44Le renforcement de la gestion des risques et désastres revêt donc une importance particulière dans lecontexte haïtien. Le concept « gestion des risques et désastres » utilisé dans cette évaluationcorrespond à celui défini dans les documents nationaux de stratégie et concerne une large gamme derisques. Parmi ceux-ci, on retrouve bien évidemment en premier lieu ceux d’origine naturelle. Dans cecadre, le risque sismique figure en bonne place, mais aussi d’autres risques plus récurrents d’origineclimatique, sanitaire et alimentaire, voire humanitaire. Les risques politiques et institutionnels sont plusrarement évoqués car plus diffus, moins cernables conceptuellement.Illustration 6Conséquences d’inondationsLa prise en compte de cette problématique dansles stratégies de coopération est relativementrécente. Elle coïncide avec la constatation (1) deseffets dévastateurs cumulés de cyclones de plusen plus puissants et récurrents du fait duréchauffement climatique, (2) des conséquenceshautement catastrophiques d’un événementmajeur comme le séisme de 2010, bien quemoins probable statistiquement, et (3) desconséquences sociales et économiques descrises politiques et institutionnelles récurrentesdans le pays.D’une façon empirique, l’approche de l’UE dansce domaine s’est effectuée selon deuxdimensions distinctes. Premièrement, unedimension conjoncturelle où les interventions del’UE doivent répondre à un besoin urgent suite àun évènement naturel (cyclone, séisme, etc.).Source : Rapport de l’évaluation finale PER-SNGR Traditionnellement, ces actions sont financéessur l’enveloppe B du FED. Deuxièmement, l’UE aprogressivement développé une approche dite structurelle visant le renforcement des institutions afind’améliorer la rapidité et la qualité de la réponse publique. Ces interventions sont habituellementfinancées par une gamme assez élargie d’instruments (enveloppe A du FED, IdS, etc.).Selon les documents de stratégie, l’appui structurel de l’UE dans ce domaine s’est basé sur une priseen compte transversale de cette problématique dans le cadre de l’appui fourni dans les divers secteursmais aussi sur des interventions « directes » et « indirectes».On pourra ainsi distinguer trois types d’appuis au secteur GRD: (1) les appuis conjoncturels (à partir del’enveloppe B du FED), (2) les appuis structurels directs et (3) les appuis structurels indirects. A celas’ajoute que la GRD doit être prise en compte transversalement dans les autres secteurs du portefeuillecommunautaire.Cette question cherche à déterminer si ces appuis ont eu les effets voulus en termes de renforcementdes capacités aux niveaux local et national et si la thématique a été prise en compte de façon adéquatedans les différents appuis sectoriels. Cette question est donc aussi une question transversale quisynthétise en partie les analyses qui seront effectuées au niveau de chaque secteur. Elle démontreaussi toute la difficulté de mettre en œuvre une politique transversale dans un environnement sectorielassez cloisonné, que ce soit au sein de la DUE ou du GdH.Enfin, l’analyse de l’appui de l’UE dans le domaine de la gestion des risques ne peut en effet se fairesans prendre en compte l’aide d’urgence fournie dans la période (qui contient des activités spécifiquesliées à la gestion des risques). L’analyse sous cette question couvre ainsi la problématique de LLRD etson lien avec l’objectif de renforcer la résilience d’Haïti. Cependant, il est important de noter quel’aspect LLRD est étudié plus en détail dans la QE10 qui cherche à analyser la cohérence de lastratégie avec le cadre général de l’action extérieure de l’UE.QE8 – Appréciation globaleLes actions GRD de l’UE sont regroupées selon une large gamme de types d’intervention en fonctionde leur logique d’appui sectoriel: (1) les appuis directs, (2) les appuis indirects, (3) les appuisconjoncturels et (4) les appuis régionaux. La GRD doit aussi se décliner transversalement dans lesautres secteurs du portefeuille de l’UE, ce qui représenterait un cinquième groupe.L’UE a particulièrement contribué au renforcement du SNGRD au niveau national grâce à sesinterventions directes dans le secteur. Parmi celles-ci, il faut souligner l’élaboration du PNGRD (en2001) et la réalisation et l’équipement du COUN qui de l’avis des spécialistes est un succès indéniable.Par contre, au niveau local, les résultats sont limités. Deux projets très différents ont été mis en œuvresuccessivement (le PGR et le PER-SNGRD) et aucun n’a eu l’impact ou la durabilité espéré. Chaqueprojet a privilégié une approche différente et peu complémentaire, voire opposée ; le second n’a pasEvaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)
45QE8 – Appréciation globalepris en compte les acquis du premier. Un troisième (le PRD-SNGRD) avec une nouvelle approche,prévoit de réparer les erreurs et d’entretenir les acquis du dernier projet (PER). Une meilleurecoordination avec ECHO aurait permis des économies d’échelle dans la formation des volontaires de lasécurité civile.D’autres projets auraient pu avoir un impact indirect, comme l’appui au CNIGS par exemple. Malgré lesuccès de certains de ces projets, leur apport au SNGRD demeure marginal ou inexistant faute d’uneidentification claire de leur apport potentiel à la GRD.De leur côté, les appuis conjoncturels (réparation de dégâts suite à un cyclone, par exemple) sonthabituellement financés par l’enveloppe B du FED. Urgents par définition, ils ont été handicapés, parune mise en œuvre trop longue liée au cycle des projets FED.Enfin, les appuis régionaux ont des déclinaisons au niveau national trop diffuses, voire discrètes.Pour ces types d’appuis, les résultats sont assez décevants par rapport aux sommes engagées à la foisdans les projets de GRD et dans ceux pouvant avoir potentiellement un impact indirect. Ce qui retientl’attention, c’est surtout un certain manque de cohérence, d’articulation et consistance dans les appuisdirects et indirects, sans doute fruit d’une absence de stratégie sectorielle structurée. Les problèmesrencontrés par les appuis conjoncturels tendraient à démontrer que le FED (enveloppe B) n’offre pas laréactivité nécessaire à des interventions lourdes de réhabilitation post-événement.Au niveau du portefeuille, avant le séisme, rares étaient les projets des autres secteurs qui prenaient encompte transversalement la GRD. Par exemple, bien que le projet AGIL reconnaisse explicitement lerôle des collectivités territoriales dans les situations post-crises, il n’établit pas de lien direct avec laGRD. Après le séisme, les anciens projets ont été revus pour tenir compte expressément des risquessismiques (surtout dans les constructions de bâtiments). Les autres risques (climatique et sanitaire)n’apparaissent pas malgré les conséquences du cyclone Sandy ou de l’épidémie de choléra. Lesnouveaux projets identifiés à cette époque, surtout dans le secteur urbain, sont quant à eux en parfaiteadéquation avec les documents de programmation nationaux. Souvent, ils sont le fruit d’unecollaboration renouvelée et plus efficace avec ECHO. Ils intègrent pleinement la GRD dans leurproblématique respective en tenant compte d’une gamme plus large de risques.Face à un constat globalement peu enthousiaste, un optimisme prudent reste possible, puisque ledocument de programmation du 11 ème FED affirme la nécessité d’une approche GRD à tous lesniveaux. Il semblerait qu’une tendance de fond se soit amorcée en fin de période, qui reste à confirmer.4.8.1 CJ81 L’appui de l’UE a contribué au renforcement des capacités de gestion des risquesau niveau national (y compris le renforcement des systèmes d’information territoriaux)Parmi les appuis structurels directs, le renforcement de l’échelon national de la Direction de laProtection Civile (DPC) et sa dotation adéquate en infrastructures et équipements est un succès àmettre au compte de l’aide de l’UE. Même si certains équipements du COUN fournis par le JRC ne sontpas fonctionnels, le COUN est un outil reconnu et qui a démontré sa pertinence lors des derniersexercices SIMEX. Le projet IdS, récemment lancé, a pour entre autres objectifs, de rendre fonctionnelles équipements et logiciels du JRC. (I-811)Le SNGRD et le PNGRD semblent fonctionner mais buttent encore sur des faiblesses inter et intrainstitutionnelles récurrentes. Le manque de coordination des PTF dans ce secteur est aussi regrettablemais devrait s’améliorer rapidement avec la récente création de la Table sectorielle GRD. Dans ledétail, il manque encore un certain nombre d’outils de GRD, comme la surveillance sismique ou lacartographie des risques, par exemple. L’actualisation du PNGRD (élaborer en 2001) serait bienvenue.(I-811 et I-812)Au niveau central, les procédures semblent bien comprises comme le montrent les derniers exercicesSIMEX et le confirment les acteurs du secteur interviewés sur place. Ces procédures suivent unprocessus de perfectionnement constants grâce aux simulations SIMEX et aux appuis des PTF, enadéquations avec la capacité institutionnelle de la DPC. Toutefois, cela prendra du temps avant unemaîtrise parfaite des procédures. Une tendance vertueuse est enclenchée. (I-812)L’impact d’un appui structurel indirect comme celui au CNIGS est à relativiser. Même si d’autressecteurs peuvent avoir bénéficié de ses services, celui de la GRD n’en a profité que très peu. En fait,tout dépend de la capacité d’organismes comme le CNIGS et du SNGRD à intégrer les informationsdans les documents de planification et dans le suivi de l’exécution des politiques publiques GRD. Lerôle de l’UE à ce niveau n’est que très marginal, l’UE ne pouvant qu’intervenir dans le renforcement detel ou tel organisme uniquement, et non dans la formulation d’un programme de gouvernementdémocratiquement élu ou de façon que limitée dans le dialogue interinstitutionnel dans les secteurs. (I-813)Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)