
beaucoup plus près <strong>de</strong> nous, Paris au XX e siècle (1863)<br />
<strong>de</strong> Jules Verne est une extraordinaire an<strong>tic</strong>ipation <strong>de</strong> ce<br />
que sera la technologie urbaine un siècle plus tard :<br />
métropolitain suspen<strong>du</strong> automatisé, véhicules<br />
électriques, réseau <strong>de</strong> télécommunication pneumatique,<br />
éclairage urbain électrique. Si l’on s’intéresse <strong>de</strong><br />
plus près au roman d’an<strong>tic</strong>ipation <strong>de</strong>puis une<br />
vingtaine d’années, on s’aperçoit que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
grands auteurs se sont, comme Jules Verne en son<br />
temps, fortement documentés <strong>et</strong> se sont fait conseillés<br />
pour la plupart par <strong><strong>de</strong>s</strong> scientifiques. Des auteurs<br />
comme William Gibson ou Bruce Sterling sont à la<br />
fois les gourous <strong>de</strong> la mouvance littéraire<br />
« cyberpunk » (vision relativement sombre <strong>du</strong> futur<br />
<strong>de</strong> la société <strong>de</strong> l’information) <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> figures emblématiques<br />
<strong>de</strong> la cyberculture actuelle, la frontière <strong>de</strong>venant<br />
ténue entre l’an<strong>tic</strong>ipation romantique <strong>et</strong> l’extrapolation<br />
technologique <strong>et</strong> sociale.<br />
La thématique centrale <strong><strong>de</strong>s</strong> an<strong>tic</strong>ipations<br />
récentes est <strong>de</strong> manière constante celle <strong>du</strong> réseau<br />
global <strong>de</strong>venu la trame <strong>du</strong> tissu économique<br />
mondial, contrôlé par les puissances économiques<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> multinationales comme dans Les mailles <strong>du</strong><br />
réseau (1990) <strong>de</strong> Bruce Sterling qui décrit la société<br />
technologique d’un futur proche avec ses bouleversements<br />
sociaux, politiques <strong>et</strong> technologiques,<br />
l’ingénierie génétique, le chantage atomique, le<br />
r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> l’irrationnel. On r<strong>et</strong>rouve un paysage<br />
comparable dans les œuvres <strong>de</strong> William Gibson,<br />
comme Lumière virtuelle (1995) qui décrit un San<br />
Francisco au XXI e siècle, conurbation polluée, espace<br />
urbain en décomposition avec en toile <strong>de</strong> fond les<br />
réseaux d’information, les satellites d’espionnage, le<br />
sida. À l’heure <strong><strong>de</strong>s</strong> transmissions <strong>de</strong> données à très<br />
haut débit, le personnage principal fait un métier<br />
indispensable parce qu’il aura toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s à<br />
échanger qui ne pourront pas être numérisés :<br />
coursier à vélo. Dans Idoru (1998), dans le contexte<br />
d’un Tokyo au début <strong>du</strong> siècle prochain reconstruit<br />
sur les décombres d’un séisme grâce aux nanotechnologies,<br />
on suit un investigateur spécialiste <strong>de</strong> la<br />
réalité virtuelle, qui piste les « lignes <strong>de</strong> force » d’une<br />
intelligence artificielle au cœur même <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux <strong>de</strong><br />
données.<br />
Le rapport entre les <strong>territoires</strong> urbains <strong>et</strong> le<br />
cyberespace, que l’on abordait dans le vol<strong>et</strong> précé<strong>de</strong>nt,<br />
a été extrapolé <strong>de</strong> manière extraordinaire dans Snow<br />
Crash <strong>de</strong> Neal Stephenson, l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages clés dans<br />
la littérature d’an<strong>tic</strong>ipation américaine. Le lecteur <strong>et</strong><br />
les personnages se situent en permanence sur <strong>de</strong>ux<br />
univers simultanés : le mon<strong>de</strong> physique marqué par le<br />
développement <strong>de</strong> gigantesques conurbations avec les<br />
« banlises », sorte d’edges cities périphériques <strong>et</strong> les<br />
« franchises urbaines », caricatures <strong><strong>de</strong>s</strong> gated<br />
communities américaines actuelles, qui organisent la<br />
conurbation en <strong>territoires</strong> où se regroupent <strong>de</strong><br />
manière autarcique <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes <strong>et</strong>hniques ou socioculturels.<br />
L’autre univers, tout aussi réel bien que<br />
virtuel, est celui <strong>du</strong> « Métavers », dimension parallèle<br />
<strong>de</strong> type réalité virtuelle, où chacun peut se r<strong>et</strong>rouver<br />
sous forme d’avatar, avoir une vie sociale, circuler,<br />
disposer d’un logement personnel. La fiction paraît ici<br />
une projection à court terme <strong>de</strong> notre réalité (voir par<br />
exemple les univers virtuels CyberTown aux États-Unis<br />
<strong>et</strong> Le 2 ème Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Canal+, copie virtuelle <strong>de</strong> Paris).<br />
Recherche française <strong>et</strong> européenne<br />
H. Bakis fait état, dans Télécommunications <strong>et</strong><br />
<strong>territoires</strong> : un déplacement <strong>de</strong> la problématique, <strong>de</strong><br />
trois catégories <strong>de</strong> chercheurs travaillant sur l’impact<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> télécommunications sur le développement<br />
économique local <strong>et</strong> régional : les « minimalistes »,<br />
pour qui les inci<strong>de</strong>nces spatiales <strong><strong>de</strong>s</strong> réseaux <strong>de</strong><br />
télécommunication seraient limitées <strong>et</strong>, sauf à éviter<br />
à certains espaces d’être pénalisés par rapport à<br />
d’autres mieux équipés, seraient insuffisantes pour<br />
promouvoir le développement d’une zone ; les<br />
« modérés », pour qui les inci<strong>de</strong>nces spatiales <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
réseaux <strong>de</strong> télécommunication seraient potentiellement<br />
importantes mais dépendraient d’autres<br />
facteurs <strong>et</strong> apparaîtraient comme paradoxales<br />
puisque favorisant la centralisation ; enfin les<br />
« maximalistes », qui voient dans ces réseaux les<br />
ferments d’une révolution spatiale fondée sur la<br />
disparition <strong><strong>de</strong>s</strong> contraintes <strong>de</strong> distance.<br />
La recherche française semble osciller aujourd’hui<br />
entre les <strong>de</strong>ux premières catégories précitées,<br />
avec en contrepoint la DATAR, maître d’ouvrage <strong>de</strong><br />
travaux d’évaluation <strong>et</strong> <strong>de</strong> prospective sur le<br />
télétravail, les télé-activités <strong>et</strong> les réseaux <strong>de</strong> télécommunication,<br />
qui conserve une vision rentrant dans la<br />
troisième catégorie <strong><strong>de</strong>s</strong> « maximalistes », en<br />
persistant à voir dans les réseaux <strong>de</strong> télécommunication<br />
<strong>et</strong> les téléservices <strong><strong>de</strong>s</strong> outils majeurs <strong>de</strong><br />
rééquilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> forces territoriales.<br />
De manière paradoxale, alors que la problématique<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s espérés <strong>du</strong> déploiement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
technologies <strong>de</strong> l’information <strong>et</strong> <strong>de</strong> communication<br />
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