Le royaume d’Icare

C’est Joseph Feuerbach, le champion du monde. Stoïque,
John accuse défaite après défaite, mais apprend de chaque
partie. Il devient vigilant et résistant, parvenant même à annuler
deux parties.
— Avec une bonne technique en finale, vous serez maître
d’ici peu, conclut son adversaire, tout sourire, en empochant
les billets. Étrange, votre répertoire d’ouvertures ressemble
plus à celui de Bennett qu’à celui d’Admundsun, un compatriote
à vous pourtant.
John le fixe, muet.
— Vous êtes jeunes, explorez de nouvelles avenues. C’est
ce que Ekenstein a fait.
— Quand allez vous jouez contre lui pour le championnat
Un coup de vent l’asperge d’eau. Reviens, dit Bouddha,
ailleurs est ici. John, arrêté dans son passé, se remet en
marche. Odeur de sel et d’algues, un cordage glisse. Eau
séant, grande mère…
John et Anne sont nés d’un père suédois. Leur mère, Samantha
Sourouzian, avait fui une Arménie troublée, cachée
dans la cale d’un bateau anglais stationné en Turquie. Borj
Nilsson est invité par l’université Cambridge à titre d’ingénieur
qui demande sa citoyenneté en même temps qu’un
poste d’enseignant. Ses qualités intellectuelles intriguent
les éminences universitaires. Il y rencontre Samantha au
département de psychologie, où elle séjourne à titre de bête
de foire, prédisant les probabilités aussi spontanément que
les oiseaux migrateurs trouvent leur niche. Anne va naître
quand le couple s’embarque pour l’Afrique du Sud où doit
agir à titre d’observateur impartial dans le conflit qui oppose
les Anglais aux Boers. John et sa sœur deviennent orphelins
quand le véhicule diplomatique qui mène leurs parents à
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