Le royaume d’Icare

— Je comprends. Il a bien fallu qu’il existe un premier
couple.
— Oui fräulein Feuerbach. Mais il ne suffit pas de se préoccuper
de nous seuls, il faut penser aux formes de vie plus
anciennes. Si l’humain est le fleuron de la création comme
le pense Darwin, il n’en croit pas moins que nous sommes la
conséquence de l’évolution de formes de vie plus primitives,
plus anciennes.
— Vous croyez que nos ancêtres lointains étaient des
singes, Jonathan
— Malheureusement pour eux, je le crains.
Hanna pouffe de rire. Elle porte la main au bras de son
compagnon de marche. La blague a dissout toute sa retenue.
Tournant la tête, la demoiselle constate qu’ils ont pris de
l’avance sur son père et sa sœur.
— Marchons plus lentement alors, propose Boey, que rien
ne semble contrarier.
— Notre cause serait le singe, selon vous.
— Et d’autres formes de vie la cause des singes. La vie végétale
est la cause des animaux. Et les minéraux, et ainsi de
suite.
— Jusqu’à la cause première.
— Dont les traces se perdent à l’horizon du passé pour
l’intelligence humaine. Mais peu importe. Si une cause première
existe, elle est apparue en une éternité pour nous,
mais en un seul et même instant pour Elle.
Hanna s’immobilise, pensive. À peine plus grande que
Boey, très mince. Des cheveux noirs assez courts et un nez
aquilin. Elle possède le regard de son père en plus doux. Jonathan
approche sa tête de la sienne.
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