Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».1964, le site Total à Saint-Ouen 2003, le site Won<strong>de</strong>r (coll. privée)Enfin, la requalification du Fort d’Aubervilliers et <strong>de</strong>s terrains attenants (30ha) montre bienles limites <strong>de</strong> la remédiation. Le site est un <strong>de</strong>s 350 sites les plus pollués d’Ile-<strong>de</strong>-France,selon le ministère <strong>de</strong> l’Environnement. Comment une commune peut-elle concevoir laréaffectation <strong>de</strong> terrains d’une telle superficie, dont elle n’est pas propriétaire (ilsappartiennent à l’Etat), qui sont hautement pollués suite au stockage <strong>de</strong> fûts radioactifs 206 etdont le pollueur, le ministre <strong>de</strong> la Défense, refuse <strong>de</strong> régler la note <strong>de</strong> dépollution ? Le Fortaccueille actuellement le cirque Zingaro, une casse automobile, <strong>de</strong>s jardins ouvriers(75.000m2) et une caserne <strong>de</strong> gendarmerie. Plusieurs <strong>de</strong>stinations ont été imaginées pour lesterrains du Fort : hôpital, vélodrome (Paris 2012),… Le ministère <strong>de</strong> l’Equipementsouhaiterait y construire <strong>de</strong>s logements sociaux – ceux qui manquent à Paris –, dans une villequi en compte déjà 8.000 et qui aspirerait plutôt à la construction d’un pôle tertiaire quicomporterait <strong>de</strong>s équipements culturels, <strong>de</strong> l’habitat, un parc urbain, un collège etpérenniserait les jardins ouvriers.206 Le couple Curie y a fait <strong>de</strong>s <strong>recherches</strong> sur le radium dans les années vingt. Le Fort contenait du césium 137et radium 226. Les déchets radioactifs ont été mis en fûts par l’Association nationale <strong>de</strong>s gestion <strong>de</strong>s déchetsradioactifs (ANDRA) mais stockés dans le Fort, faute d ‘argent pour financer le transport jusqu’à un centred’accueil spécifique (seul le césium a été enlevé).116
Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».CONCLUSION GENERALELes <strong>recherches</strong> menées et présentées dans ce rapport ont montré que la zone d’étu<strong>de</strong> présentaitun phénomène <strong>de</strong> cumul <strong>de</strong>s inégalités socio-environnementales. Le département <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis a longtemps été en retard sur les autres départements <strong>de</strong> la proche couronne, tantdans le domaine social (équipements publics, culturels, logement) qu’environnemental (bâtidégradé, espaces verts, transports…).Entre 1860 et 1920, s’est créé un ensemble <strong>de</strong> conditions, qui a perduré jusqu’aux années1960. L’entre-<strong>de</strong>ux-guerres s’est révélé une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong>s acquis antérieurs, dansun contexte <strong>de</strong> crise économique qui a exacerbé les passions industrielles : l’emploi et lesressources procurés par l’industrie sont plus que jamais indispensables aux communes. Lapério<strong>de</strong> s’étendant <strong>de</strong>s années 1945 aux années 1960 a vu la reconstruction du potentieléconomique français, qui est passée par une indispensable reconstruction industrielle. Durantplus d’une décennie, les autorités favorisent l’établissement <strong>de</strong>s manufacturiers en banlieue ;les dommages <strong>de</strong> guerre permettent rebâtir les usines détruites. Les cohabitations industriehabitatsont reconduites. L’opportunité <strong>de</strong> donner un autre visage à la périphérie parisienne et<strong>de</strong> remédier aux inconvénients i<strong>de</strong>ntifiés dans les années trente et quarante, n’est pas saisie.En revanche, la fin <strong>de</strong>s années 1990 marque une rupture dans l’histoire sociale, politique,économique et environnementale <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis. Après plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décenniesd’une brutale et lour<strong>de</strong> désindustrialisation qui a dévitalisé le département et installé unmarasme qui semblait ne pas <strong>de</strong>voir prendre fin, les années 1995-2005 ouvrent <strong>de</strong>sperspectives nouvelles. Les collectivités suburbaines apprennent à penser leur développement<strong>de</strong> façon supra-communale. C’est aussi une phase <strong>de</strong> main tendue à Paris.On peut penser que les politiques <strong>de</strong> remédiation mises en œuvre par <strong>de</strong>s communesaffermies, disposant <strong>de</strong> compétences élargies par la décentralisation 207 , ont enfin <strong>de</strong>s chancesd’aboutir. Des opérations <strong>de</strong> couverture <strong>de</strong>s autoroutes et du périphérique réduisent lesfractures urbaines et la pollution sonore, l’intercommunalité est presque partout mise en207 Les transports sont <strong>de</strong>puis peu sous la responsabilité <strong>de</strong> la région Ile-<strong>de</strong>-France, ce qui pourrait permettre <strong>de</strong>mettre en place un vrai plan <strong>de</strong> déplacement francilien, en disposant <strong>de</strong> toutes le s cartes. En revanche, lescollectivités territoriales se réjouissent moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir assumer le paiement du RMI.117