Le royaume d’Icare

En septembre sa mère est tombée par terre à la suite d’un
étourdissement. Puis tout est allé vite. Le jour de l’An passé,
elle reste alitée toute la journée, faible et souffrante, au point
de confesser vouloir mourir à sa petite Bianca venue lui souhaiter
bonne nuit.
— Je veux dormir avec toi.
Jessica serre sa fille dans ses bras. Bianca pleure puis s’endort
en écoutant sa mère chanter faiblement. Elle se réveille
au matin dans son lit. Dans la chambre de ses parents, un linceul
couvre le corps de sa mère. Que s’était-il passé durant la
nuit Son père ne lui dira mot.
— Joseph, murmure le Polonais, relevant un visage où apparaissent
de grands yeux gris perdus au vague.
Le champion n’a jamais compris comment un esprit aussi
brumeux pouvait accoucher de plans aussi limpides sur un
échiquier. Entre 1911 et 1914, le champion en titre n’a redouté
qu’un seul adversaire, cet homme voûté qui soutient son
regard. Il est resté là-bas. Joseph s’était convaincu que Bjelica
serait en sécurité mais il homme a connu l’enfer.
— Ça fait longtemps n’est-ce pas, Joseph Tu es toujours
champion.
— Bien sûr, tu ne m’as pas encore battu.
— C’était avant l’Apocalypse, précise Ekenstein en le
fixant. Tu comprends, Joseph, l’Apocalypse.
La gorge nouée, Feuerbach lui tend la main :
— Viens.
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