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Le royaume d’Icare

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Paris, en route vers le Palais des Expositions,<br />

treize heures cinquante deux<br />

— Depuis combien de temps faites-vous ce métier,<br />

Charles<br />

— Trente-neuf ans, m’sieur.<br />

— Ne m’appelez pas monsieur, je pourrais être votre fils. Je<br />

me prénomme Bénédict.<br />

— Excusez. C’est à cause du manoir, explique le cocher,<br />

tête tournée.<br />

— <strong>Le</strong>s domestiques, c’est ça<br />

— Ouais. Beau boulot. J’ai pas les manières. J’préfère bosser<br />

à mon compte.<br />

— La calèche fait vivre votre famille<br />

— J’me débrouille, mons...<br />

Ils les dressent en chiens de garde. Bénédict porte à Kolarov<br />

le télégramme confirmant la venue de Feuerbach. Rayonnant,<br />

le baron lui a suggéré de prendre la calèche :<br />

— Un peu d’air frais va vous donner des couleurs, Ducrocq.<br />

Charles revient justement d’une petite commission, comme<br />

disent mes gens.<br />

Petit et costaud, presque chauve, le cocher possède des<br />

yeux sombres et vifs. De mauvaises dents et une fatigue du<br />

corps trahissent le passage du temps. L’homme a dû s’y reprendre<br />

en tentant de monter en voiture d’un seul élan. Ses<br />

avant-bras et son crâne ont cuivré au soleil.<br />

— Et quand cesserez-vous de travailler<br />

— Ça, on y pense pas, m’sieur. Pardon, l’habitude.<br />

— Ça va. Ce n’était pas une directive mais une simple protestation.<br />

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