Le royaume d’Icare

— Terminée depuis juillet.
Conflit et épidémie ne sont plus que mauvais souvenirs, il
lui conte Paris. Le café que Picasso fréquentait. Le cabaret
où on joue du « jazz ». Paris illuminée, vue du haut de la tour
construite par l’ingénieur Eiffel.
— La cathédrale, Frank. Il faut y aller.
Ils y avaient assisté à une représentation à l’opéra lors de
leur voyage de noce. Le personnage du bossu avait touché
Jill.
— Mais surtout, il faut que tu voies certains levers de soleil
sur l’océan.
Picasso. Elle avait oublié. Frank était si fier de lui raconter
sa conversation avec le peintre. Frank a le nez dans son journal.
Il revenait d’Espagne, après le tournoi de Barcelone. Le
souvenir de Jill se précise. Frank avait rencontré un peintre
devenu célèbre, tout Boston en a parlé. Il n’oublie jamais. Pas
même la date de leurs fiançailles. Son époux évalue leur bonheur.
Il utilise le terme « coter ». Certains jugements du fameux
calepin avaient fait rougir Jill, pourtant seule au salon.
Un viol voluptueux.
L’heure! La pendule la rassure. Jill parcourt le journal personnel
de son époux, un calepin noir oublié au salon sous
une revue d’économie. Elle connaît l’existence de ce journal,
elle a vu Frank y écrire. Quand elle avait demandé ce qu’il rédigeait,
il avait répondu tout simplement :
— Mon intimité, mon amour.
La réplique avait enchaîné sa curiosité dans une oubliette
de son cœur. Elle a hésite un petit quart d’heure, tournant
»
«
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