Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».C- LES ESPACES VERTSSe pose non seulement la question <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong>s espaces verts à l’échelle communale, maiségalement celle du nombre <strong>de</strong> m 2 offert par habitant, <strong>de</strong> la répartition (équitable ou non,diffuse ou non) <strong>de</strong> ces espaces et <strong>de</strong> leur « proximité » 135 . En 2001, la Seine-Saint-Deniscompte 10m 2 d’espaces verts par habitant, soit dix fois plus qu’à sa création en 1968. Mais lasituation reste peu satisfaisante, car la localisation <strong>de</strong>s espaces verts est très diffuse sur leterritoire départemental. L’existence <strong>de</strong> parcs départementaux (fréquentés le week-end) nemodifie pas radicalement la grisaille quotidienne <strong>de</strong> paysages très minéraux.1- LES ANNEES 1960 136En 1968, le département ne compte que 104ha d’espaces verts ouverts au public, soit 1,2m 2par habitant, quand la norme française est <strong>de</strong> 8,5m 2137 . Trois quarts <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis ont moins d’1m 2 d’espaces verts par habitant, quelques-unes en ont 2m 2 et seuleGournay dispose <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5m 2 par habitant. (voir tableau page suivante).Dès la création du département, les élus, conscients du manque d’espaces verts, héritage <strong>de</strong>l’industrialisation, réclament au nouveau préfet un bilan <strong>de</strong> la situation et une étu<strong>de</strong>prospective :« Les enfants n’ont pas été gâtés par les sites et les forêts dans notre département. Les sites,les forêts, ce sont <strong>de</strong>s usines, <strong>de</strong>s cheminées, <strong>de</strong>s cités d’habitation où sont enfermés <strong>de</strong> raresespaces verts, interdits bien sûr. […] Le jeudi, les enfants qui s’aèrent en Seine-Saint-Denis lefont dans les conditions d’un département industriel, avec <strong>de</strong>s usines enfermées entre les citéset les cités enfermées entre les usines. ». 138Le préfet confirme les analyses <strong>de</strong>s conseillers :« Les besoins en espaces verts n’ont pas été correctement appréciés au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>croissance démographique rapi<strong>de</strong> qu’a connu Paris entre 1860 et 1914. […] Par sa géographie135 Projet d’aménagement et <strong>de</strong> développement durable <strong>de</strong> La Courneuve, débat sur les orientations au conseilmunicipal du 9 novembre 2006.136 On s’appuie sur les procès-verbaux du conseil général <strong>de</strong> la Seine, <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis et les rapports dupréfet au conseil général.137 La norme française est inférieure aux normes européennes. Letronnier, Gilberte, Les espaces verts et leséquipements sportifs dans trois communes <strong>de</strong> la Seine Saint Denis : le Bourget, Stains et La Courneuve,mémoire <strong>de</strong> géographie sous la dir. <strong>de</strong> Rochefort, Paris I, 1971, 111 p. Le rapport du préfet au CG93 n°69-196détaille la grille Dupont, appliquée par <strong>de</strong>s urbanistes français à la fin <strong>de</strong>s années soixante qui préconise 40m 2d’espaces verts par habitant, en comptabilisant les jardins proches <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces, les parcs urbains, les grandsparcs, les jardins familiaux privatifs, les terrains <strong>de</strong> sport et les gran<strong>de</strong>s zones vertes proches.138 Compte-rendu <strong>de</strong>s séances du CG93, délibération du 18 décembre 1968.78
Rapport final : « Pour un renouveau urbain : gestion <strong>de</strong>s héritages et inégalités ».et son histoire, le département est défavorisé en espaces verts. […] L’occupation du sol esttelle qu’une amélioration substantielle du nombre d’espaces <strong>de</strong> voisinage ne peut être espéréeque dans les zones du département encore peu urbanisées. » 139 Cela exclut les communes lesplus anciennement urbanisées et industrialisées <strong>de</strong> la zone d’étu<strong>de</strong> : Saint-Denis, Saint-Ouen,Aubervilliers et Pantin. Les espaces verts ne peuvent être aménagés que dans les anciennescarrières ou en périphérie du département (l’Ile-Saint-Denis, Aulnay-sous-Bois, Sevran,Villepinte, Tremblay-en-France). L’environnement <strong>de</strong> la « couronne <strong>de</strong> Paris » a, lui, peu <strong>de</strong>chances d’être modifié, sauf à prendre sur les friches qui se multiplient à partir <strong>de</strong>s annéessoixante-dix.Espaces verts communaux <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis ouverts au public en 1968 140 :Communes Superficie en m2(1968)M 2 d’espaces verts/hbtAubervilliers 23.500 0,31 0,41Aulnay-sous-Bois 31.200 0,50 0,85Bagnolet 10.200 0,29 0,66Blanc-Mesnil 11.748 0,24 3,88Bobigny 700 0,01 1,44Bondy 6000 0,11 0,10Le Bourget 8.500 0,88 0,77Clichy-sous-Bois 64.000 3,91 1,97Coubron 3.000 1,37 1,99La Courneuve 6.380 0,14 0,66Drancy 6.100 0,08 1,2Dugny 10.300 1,30 1,28Epinay 25.000 0,59 1,4Gagny 51.000 1,42 3,55Gournay 63.900 16,29 13,31Ile-Saint-Denis 3.500 0,63 0,61Les Lilas 1.500 0,09 1,73Livry-Gargan 60.000 1,87 4,2Montfermeil 0 0 3,13Montreuil 174.980 1,82 4,19Neuilly-Plaisance 3.320 0,18 0,18Neuilly sur Marne 30.000 1,33 0,85Noisy-le-Grand 32.000 1,25 0,71Noisy-le-Sec 12.382 0,36 0,89Pantin 116.000 2,41 2,42Pierrefitte-sur-Seine 6.000 0,31 1,04Pré-Saint-Gervais 8.600 0,58 0,57Le Raincy 28.000 1,96 1,86Romainville 86.000 0,58 4,68Rosny-sous-Bois 7.300 0,23 1,66Saint-Denis 63.100 0,63 1,95Saint-Ouen 37.564 0,76 1,19Sevran 5.350 0,26 0,32M 2 /hbt en 1970 (projection)139 Rapport du préfet au CG93 n°69-196.140 Source : Rapport du préfet au CG93 n°69-196.79