Le royaume d’Icare

C’est l’occasion de faire connaissance avec de multiples
personnalités. Le fanfaron, souvent de faible calibre. Son
éducation tient à des manies superficielles qui ne suscitent
sur l’échiquier que des remous sans conséquences. Un
joueur d’attaque qui ne sait pas mordre, même la poussière.
Monsieur le juge clame, accompagnant ses théories de longues
tirades truffées de mots cultivés et de blagues qui demandent
de l’instruction. Sur l’échiquier, il est gaffeur et
manque de vigueur. L’instruction rend paresseux, en a
conclu Bjelica. Par contre, les meilleurs du genre connaissent
bien leurs finales. Centré sur ses idées, le silencieux s’irrite
de devoir répondre aux menaces. En place d’apprendre,
il rue. Il y a celui qui insulte ses adversaires et tant d’autres
personnages. Sur le sujet, Culvier a des histoires à raconter.
Il en a connu des gens. Mais qu’importe l’individu, l’ouverture
du pion roi et la défense française suffisent d’habitude à
les battre. Dans cette dernière, au troisième coup, plusieurs
poussent le pion en e5, la variante d’avance. Une suite difficile
dont ils ne connaissent pas le véritable enjeu. Le « livre »
affirme que cette poussée est compromettante. Ceux qui
adoptent la sortie du cavalier dame voient le jeune prodige
échanger les pions centraux, inaugurant une variante qui célébrera
un jour son nom. Mais cela, le jeune Ekenstein ne le
sait pas encore. Ça lui évitera la suite d’Itchkoff, cavalier à
deux dame, qui soustrait la pièce au clouage par le fou noir.
Ekenstein donnera aussi son nom à
une variante qui répond à la défense
Itchkoff du gambit dame, en plaçant
le fou roi en fianchetto. Mais cette
défense, le Tchécoslovaque a encore
à la trouver. Son pays a même à être
inventé. D’autres lignes de jeu seront
signées de sa « pensée de géomètre
», un compliment de Joseph
Feuerbach.
8
7
6
5
4
3
2
1
a b c d e f g h
La défense française, variante
de l’avance :
1.e4 e6 2. d4 d5 3.e5
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