62Conclusion 13: Aménagement du territoireL’UE a accompagné le développement de nouveaux concepts émergents liés à l’aménagementdu territoire et obtenu des premiers acquis intéressants dans le domaine de l’aménagementurbain (notamment des quartiers pauvres). Les premiers résultats encourageants dans cedernier domaine s’accompagnent toutefois de motifs d’inquiétudes en termes de capacités del’UE à mettre en œuvre des appuis de taille plus conséquentes.Cette conclusion est principalement basée sur la QE4.Fruit direct d’une collaboration réussie avec ECHO et, dans une moindre mesure, avec le CIAT, on nepeut que saluer le courage de l’UE qui intervient dans un domaine où elle n’a pas une longueexpérience et où les besoins sont immenses. Totalement délaissé depuis qu’Haïti existe, le secteururbain concentre en son sein beaucoup des défis et des enjeux sociaux du pays. Avec une populationurbaine majoritaire et vivant majoritairement dans des bidonvilles, Haïti n’offre actuellement aucuneréponse à ces populations très exposées aux crises ou aux désastres.Après un peu plus de 3 ans, les premiers résultats de l’approche recherche/action appuyée par l’UEsont très encourageants. Toutefois, de nombreux problèmes subsistent et demandent des réponsesurgentes. Les aspects institutionnels ne doivent pas être écartés au profit d’objectifs opérationnels tropambitieux. L’UE n’a pas vocation à aménager un maximum de bidonvilles sans une réelle équité dansses interventions et une méthodologie structurée gage d’efficacité et d’efficience mais aussi d’unmeilleur impact et durabilité. Les risques liés à l’empirisme de l’approche recherche/action n’ont pourl’instant pas été circonscrits par une capitalisation des expériences dans ce domaine.A moyen terme, la tendance est que les deux grands programmes d’infrastructures du FED (route eturbain) convergent vers plus d’intégration pour répondre encore mieux aux besoins d’un aménagementcohérent du territoire. Dans ce cadre, il manque au programme « urbain » la définition (1) d’objectifsclairs à atteindre (où l’UE souhaite aller et comment ?) et (2) du mode d’intégration des deux secteurs(quel chemin emprunter ?). Ce dernier point concerne la prise en compte des interactions entre la villeinformelle (les bidonvilles) et celle plus formelle.Au-delà des contraintes conceptuelles, la convergence des deux secteurs est aussi un impératifbudgétaire. L’UE ne pourra pas efficacement développer ces deux secteurs séparément à moyensconstants.Conclusion 14: Sécurité alimentaire et agricultureL’appui de l’UE a consisté en des actions importantes visant le renforcement du dynamismeéconomique dans le secteur ainsi que l’amélioration de la sécurité alimentaire. Cependant, cesactions sont restées trop dispersées, isolées, sans ancrage institutionnel et, au regard desbesoins considérables du pays, trop limitées dans le temps, l’espace et en volume pour pouvoircouvrir de façon cohérente les différentes dimensions de la sécurité alimentaire et assurer unecontribution efficace et durable à la sécurité alimentaire.Cette conclusion est principalement basée sur la QE 7.Plusieurs facteurs clés expliquent le manque d’une stratégie d’appui cohérente par l’UE pour contribuerà l’amélioration de la sécurité alimentaire, en particulier : la non-inclusion du secteur dans le 10 ème FED,un appui au secteur réalisé par le biais de différents instruments et des chocs naturels et économiquesexigeant des réponses immédiates. Des liens entre les actions à portée humanitaire et les actionsstructurelles de développement n’ont par ailleurs pas été suffisamment établis.Ceci a impliqué que : les différentes interventions sont pour la plupart restées cantonnées dans unelogique de projet limitée dans le temps et l’espace ; il y a eu peu d’espace pour une coopération et unpartenariat avec les institutions étatiques ; et il y a eu un manque considérable de coordination avec lesautres PTF actifs dans le secteur. Ainsi, les effets des interventions ont, dans les meilleurs des cas, faitune différence au niveau local.Plus spécifiquement, la contribution de l’UE au niveau du renforcement des filières agro-alimentaires aété, malgré certains acquis au niveau technique, peu convaincante, surtout à cause de la faiblecompréhension et maîtrise des approches commerciales au niveau des acteurs d’appui. Lesproducteurs appuyés dans certaines filières (p. ex. mangue francique) ont tout de même pu profiterd’un contexte favorable au développement de ces filières qui portent un potentiel d’expansionconsidérable. Similairement, un nombre important d’interventions dans le domaine de l’agriculturevivrière ont permis de réaliser des avancés techniques concrètes, mais même les projets les plusaboutis n’ont pour la plupart produit à ce jour qu’un effet limité sur la production familiale et locale, ladisponibilité et l’accès alimentaire. L’aide de l’UE et des autres PTF, malgré son volume considérable,Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)
63ne peut en effet que donner une réponse très partielle aux besoins très importants du pays. En outre, lefait que la durabilité de nombreuses actions n’est pas assurée implique que peu de progrès soientréalisés au final.Ainsi, l’action de l’UE (comme celle des autres PTF) n’est pas encore parvenue à créer des effets demitigation substantiels en cas de chocs externes, ce qui implique notamment que dans les périodes decrise une partie importante de la population reste dépendante de l’aide extérieure.A un autre niveau, l’appui à la CNSA a été efficace car il a contribué directement à la mise à ladisponibilité en temps opportun d’informations cruciales et de qualité pour la mise en œuvre, par lesPTF et l’Etat, de réponses rapides en période de crise et pour l’élaboration de stratégies et politiquesplus efficaces sur la base de statistiques structurelles, fiables, pertinentes et actuelles.Conclusion 15: EducationL’appui de l’UE dans le secteur de l’éducation a accompagné les efforts du GdH et de sespartenaires en termes d’accès. Cependant, la question du financement du secteur a été sousestiméeet des expectatives trop ambitieuses par rapport aux modèles d’intervention ont étéalimentées. Cela fait que le bilan est plus mitigé en termes de la qualité de l’éducation et de lacontribution stratégique sectorielle.Cette conclusion est principalement basée sur la QE6.L’appui de l’UE dans ce secteur a été relativement modeste en volume comparé à d’autres bailleurs (p.ex. la BM ou la BID) 52 . Toutefois, le modèle EFACAP soutenu par l’UE en Haïti depuis près de 10 ansest encore aujourd’hui reconnu par la plupart des intervenants dans le secteur comme un modèleporteur d’un potentiel fort pour améliorer la qualité de l’éducation en Haïti.Cependant, la conception du modèle tel que mis en œuvre dans l’appui de l’UE (et dans les initiativessimilaires des autres bailleurs) n’a pas pris en compte la difficulté pour le MENFP de couvrir les coûtsnécessaires pour mettre en œuvre pleinement cette approche. Or, peu d’améliorations significatives onteu lieu en termes de gouvernance ces dernières années et le financement du secteur est resté unproblème béant.La fin de l’appui de l’UE dans ce domaine en 2011 (qui soutenait, entre autres, la tenue de multiplesformations au niveau local et départemental et certains coûts récurrents liés au travail de certainespersonnes clés du système, comme les conseillers pédagogiques) a été ressenti comme un arrêt brutaldes efforts consentis jusque-là dans ce domaine. Des effets positifs perdurent à ce jour mais restentprincipalement cantonnés au niveau des EFACAP elles-mêmes et de certaines écoles associées. Laqualité de l’éducation dans les zones couvertes par l’appui continue à pâtir du manque de moyens desacteurs du secteur, de la faiblesse du niveau de formation des maitres et du manque de suivi parl’administration publique.Les investissements dans les infrastructures effectués par l’appui de l’UE ont requis plus de ressourcesqu’initialement prévu (en termes financier et temporel). Si ces investissements ont permis de répondreà des besoins importants à ce niveau dans les zones cibles et de contribuer à consolider les tendancespositives de ces dernières décennies en termes d’accès, ils ont aussi absorbé une grande partie du peude ressources mobilisées par l’UE dans ce secteur. Ceci a eu pour conséquence que desproblématiques comme l’accès à l’éducation aux enfants des groupes les plus défavorisés n’ont pu êtreabordées que de façon très légère.Conclusion 16: Gouvernance démocratique (collectivités territoriales et acteurs non étatiques)L’UE a contribué de façon significative à la promotion de la gouvernance démocratique par lebiais du renforcement des collectivités territoriales et des acteurs non-étatiques, notammentdes organisations communautaires de base. Au niveau central, l’appui n’a pas encore pudonner une contribution significative au processus d’élaboration du cadre et des dispositifsnécessaires pour la mise en œuvre d’un processus de décentralisation durable.Cette conclusion est principalement basée sur la QE5.Le renforcement de la gouvernance démocratique et de la décentralisation constituent des processusinstitutionnels clés et irréversibles auxquels les PTF les plus importants, y compris l’UE, se sont52 Pendant la période d’évaluation, le secteur de l’éducation n’était pas un domaine hautement prioritaire dans lastratégie de l’UE. Si ce domaine était inclus dans la stratégie, c’était avant tout pour permettre d’achever un certainnombre d’activités initiées dans la période précédente.Evaluation de la coopération de l’UE avec la République d’Haïti 2008-2012Rapport final - Volume I - Août 2014 (Particip GmbH)