83.2 Caractéristiques principales du contexte nationalMalgré de nombreux potentiels (situation stratégique, population dynamique, diaspora active, multiplessites touristiques et historiques, atouts naturels favorables, etc.), Haïti fait face à des défis majeurs. Letableau ci-dessous présente quelques indicateurs clés relatifs au contexte socio-économique d’Haïti. Lacomparaison avec son voisin rend compte de la situation particulièrement difficile du pays.Tableau 5Indicateurs clés de contexte et comparaison avec la République dominicaine2004 2008 2011Haïti Rép. Dom. Haïti Rép. Dom. Haïti Rép. Dom.Population [millions] 9,2 9,1 9,7 9,7 10,1 10,1Densité (par km 2 ) 331,3 190,6 349,7 201,8 364,0 210,0Croissance annuelle [%] -3,5 1,3 0,8 5,3 5,6 4,5PIB total [millions USDcourants]3.660 22.039 6.408 45.805 7.346 55.611PIB par hab. [USD courants] 397 2.413 658 4.739 726 5.530Espérance de vie H/F 58/61 69/74 60/62 70/75 61/63 71/76Source: Banque mondiale - World Development IndicatorsEn 2012, Haïti était positionné 161 ème sur 186 pays sur l’index de développement humain. 7 Le paysprésente un niveau d’inégalité parmi les plus élevés au monde.Face à une grande majorité de pauvres 8 , un groupe restreint de familles détient la grande partie desrichesses et des activités économiques rentables du pays (import-export, industries manufacturières etcommerce). Cette situation fait que tout gouvernement doit traiter avec ce groupe d’intérêt qui est enmesure d’influencer considérablement tant l’opinion publique que le Parlement. Cette situation aexposé la plupart des gouvernements à une corruption accrue et une certaine perte d’autonomie.Haïti se situe également dans un contexte géopolitique complexe caractérisé notamment par uneproximité avec les Etats Unis, une influence grandissante de certains pays d’Amérique Latine comme leVenezuela, une certaine pesanteur historique dans les relations avec son voisin la Républiquedominicaine et une forte dépendance de l’aide externe.Le retour d’un pouvoir exécutif et législatif stable a été difficile après le coup d’Etat de 2004 qui s’estterminé par l’instauration d’un gouvernement de transition et une normalisation lente avec des électionsorganisées sous l’égide de l’ONU en 2006 et de nouvelles élections en 2011. La tutelle de l’ONU s’estmatérialisée par la présence d’une mission militaire depuis 2004 (MINUSTAH 9 ). Le retour vers lanormalité a permis au pouvoir central de publier trois décrets sur l’organisation et le fonctionnement descollectivités territoriales en 2006 10 . Les niveaux de déconcentration et de décentralisation sontcependant restés très limités, les collectivités territoriales et les services déconcentrés manquantencore fortement de ressources financières. Le pays est resté aussi caractérisé par des institutionsdémocratiques fragiles 11 et une administration publique faible.Les défis du pays en termes de développement peuvent également être illustrés par les progrès versles Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) réalisés sur la dernière décennie (cf. aussiAnnexe 4 dans le Volume III). Ces grandes tendances de fonds mettent aussi en perspective lesanalyses faites dans les secteurs couverts par l’évaluation (p. ex. l’éducation sous la QE6 ou la sécuritéalimentaire sous la QE7).Comme souligné dans le rapport OMD de 2013 (« Haïti, un nouveau regard ») 12 , d’important progrèsont été réalisés sur la dernière décennie. Le pays a atteint (ou pratiquement atteint) plusieurs cibles.Trois ans avant l’échéance, l’objectif de réduire de moitié l’insuffisance pondérale chez les enfants demoins de cinq ans (OMD 1) a été réalisé, et la pauvreté extrême a diminué, s’élevant à 24 % en 2012.Les progrès les plus notables enregistrés ont trait à l’éducation (OMD 2), avec un taux net descolarisation de 88 % en 2013.7 UNDP (2013): Human Development Report 2013.8 Plus de 75% des Haïtiens vivent en dessous du seuil de pauvreté et plus de 50 % en dessous du seuil d’extrêmepauvreté (BM, 2001).9 Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti.10 La constitution de 1987 avait déjà fait de la décentralisation un axe prioritaire en vue de mettre fin aux disparitésterritoriales. L’Etat avait par ailleurs promulgué une loi en juillet 1996 portant sur la mise en place d’un fonds degestion et de développement des collectivités territoriales (FGDCT).11 Les élections municipales et sénatoriales qui devaient initialement avoir lieu en 2011 puis en 2012 ont étéreportées à plusieurs reprises.12 http://www.ht.undp.org/content/haiti/fr/home/library/mdg/rapport-omd-2013---haiti-un-nouveau-regard/Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)
9Cependant, de nombreux défis demeurent, et les progrès enregistrés dans certains secteurs restenttrop faibles pour avoir un impact significatif sur le développement et la réduction de la pauvreté. Degrandes disparités géographiques persistent. La prévalence de l’insécurité alimentaire (élevéemodérée) varie significativement selon les départements considérés avec des départementsparticulièrement touchés comme le Nord et le Nord-Ouest. Les inégalités ont explosé. L’emploi ne suffitpas pour sortir les personnes de la pauvreté (45 % des travailleurs vivent avec moins de 1,25 dollar parjour). Dans le domaine de l’environnement durable (OMD 7), les efforts réalisés pour lutter contre ladéforestation et la perte de la biodiversité n’ont pas été suffisants pour enrayer la tendance. Dans lesecteur de l’éducation, le chantier reste immense pour garantir une éducation de qualité, favoriser larétention scolaire et développer l’offre publique (OMD 2).3.3 Mapping des activités mises en œuvre par l’UE en HaïtiLe schéma ci-dessous présente un mapping de toutes les activités qui sous-tendent l’appui de l’UE enHaïti pendant la période 2008-2012. Le schéma synthétise les interventions spécifiques financées parl’UE ainsi que les divers instruments utilisés pour leur financement. Il comprend également les activitésqui ne sont pas liées à des financements spécifiques comme le dialogue engagé entre l’UE et Haïtiautour de sa coopération au développement 13 .Illustration 2 Mapping des activités mises en œuvre pendant la période 2008-2012FED (AGIL)FED: (PARSCH)IEDDH & DCI-ANE & ALFED (PAPNT,PRPC)FED (réhabil.,)IdSDCI ANE & ALFOOD (AB)Appui auxacteurs nonÉtatiques≈ 19mEURInfrastructure/Transport≈ 171mEURRéhabilitation≈ 55mEURFED (ABG)Autorités localesdécentralisation≈ 6mEURAppuibudgétaire≈ 120mEURInterventions spécifiquesfinancées par l’UE ≈ 486mEURRelations de coopérationd’autre acteurseuropéens (collectivitéslocales, universités)Appui des Etats membresde l’UE (France, Espagneet Allemagne)Appui de l’UE en HaïtiEnvironnement pays(Facteurs socio-économiqueset facteurs externes)Actions d’autresparties prenantes(société civile)Actions dedéveloppement en faveurd’HaïtiFED (gestiondes risques)IdSFED (PARQUE II)Gestion desrisques≈ 24mEUREducation≈ 13mEURFED (initiativeOMD)FOODSécuritéalimentaire≈ 42mEURFEDIdSAutre≈ 35mEURDialogue politique/ dialogue surles politiques sectorielles(impliquant la DUE, et, dans le cadre deréunions de haut niveau, le SEAE, DGDEVCO et le Parlement européen)Instruments & stratégiesd’autres DGs de l’UE(notamment: ECHO, DGCommerce) et d’autresinstitutions (BEI)Politiques et engagementsdu gouvernement(SNCRP, PARDH)Actions d’autresbailleurs de fonds(BM, BID, FMI,US, Canada, etc.)Champ de l’évaluation:Source : CRIS, Analyse de ParticipLes montants financiers indiqués correspondent aux montants « contractés » pendant la période. Lesdonnées sont principalement basées sur les informations disponibles dans la base de données CRIS 14 .L'inventaire détaillé (cf. Annexe 5 - Volume III) couvre tous les instruments de financement de l'UE (cf.les définitions dans l’encadré ci-dessous).13 En termes de dialogue, il est important de distinguer entre le dialogue qui a lieu au niveau politique avec laprésidence, la primature et le ministère du plan, le dialogue sectoriel (ministères, services de l'Etat déconcentrés),et le dialogue plus large avec les autres parties prenantes nationales, notamment la société civile.14 Cette base de données permet de recueillir des données opérationnelles (numéro de décision, numéro decontrat, organisme en charge de la mise en œuvre, date de signature, date de démarrage, etc.) et des donnéesfinancières liées à l'aide extérieure de l'UE.Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)