Le royaume d’Icare

migration. Ceux qui s’obstinent à garder logis transmettent
leur langue et leurs croyances avec un entêtement que ne
pourront briser les politiques étrangères d’assimilation. Des
mesures qui persisteront jusqu’à la Grande Guerre. Seule la
partie autrichienne n’en souffrira. En 1918, la Pologne renaît
après cent vingt-trois années de soumission. Pour l’instant,
nous sommes en 1897 et le tsar règne en maître sur les territoires
conquis. Nicolas II n’a pas encore connu contre le
Japon une défaite qui ébranlera la monarchie de manière
irréversible.
Au début du siècle, autant la Russie que la Turquie et l’Allemagne
tiennent à déporter ou à assimiler les populations
étrangères à leur culture et à leur langue afin de s’assurer
l’appui du peuple en cas de guerre. Au printemps 1902, une
loi prussienne met en place des dispositifs légaux pour accélérer
la germanisation des Polonais. Côté russe, plusieurs
écoles fermeront car les élèves refusent de chanter « Dieu
protège le tsar » en russe. Au début des classes de 1908,
l’école devra assurer la russification du peuple. Les instituteurs
récalcitrants sont renvoyés.
J’y mettrai des gants blancs s’il le faut, se dit Landsky, craignant
d’humilier le jeune coq. Le match est conclu. Un boulanger
suscite l’intérêt en pariant de gros sous sur le jeune
Ekenstein. La foule des curieux assiste alors à un véritable
duel.
Tout en étudiant scrupuleusement le manuel d’instruction
ainsi que de rares livres de parties de maîtres dénichés
au hasard de ses fouilles, le jeune Bjelica joue de café en café,
de village en village, en quête des meilleurs adversaires.
Jean Culvier continue de ratisser les environs tandis que
sa femme professe. Parfois ils partent trois ou quatre jours.
Bjelica insiste pour miser sur les parties.
— Tu n’as qu’à gagner, répond-il à ceux qui rechignent.
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