42Le constat majeur au niveau de l’appui de l’UE au renforcement des filières agro-alimentaire est que,malgré le développement fort des filières appuyées, les résultats atteints jusque maintenant sont peuconvaincants. Les projets ont certes contribué à l’augmentation du savoir-faire technique (pratiquesculturales et post-culturales) et à la structuration des producteurs, mais leurs appuis, à eux seuls, n’ontpas été déterminants. Ils ont plutôt pu profiter d’autres facteurs favorables (marché internationalporteur, exportateurs dynamiques, marché local en forte croissance) au développement de la filièresans en être vraiment une force motrice. Les projets ne parviennent pas non plus à convaincre lescultivateurs de la valeur ajoutée de la commercialisation collective qui, au moins théoriquement, offre laperspective d’une plus grande acquisition de la plus-value par les producteurs. Ainsi, leur contribution àl’augmentation des revenus et des productions comme au renforcement de la résilience est restéeplutôt limitée.4.7.2 CJ72 L’appui de l’UE a contribué à une meilleure disponibilité des aliments de base (surles marchés locaux pendant toute l’année)L’appui de l’UE, comme les autres acteurs, a entrepris des efforts importants pour améliorer ladisponibilité des aliments de base sur les marchés locaux.L’appui de l’UE dans ce domaine, malgré le manque d’un fil conducteur, s’est basé sur des expériencesantérieures (avec la CNSA en particulier) et a contribué directement à la mise à la disponibilité desacteurs en temps opportun d’informations cruciales pour la mise en œuvre de réponses rapides enpériode de crise et pour l’élaboration de stratégies et politiques plus efficaces sur la base destatistiques structurelles, fiables, pertinentes et actuelles. La CNSA occupe ainsi un rôle crucialpermettant d’assurer, dans un contexte de manque quasi structurel d’aliments de base, un meilleursuivi du niveau de la sécurité alimentaire. D’ailleurs, la CNSA dispose d’un document deréférence régulièrement actualisé: le Plan National de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN)fournissant une vision, un modèle de sécurité alimentaire, des objectifs stratégiques, des résultatsattendus et des indicateurs. Ce document est connu du Conseil Interministériel pour la SécuritéAlimentaire (CISA) qui coiffe la CNSA. L’élément clé dans ce domaine semble se situer au niveau de laqualité et la disponibilité en temps opportun des produits d’information, diffusés par la CNSA, sur lasécurité alimentaire et au niveau du degré d’utilisation de cette information comme de véritables outilsd’aide à la décision par les acteurs clé dans le domaine. Finalement, l’information recueillie suggèrel’importance d’élargir le rôle de la CNSA vers une plus grande implication dans la formulation desstratégies, le suivi des décisions devant faciliter leur mise en œuvre et l’analyse de l’impact desrésultats obtenus. (I-721)La majorité des interventions a produit un effet positif sur la disponibilité alimentaire, au moins auniveau des zones d’intervention grâce à l’appui à la production ; dans quelques cas, assez rarescependant, les interventions ont également aidé à combler le déficit alimentaire dans d’autres zonescomme la capitale. Les interventions de renforcement des filières agro-alimentaires ont égalementcontribué à une meilleure disponibilité là où ces interventions étaient efficaces. Malgré ce progrès, lebesoin en aide alimentaire des bénéficiaires persiste, comme le confirme les résultats de quelquesenquêtes menées au niveau national. L’état de pauvreté et de vulnérabilité des principaux bénéficiairesdes projets et les contraintes structurelles existantes impliquent que même les projets réussis neproduisent qu’un effet limité et temporel. Même si ce constat s’explique également par le volumed’appui relativement limité au regard de l’ampleur du défi par le manque d’ancrage de cet appui dansdes institutions du pays, c’est surtout l’approche par des interventions limitées dans le temps et sansancrage dans des institutions du pays. (I-722)Une majorité des interventions analysées ont contribué de façon directe (via l’amélioration/ et laréhabilitation des ouvrages d’irrigation, la fourniture d’intrants et d’outils de qualité, l’amélioration despratiques culturales, des vaccinations, la lutte épidémiologique, la mise sur place d’unités detransformation…) et indirecte (aménagement et/ou protection de bassins versants et valorisation debassins de rétention) à l’augmentation de la production agricole familiale au niveau local, dont (dansplusieurs projets) une partie est destinée à la vente. D’autre part, l’état de pauvreté de la plupart desexploitants ainsi que l’émergence de chocs naturels, politiques et économiques constituent un facteurde vulnérabilité ayant eu un effet considérable sur le rendement de leurs activités agricoles comme surle niveau de résilience des familles concernées. En effet, la forte dépendance des bénéficiaires (de lapopulation cible) vis-à-vis des appuis externes compromet la durabilité des résultats escomptés, surtoutceux dépendant de la maintenance d’infrastructures et/ou d’équipements, et leur capacité relative àmettre en place et surtout à maintenir des mécanismes de recouvrement de coûts. La petite taille desexploitations agricoles, la tenure foncière et les prix obtenus sont des contraintes qui expliqueraientégalement l’insuffisance des productions et revenus des exploitants Ainsi, les différents projets, souventefficaces à court terme, se sont avérés incapables d’assurer la durabilité des bénéfices et, encoremoins, à jeter les bases d’une plus grande résilience et d’un plus haut degré de sécurité alimentaire. (I-723)Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)
434.7.3 CJ73 L’appui de l’UE a contribué à un meilleur accès des populations rurales auxaliments de base (sur les marchés locaux pendant toute l’année)Aucune donnée n’a été trouvée en ce qui concerne les effets directs des projets et programmesanalysés sur le niveau de prix des aliments de base sur les marchés locaux. Par contre, la CNSA etl’IHSI publient régulièrement des bulletins sur l’évolution des prix. Les bulletins « Haïti : Perspectives dela sécurité alimentaire » publiés régulièrement par la CNSA font état de fluctuations très importantesdans les prix des aliments de base. Selon l’IHSI, la tendance à la hausse des prix à la consommationse maintient pendant les 10 dernières années notamment sur les produits agricoles. Fixé à une valeurde cent (100) points en aout 2004, l’indice des prix des produits agricoles (IPPA) a augmenté en 2011et 2012 à une valeur de plus de 200 points. Pendant l’année 2012, le secteur agricole a été fortementfrappé par les effets de la sécheresse et le passage de deux cyclones. En saison sèche (novembre àmars/avril) et lors de passage de cyclones pendant l’été, l’offre nationale baisse souvent à un niveauqui fait croitre les prix. Les deux paramètres les plus importants sont, d’un côté l’émergence dedifférents chocs (sécheresse, ouragans, inondations) qui entraîne une envolée des prix des aliments debase locaux, combinée à la hausse des produits alimentaires, par exemple au premier trimestre de2013. D’autre part, une bonne performance de production agricole s’est traduit par une baissesignificative des prix des produits alimentaires de base, comme c’était le cas à partir de juin 2013. Leprix du maïs en octobre 2013, par exemple, était de moitié inférieur au prix de septembre 2012. Cesconstats suggèrent que l’action des PTF (y inclus les UE et ses partenaires) ne parvient pas encore àcréer des effets de mitigation substantiels au cas où des chocs se produisent. (I-731)Les interventions appuyées par l’UE ont certainement contribué à une amélioration de la situationnutritionnelle de la population. D’autre part, l’accès suffisant des bénéficiaires aux denrées alimentairestout au long de l’année est loin d’être atteint. Comme le démontrent les analyses de la situationnutritionnelle dans le pays, une partie de la population reste dépendante de l’aide alimentaire(notamment après le séisme), même s’il y a eu des avancées au niveau de la résilience parl’augmentation de la production familiale et/ou la commercialisation d’une partie de la production ;cependant, dans beaucoup de cas, il s’agit d’acquis qui ne sont pas durables. Ainsi l’appui de l’UE,malgré son appui financier relativement important (plus de € 42 millions contractés dans le domaineentre 2008 et 2012), est resté limité au regard des besoins énormes du pays. C’est surtout au niveaulocal qu’une différence a été faite au niveau de l’accès des populations aux aliments de base. (I-732)La quasi-totalité des projets promouvant la production agricole a contribué à une diversification de laproduction et, dès lors, des repas au niveau des ménages. En effet, cette diversification constituerarement un objectif en soi d’une intervention, mais est cependant souvent mentionnée en tant quetelle. L’enquête Nationale de la Sécurité Alimentaire a d’ailleurs constaté que la production agricole esttrès diversifiée dans les différentes zones du pays et que les paysans adaptent leurs cultures en raisonde certaines contraintes comme le déficit hydrique, le manque de semences et de main d’œuvre. (I-733)4.8 QE8 - Gestion des risquesQE8 -Gestion desrisquesDans quelle mesure l’appui de l’UE a-t-il contribué au renforcement descapacités des différents échelons de l’Etat (central, déconcentré et décentralisé)dans la gestion des risques et désastres naturels ?« Le poids des catastrophes sur l’économie nationale avait été évalué à plus de 10 milliards de gourdesannuellement (7% du PIB), avec des dégâts touchant le patrimoine physique (construit) à plus de 70%.A titre d’exemple, les pertes et dommages liés aux quatre cyclones de 2008 ont été évaluées à 897,39millions $US 44 . Ajouté à ceci, le PDNA, en mars 2010, a évalué les pertes dues au séisme à3.277.800.000 $US et les dégâts à 4.526.200.000 $US. Les besoins pour la reconstruction ont étéévalués à 12 milliards $US. Ceci fait qu’Haïti demeure plus que jamais un pays à haut risque 45 »Les indices de risques de catastrophes naturelles pour Haïti sont parmi les plus élevés au monde.Le PARDH de 2010 explique : « la gestion des risques et des désastres vise à réduire la dégradationde l’environnement et augmenter la résilience des écosystèmes, réduire les pertes des secteursgénérateurs de revenus, renforcer les mécanismes de gouvernance de crise, protéger lesinfrastructures, et plus généralement, éviter la dégradation des conditions de vie de la population ».44 Rapport d’évaluation des besoins après désastres - Novembre 2008.45 Rapport d’évaluation finale du projet de renforcement des capacités locales pour la gestion des risques en Haïti– Février 2011.Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)