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Projections - Passeurs d'images

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LES ACTEURS__PORTRAITFeu folletSara Forestier, actricearticle paru dans <strong>Projections</strong> n°13_numérique : le cinéma en mutation_septembre 2004On l’a découverte l’année dernièredans le très beau filmd’Abdellatif Kechiche, L’Esquiveoù elle interprétait l’énergiqueet fragile Lydia et enchantaitl’écran. Aujourd’hui, à presque18 ans, cette toute jeunefemme dévore la vie à pleinesdents avec la même fougueque son personnage. Et elleparle le même langage. Avecune spontanéité déconcertante,elle fait claquer, sonnerou rebondir ses mots entreaphorismes et poésies.Ponctuant chaque phrased’énergiques “Tu vois ce que jeveux dire ?”, elle se livre, s’enthousiasmeet s’amuse. Et nous, avec elle.Ce métier d’acteur “était tellement à l’intérieur de moi que jen’ai pas eu besoin d’un recul pour me dire : c’est que je veuxfaire ! C’était évident. J’ai entendu Gad Elmaleh dire qu’iln’avait pas eu de déclic, qu’il était “décliqué” dès la naissance.Moi aussi, je suis décliquée de naissance !” dit-elle en partantd’un grand éclat de rire. Un autre désir l’aurait peut-être retenue,celui de faire de la politique, explique-t-elle. Parce qu’ilpeut être le lieu de tous les bouleversements intimes, elle s’engageen cinéma, où elle trouve plus directement la profondeurdu politique, faire évoluer les choses pour le mieux de chacun: “L’être humain est fondamentalement bon mais on est prisdans une série d’engrenages qui nous rend de plus en plusindividualiste. Il y a une incohérence entre la manière dont onvit et nos aspirations fondamentales”. Et elle prévient qu’il nefaut pas la raisonner : de naissance, elle est aussi “déblasée !”Parisienne, élève dans le 12e arrondissement, Sara Forestier a13 ans et demi quand elle accompagne une amie à la radiofaire un casting de voix. Elle tente sa chance. Elle est prise etcontinue pour une émission de télévision dont le producteurlui parle un jour du tournage d’un téléfilm. Elle joue et, sur leplateau, rencontre un agent. Tout s’enchaîne naturellement, lethéâtre, quelques films. Jusqu’à L’Esquive où le public la découvre,médusé. À chaque fois qu’elle évoque le film et sonéquipe, elle déborde d’enthousiasme et de gratitude : “Je suistellement fière d’avoir fait partie de ce film ! Il y a eu deuxmois et demi de répétitions puis deux mois de tournages. Ona tous travaillé comme des fous. Avec Abdel, j’ai créé mon personnage,les mimiques, l’intériorité, les expressions... J’aitout donné. La reconnaissance, c’est bien mais rien ne vautcette satisfaction que tu sens au fond de toi, le plaisir profondd’avoir bien travaillé, le mérite”. Elle a peut-être rencontré desmilliers de gens en accompagnant le film dans toute la France.Elle raconte leurs remerciements, leurs plaisirs et “le plus touchant,une grand-mère” qui lui a dit : “Avant je prenais le buset je me disais “Qu’est-ce qu’ils me cassent la tête, ceux-là !”Maintenant, je les comprends, ces petits, je les aimerais plus”.Depuis, elle a joué dans plusieurs téléfilms (dont le remarquéQuelques jours entre nous de Virginie Sauveur). Elle vient detourner dans le second volet du Genre humain de ClaudeLelouch. Elle prépare un film avec Michel Deville. “C’est unfilm d’époque, je prends des cours de diction, je travaille. Je nevais pas me permettre de ne rien faire. J’ai envie d’être au top”.Trop entière pour faire les choses à moitié, elle cherche “dusolide”, elle veut “construire” : “Je ne vais pas à un castingdans l’optique de passer un test mais dans celle de voir ce quel’on peut construire à deux, si j’ai envie de partir dans l’aventure,de donner ma confiance. Il n’y a pas que moi qui ai quelquechose à prouver”. D’abord sur ses gardes, elle a vite fait debelles rencontres. Et puis elle fait “la différence entre ce quiest vain, dans le vent, et ce qui est utile, profond”. De l’une desphrases simples et lumineuses qui la caractérisent, ellerésume : “Avant que cela ne devienne du show-business, ils’agit de personnes qui se demandent ce qu’elles vont créerensemble”. A-t-elle envie de tourner avec certains réalisateurs? Bien sûr, mais ses yeux pétillent à l’idée de jouer avec Cassel,Pacino et Villeret, “un tueur, ce mec”. Et puis, elle a son propredésir de réalisation. Elle vient de terminer le tournage deson premier court métrage, ça se voit direct. Elle y parle des apriori : “ce sur quoi on se base pour te mettre dans une case,comment on s’adapte ensuite”. Elle écrit deux longs métrages.Et toute l’année qui vient, elle sera en tournage. Mélange d’ingénuitéet d’intégrité, boulimique de travail, la tête sur lesépaules et le rire généreux, Sara Forestier assure “Moi, je serailà. Je fais mon bonhomme de chemin”. On la croit.ANNE FEUILLÈRE108 / projections actions cinéma / audiovisuel

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