Le royaume d’Icare

— La souris a peut-être à devenir lion ou le lion à devenir
souris.
— Je vois, une forme de psychologie. Et ça vous aide à affronter
vos adversaires, John
— C’est l’impression que j’en retire du moins. Être une
souris ou un lion importe peu. L’un rêve de gazelle, l’autre de
fromage. Quelque chose manque à chacun et l’empêche de
faire un avec l’univers. Chaque animal va son karma, esclave
de ses appétits.
— Et John Nilsson
— Peut-être pourriez-vous me le dire
—J’en doute! Attendez, je reviens.
Le champion disparaît à l’intérieur.
— C’est oncle Jacob.
— Un terme doit toujours correspondre à une pensée
claire, Joseph. Tu dois appliquer la même attention aux
noms des personnes qu’à l’appellation des objets. Alors, dismoi
Joseph, qui est cet homme-là que tu appelles oncle Jacob
Le petit Joseph est assis sur les genoux de son père, il a
sept ou huit ans. Les adultes parlent d’une guerre entre l’Allemagne
et la France. Le père tient le menton du fils dans sa
main, la tête pointant dans la direction de son frère Jacob
qui, pour l’instant, capte l’attention des hommes présents.
C’est jour de sabbat. Les Feuerbach se réunissent au café
que possède un cousin de sa mère. Oncle Jacob harangue
et déplace les pièces tout en fumant un cigare. Il se moque
toujours de ses adversaires, autant en discutant que devant
l’échiquier. À chaque mouvement de son corps, la chaise et le
«
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