Le royaume d’Icare

parfumerie, dernier ajout aux rayons de la maison. Les présentoirs
sont montés dans un décor romain avec de fausses
colonnes de bois peintes en blanc et des drapés ocres retenus
par des cordelettes dorées. Un bijou. La dame au comptoir se
montre délicieuse. Elle traduit en anglais le nom évocateur
des parfums. Pour l’instant, madame s’en tiendra à Clair de
nuit. Hanna a flanché devant Charme discret, un cadeau de
madame Reeves. Pour la cadette, ils ont trouvé Princesse.
Depuis Bianca les suit en silence. La robe sera ajustée et livrée
demain matin. D’abord hésitante, le prix étant certainement
outrageux, Hanna a cédé, rouge de plaisir, devant l’air
ébahi de sa sœur.
Nous sommes en retard, constate Jill, une fois à la caisse.
Elle aligne distraitement quelques billets énormes sous le
regard incrédule des deux sœurs ; toutes trois se ruent vers
la sortie et disparaissent dans un taxi. Quand la voiture parvient
au point de ralliement, Nilsson et Boey apparaissent
au coin de la rue, absorbés par leur conversation. De vrais
joueurs d’échecs. Elle leur fait signe de la main. Jonathan
capte le bonheur de cette rose quand soudain un noir nuage
ombrage le visage de madame Reeves.
Frank Mais déjà la calèche disparaît au tournant. C’était
lui, Jill en est sûre. Il y avait une femme qu’elle a à peine entrevue.
Ne persiste que le sourire radieux de son époux.
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Paris, hôtel des Retrouvailles,
vingt heures vingt-deux
Levant les yeux, la vieille dame reconnaît « monsieur Samuel
». Elle s’empresse de le saluer, l’assurant que tout est
en ordre. Monsieur Samuel est facile à reconnaître, lui a-ton
expliqué. L’hôtel tient le mauvais côté du quartier. Juste
derrière, en partie dos à dos, siège sur le boulevard La Maison
parisienne, aux tarifs extravagants. On vend « la vue de