Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».échelle fondamentale ici – ou d’espaces pluri-communaux, <strong>de</strong>s questions sociales ouenvironnementales : industrie, économie et emploi dans le département – atlas économique etsocial <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis ; publications du conseil général sur les données économiquesfournissant les chiffres <strong>de</strong>s licenciements et <strong>de</strong>s fermetures d’usines ; création <strong>de</strong> zonesindustrielles dans le cadre <strong>de</strong>s POS – ; pollution <strong>de</strong> l’air et <strong>de</strong> l’eau induite par les usines etpollution sonore causée par le trafic routier ; démographie et niveau d’équipement – écoles,crèches, collèges, lycées, services publics divers– ; transports fluviaux, ferroviaires etroutiers ; urbanisme et espaces verts.Des périodiques ont été dépouillés pour la pério<strong>de</strong> 1960-2000 : bulletins du GIP –Groupement interministériel pour la résorption <strong>de</strong> l’habitat insalubre –, trimestriels du conseilgénéral sur les données économiques et annuels <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> commerce et d’industrie <strong>de</strong>Paris sur la structure industrielle <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis, rapports du GEP – Groupe d’étu<strong>de</strong>set <strong>de</strong> programmation – <strong>de</strong> la Direction départementale <strong>de</strong> l’Équipement.Cet ensemble documentaire a permis <strong>de</strong> reconstituer les grands traits <strong>de</strong> l’histoireenvironnementale et sociale du département, entre 1850 et 1985, tels qu’ils ont été alorsanalysés. Il s’en dégage <strong>de</strong>s éléments caractéristiques <strong>de</strong> l’image véhiculée par le départementou par ses défenseurs, éléments que l’équipe confronte aux informations fournies par lessources <strong>de</strong> première main.Il apparaît surtout que les aspects sociaux et environnementaux n’ont pas été mis en rapport.Certaines particularités sociales du département ont été soulignées assez tôt : banlieue rouge,importance <strong>de</strong> la population active ouvrière et prolétaire exerçant dans le secteur secondaire,fort taux d’activité féminin, nombre élevé d’habitants issus <strong>de</strong> l’immigration – uneimmigration qui varie suivant les époques considérées.Des problèmes environnementaux sont évoqués dès la fin du XIX e siècle, mais surtout à partir<strong>de</strong> 1920 : pollution <strong>de</strong> la Seine par les rejets d’eaux résiduaires, pollution <strong>de</strong> l’air par lesfumées qui s’échappent <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> cheminées d’usines et <strong>de</strong>s chaudières au mauvaischarbon, bruits <strong>de</strong>s machines en fonctionnement six jours sur sept, trépidations causées par lesbancs d’essais <strong>de</strong> moteurs, faiblesse <strong>de</strong>s réseaux d’assainissement surexploités par lesindustriels. Toutes les sources soulignent la difficulté à vivre près <strong>de</strong>s usines. Dans les années1980, on se penche plus attentivement sur le sort <strong>de</strong>s banlieusards. Le Conseil économique etsocial dénonce la mauvaise « qualité <strong>de</strong> vie dans les banlieues <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes » – JournalOfficiel, 1984. On évoque la Seine-Saint-Denis comme un département « sinistré » sur le plandu bruit – Butikofer, J.-M., La Seine-Saint-Denis. Un département sinistré où la lutte contre lebruit s’accentue, in Après-<strong>de</strong>main, n°258, oct-nov 1983.4
Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».Pourtant, peu <strong>de</strong> documents font le lien entre les données industrielles et économiques – uneprécoce, rapi<strong>de</strong> et forte industrialisation marquée par l’importance <strong>de</strong>s usines polluantes ouinsalubres, la prédominance du secteur secondaire sur les autres secteurs d’emplois, puis unebrutale désindustrialisation avec son cortège <strong>de</strong> licenciements et <strong>de</strong> fermetures, enfin <strong>de</strong>sfriches et une reconversion territoriale rendue indispensable par d’infructueuses tentativespour maintenir sur place l’activité industrielle –, les difficultés sociales – l’insuffisance <strong>de</strong>séquipements publics et du parc immobilier hérités <strong>de</strong>s anciens départements <strong>de</strong> la Seine et <strong>de</strong>la Seine-et-Oise, un grand nombre d’habitants dépendants <strong>de</strong>s services sociaux, le faibleniveau <strong>de</strong> formation scolaire et professionnelle dans la zone d’étu<strong>de</strong> – et un environnementsacrifié au développement industriel et urbain – les nuisances sonores, le nombre dérisoire <strong>de</strong>m 2 d’espaces verts par habitant, <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> Seine et du canal <strong>de</strong> Saint-Denis longtempslaissées à l’état <strong>de</strong> friches 3 .C’est ce recoupement, cette confrontation entre données sociales et environnementales qui faitl’originalité <strong>de</strong> la recherche, mais soulève les difficultés d’un travail novateur.3 L’aménagement <strong>de</strong>s berges du canal <strong>de</strong> Saint-Denis est en cours ; il doit suivre l’exemple du canal <strong>de</strong> l’Ourcq :voie pour les cyclistes, véritable lieu <strong>de</strong> promena<strong>de</strong> dans la ville. En revanche, les berges <strong>de</strong> Seine sont toujours àl’abandon à Saint-Ouen, Saint-Denis, L’Ile-Saint-Denis et Epinay.5