Le royaume d’Icare

Éole. Derrière elle, à l’ouest, le ciel s’assombrit. Jonathan a
tenté une seule fois de troquer billet contre billet parce qu’il
avait raté un train. Une place était disponible dans le suivant
et il avait un billet non utilisé en poche. Une substitution
simple à comprendre. Pourtant l’administration ne voulut
rien entendre. Pas question de revivre une telle aberration
sociale. Au regard cueilli, il retourne un sourire sous pli.
Humant parfum sous enveloppe, la dame teinte la cadence
d’un soupçon de lenteur, consciente du regard approbateur.
Mais Jonathan se découvre une gueule de bois et un esprit
de baleinier. Rien ne lui vient à la bouche et ses jambes sont
molles. La virée des derniers jours prend substance aux
bougies qu’une mémoire compatissante allume une à une à
l’orée de sa conscience. La dame n’est plus qu’une tache de
couleur dans la foule animée par un train qui se dégourdit la
machinerie. Il a devant les yeux un Renoir vivant.
L’île de Calypso, éternelle tentation de cette vie errante :
le home douillet de la dame de bonne société. La couche de
ces protectrices enchantées est un bien frêle esquif, Jonathan
impuissant à chaque fois de faire la sourde oreille aux
chants des Bacchantes, abandonnant à Pénélope une toile
de mots. Un rêve domestique trahi
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à répétition en quelques gorgées de
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poison. Tôt ou tard.
Son estomac le rappelle à l’ordre
et sa tête est un clocher d’église
transporté en charrette. La femme
deviendra outil du grand mensonge et
son temps sera compté au calendrier
de ses maîtres. Elles engendreront légion
mais elle demeurera unique en
une infinité de solitudes.
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Boey commande un potage. Ses mains tremblent. Le
manque d’alcool se fait déjà sentir. Première journée de caa
b c d e f g h
Le gambit dame :
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