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PARTIE 2 - Icomos

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Theme 2<br />

Session 1<br />

MAINTIEN DES PAYSAGES DE PIERRE SECHE, PRATIQUE DURABLE POUR<br />

NOS TERRITOIRES<br />

Claire Cornu<br />

Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Vaucluse (CMA 84)<br />

Avignon, FRANCE<br />

c.cornu@cma84.fr<br />

Résumé. Patrimoine paysager, patrimoine culturel immatériel : C’est bien parce qu’aujourd’hui nous prenons<br />

conscience de la fragilité de notre planète que nous sommes interpellés par ces maçonneries de pierre sèche.<br />

Désormais, l’objectif de performance donne de l’intelligence au local pour une réponse globale. En France<br />

un noyau de professionnel s’est soudé pour prouver combien la pierre sèche ancestrale est aussi innovante<br />

pour les générations futures<br />

La pierre “tout venant” bâtie à sec : un matériau<br />

recyclable et de proximité.<br />

En ayant recours à des matériaux de cueillette,<br />

l’homme a su faire preuve d’ingéniosité et d’adaptabilité<br />

pour répondre à ses besoins. Ainsi, partout où la<br />

pierre est présente à travers le monde, cette dextérité<br />

de l’œil et de la main pour assembler, en calant sans<br />

liant, des pierres tout venant, s’est diffusé oralement<br />

à travers les siècles. Ce savoir-faire bien particulier<br />

s’est forgé entre hommes de métier de la maçonnerie<br />

comme entre paysans. Quelque soit le type de pierre,<br />

calcaire, granit, schiste, ces maçonneries sont bâties<br />

sur les mêmes principes de base et les modèles diffèrent<br />

davantage par la forme de la pierre à disposition<br />

que par l’ouvrage à construire. La technique s’est<br />

affinée par empirisme. L’homme a épierré ses champs<br />

pour pouvoir les travailler, a collecté les pierres puis<br />

les a rassemblé en clapiers, les réemployant ensuite<br />

pour installer et accompagner abri ou habitat, niveler<br />

les collines pour produire des banquettes cultivables,<br />

clôturer ses parcelles pour les protéger et canaliser<br />

aussi bien l’eau que les troupeaux.<br />

Cependant en France, les guerres ont emportées les<br />

hommes et l’industrie a répondu aux besoins de reconstructions<br />

si prégnants alors, par l’apport d’autres<br />

systèmes constructifs. L’exode rural a vidé les collines<br />

et les montagnes, les machines agricoles et de<br />

terrassement ont bouleversé les comportements en<br />

délaissant les terrasses, en concassant les enclos et<br />

en supprimant les haies champêtres au profit de la<br />

plaine mono cultivée. Il s’est, de fait, opéré une brutale<br />

modification de la connaissance dans toutes<br />

les filières, celles du bâtiment, de l’agronomie et de<br />

l’agriculture. Le constat est redoutable: disparition<br />

des savoirs, méconnaissance des valeurs, méfiance<br />

de la technique, pertes irrémédiables des ouvrages,<br />

voire discrédibilité des praticiens résistant. Toutefois,<br />

à chaque fois qu’un paysage se referme, que le long<br />

des routes des murs s’écroulent et sont remplacés<br />

par du béton, de l’enrochement ou du gabion, cette<br />

évolution est ressentie avec un mélange de nostalgie<br />

et d’absurdité. Car, en effet, décréter qu’un mur en<br />

pierre sèche n’est pas solide est absurde. Le béton<br />

n’est pas éternel non plus. Sa longévité depend de sa<br />

surveillance et de la qualité de sa maintenance.<br />

Recaler une pierre de couronnement ou réparer une<br />

brèche dans un mur en pierre sèche, n’est-il pas plus<br />

simple que d’être constraint de démolir complètement<br />

un mur en béton affecté par l’âge, transporter<br />

ses gravats en décharge avec toutes les interrogations<br />

quant à leur devenir ? Heliporter seulement des<br />

hommes sur un site d’altitude pour bâtir un mur anti<br />

éboulis ou restaurer un sentier de randonnée, n’est-il<br />

pas moins coûteux que d’héliporter en plus, toute la<br />

journée, moult bétonnières?<br />

“La pierre sèche : un bon ciment pour lier les hommes !”<br />

(Jean-Claude MOREL)<br />

C’est ainsi que certains ont réagit, isolément, bravant<br />

les railleries des inconditionnels du parpaing, ils ont<br />

perduré la tradition et ont bâti la pierre à sec, laissant<br />

leurs empreintes par chez eux. Il a suffit de les<br />

repérer, d’obtenir leur confiance et de les fédérer en<br />

animer une passerelle entre Provence et Cévennes.<br />

Au depart de l’action, aucun ne se connaissait. Le<br />

Parc National des Cévennes, en proposant un voyage<br />

d’étude à Majorque (îles Baléares, Espagne), a enclenché<br />

une première rencontre entre professionnels. Ils<br />

y ont découvert le fantastique travail accompli par<br />

FODESMA et le Consell Insular de Mallorca depuis<br />

1968: formations en chantiers-école et développement<br />

local d’un tourisme éthno-culturel (en opposition<br />

avec celui généré par l’héliotropisme). La réaction<br />

263<br />

LE PATRIMOINE, MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT<br />

HERITAGE, DRIVER OF DEVELOPMENT

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