24La BM qui a abandonné la construction de routes « traditionnelles » privilégie maintenant égalementcette approche novatrice à travers un nouveau projet de « routes intelligentes et intégrées » dans laboucle de l’Artibonite 33 .Enfin, il est important de souligner que ce secteur de la refondation territoriale a fait l’objet d’une étroitecollaboration avec les Etats membres à travers deux coopérations déléguées croisées UE/AFD. Dansle sous-secteur des routes, l’AFD a délégué € 39 millions à l’UE pour la réhabilitation de la RN3. Dansle sous-secteur urbain, l’UE a délégué un peu plus de € 20 millions à l’AFD pour des interventions dansles quartiers défavorisés de Port-au-Prince.QE4 – Appréciation globaleL’UE est un des partenaires centraux du GdH pour le développement des infrastructures routièresdepuis le 7 ème FED et, plus récemment, pour le développement des infrastructures urbaines.1) Sous-secteur du transport routierL’appui de l’UE a permis de construire ou de réhabiliter d’importants axes routiers vitaux pourl’économie du pays. Il apparaît que l’impact global potentiel pour l’économie et la société haïtienne estpositif : la réduction drastique des temps de voyage, l’augmentation du confort et de la sécurité pourles usagers et la meilleure compétitivité des territoires traversés sont les effets les plus directs. Il y aensuite des effets évidents de revitalisation de l’économie nationale, notamment des transports(augmentation et requalification de l’offre) et du commerce (croissance des volumes), mais aussi destransactions financières et du marché immobilier. Il y a aussi des effets positifs initiaux sur unemeilleure résilience des quartiers pauvres urbains (diversification des activités), meilleures conditionsde vie des habitants des bidonvilles (mieux intégrées dans les flux commerciaux nationaux), etc.Toutefois, il n’en demeure pas moins de nombreuses externalités négatives qu’une approche plusintégrée et moins soumise à la pression de l’urgence aurait pu atténuer. Ces externalités négativesconstatées concernent plusieurs aspects. Certains sont dus aux effets directs de la construction desroutes (p. ex. une augmentation de la déforestation, un impact négatif en termes de sécurité et decroissance anarchique dans les villages traversés) par rapport auxquels les collectivités territoriales nesont pas en mesure de réagir. D’autres aspects sont dus à l’asymétrie des opportunités économiquescréées par les routes : p. ex. celles-ci ont réduits les désavantages comparatifs des produits importéssans modifier les désavantages comparatifs des entreprises rurales dont l’accès à la route principalereste dépendant des aléas climatiques sur plusieurs mois de l’année. Sans une approche intégrée auniveau territorial, les routes, naturellement, ont créé des gagnants et des perdants : les premiers sontles entrepreneurs du transport, les commerçants de produits importés, les propriétaires de terrains etles opérateurs financiers ; les seconds sont les familles et les entreprises qui ne bénéficient pasdirectement de la route mais voient leurs « concurrents » améliorer leur position relative. Enfin, il y aaussi des faiblesses dues au dessin et à la gestion des routes construites, comme la signalétiqueinsuffisante, la proximité des habitations et d’espaces sociaux communs (y compris pour enfants), quicréent des problèmes sérieux de sécurité pour les usagers de la route mais aussi pour les riverains.L’appui institutionnel pour la mise en œuvre d’une stratégie d’entretien et de protection du patrimoineroutier efficace, a occupé une place importante dans l’intervention sectorielle de l’UE, mais lesrésultats ont été limités sur la période 2008-2012. Notamment, la persistance des pratiquesd’attribution gré-à-gré pour une grande partie des contrats, la carence d’inputs en termes deprogrammation pour que le Fonds d’Entretien Routier puisse travailler correctement, la lenteur de larestructuration et de la mise en œuvre de la taxation des transports dénotent une faible volontépolitique vis-à-vis des réseaux de patronage dominant dans le secteur. Des considérations de ce typeont amené certains acteurs, comme la BM, à quitter le sous-secteur. Il faut dire toutefois quel’ensemble du secteur transport a été fortement affecté par le séisme qui a causé de grandes pertesd’équipements et de vies humaines, ce qui l’a rendu encore plus faible. Une série de ‘petites’ réformesont été mises au point, souvent comme conséquence du dialogue au niveau des appuis budgétairesde l’UE. Mais, dans le nouveau contrat d’AB, le secteur n’est plus mentionné, réduisant ainsi lapossibilité de développer davantage un dialogue adéquat sur la gouvernance sectorielle. A partir de2013, il y a eu certes quelques évolutions positives au niveau institutionnel mais il est beaucoup troptôt pour dire si cela se traduira dans des résultats concrets et une meilleure efficacité et efficience dusystème d’entretien.Les efforts visant la promotion du secteur privé n’ont pas été couronnés du succès attendu. Le33 Le projet intègre à la fois : (i) une approche territoriale plus globale mettant l’accent sur l’articulation entre routesprincipales et routes secondaire ; (ii) des modèles de route (p. ex. routes à deux vitesses) adaptés aux besoins desusagers et aux zones (urbaine, péri-urbaine ou rurale) traversées et prenant en compte les pôles d’échange et lespôles de vie sociale, (iii) des infrastructures plus résistantes aux aléas naturels (p. ex. inondations) afin d’êtrepraticable toute l'année.Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)
25QE4 – Appréciation globalemarché de l’entretien n’existe pas encore faute de prévisibilité dans la programmation des besoins parle MTPTC. De plus, la supervision erratique du MTPTC retarde les décaissements du FER et metsous pression la maigre trésorerie des entrepreneurs. L’offre privée pour l’entretien ne peut qu’êtremarginale et non compétitive face à une offre publique bénéficiant de l’appui de l’appareil d’Etat ouune politique valorisant uniquement la construction ou les réhabilitations.2) Sous-secteur de l’aménagement urbainAprès le séisme, la DUE a élargi son offre en s’intéressant aux problématiques urbaines enprolongement d’une exemplaire collaboration avec ECHO (cf. QE10) et de la France. En plus descyclones récurrents, les quartiers pauvres (bidonvilles) ont été particulièrement touchés par le séismede janvier 2010. Leur exposition aux risques et leur manque de résilience sont deux facteurs quijustifient pleinement les interventions de l’UE dans ce domaine.Toutefois, les projets dans ce secteur se sont rapidement heurtés à plusieurs obstacles comme unpaysage institutionnel inexistant (pas de maîtrise d’ouvrage clairement définie), des financements maladaptés, une absence de régulation du secteur permettant d’harmoniser les approches desopérateurs ou un manque évident de compétences des opérateurs potentiels.Consciente de la situation, l’UE a fort intelligemment orienté ses interventions suivant une approchede type recherche/actions afin de résoudre graduellement les principaux goulots d’étranglement dusecteur, tout en maintenant un niveau important de travaux dans les quartiers. Malgré tout, lesobjectifs suivis par l’UE restent à clarifier pour mieux calibrer ses projets.Globalement, après seulement trois ans d’activités dans le domaine de l’aménagement urbain et desinterventions à peine en phase d’exécution, il est trop tôt pour évaluer en profondeur les effets desinterventions de l’UE. Ceci dit, il est indéniable que les investissements courageux de l’UE vont dansle bon sens, même si beaucoup de problèmes restent encore à régler. Certains appellent à desréponses urgentes, comme la régulation du secteur et son cadre institutionnel.Le risque pour l’UE serait de vouloir réhabiliter le plus de quartiers possible sans, pour autant,résoudre durablement les importants problèmes institutionnel et technique qui entravent l’exécutiondes projets dans le secteur.3) Vers une nouvelle approche de l’aménagement du territoireLes propositions conceptuelles portées par le CIAT depuis quelques années offrent des perspectivestrès intéressantes : relier les infrastructures routières et les aménagements urbains à l’aménagementdu territoire. Dans ce cas, les infrastructures se mettent au service d’une cause plus ambitieuse etdoivent se coordonner avec les investissements dans d’autres secteurs au sein d’un même territoire,pour contribuer au renforcement de la résilience des territoires et de leurs communautés face auxchocs extérieurs. A l’aube du 11 ème FED, ce sont des perspectives attrayantes.4.4.1 CJ41 L’appui de l’UE a contribué au renforcement des mécanismes de gouvernancesectorielle dans le secteur transportDepuis le 8 ème FED, l’UE est un des principaux acteurs et partenaire du GdH pour les sujets concernantles transports, surtout routiers. Au-delà des besoins en infrastructures routières, il est apparu depuislongtemps un besoin accru de bonne gouvernance.Face aux pressions des PTF, parmi lesquels l’UE se situe en première ligne, de timides et lentesavancées voient le jour : création du FER en 2003, Plan national des transports (PNT) en 2007,élaboration du PSDH en 2012, Commission Nationale des Marchés Publics, bureau de l’entretienroutier au MTPTC (avec seulement deux personnes) fin 2012, etc.Si le paysage institutionnel du secteur semble bien défini, le manque de moyens et l’absenced’articulations intra institutionnelles (surtout au sein du MTPTC) constituent de véritables goulotsd’étranglement (I-412).Pour la période 2008-2012, l’impact de l’UE dans le domaine du renforcement des mécanismes degouvernance sectorielle est jugé relativement décevant face aux importants moyens financiersmobilisés depuis plusieurs FED. Les récentes actions dans ce domaine pourraient aboutir à quelquesaméliorations bien que ces avancées ne devraient pas concerner la prévisibilité et la qualité de laprogrammation des besoins, condition sine qua none pour pouvoir structurer le marché de l’entretien.Le PNT financé par l’UE, bien qu’approuvé, reste d’une utilisation complexe et mériterait unesimplification pour son utilisation régulière par les acteurs du secteur. Le MTPTC souffre encore delacunes évidentes en matière de régulation, de programmation, de planification et de coordinationmalgré une AT internationale régulière et conséquente (tous PTF confondus). Ces lacunes servent dejustification à l’octroi d’importants marchés routiers en gré-à-gré ou à des travaux en régie par le GdH. Ilsemblerait qu’un marché de la construction et réhabilitation routière se soit mis en place avec le soutienEvaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)