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Projections - Passeurs d'images

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LES ACTEURS__PERSPECTIVESSAMUEL AUBINa réalisé La chambre noire de Khuong Mê,documentaire, Balthazar Production (2001)“On m’a proposé de faire des ateliers, il mesemblait naturel de transmettre à des jeunesou des RMIstes. Non pas parce que le créateurdoit transmettre, mais cela répondait àdes problématiques qui traversent moncinéma Je m’interroge sur la place de l’imagedans la société et ses enjeux. Quel film faiton,pour dire quoi et à qui ? Quelle vérité,quelle morale véhiculent les images ? Dansce cadre-là, donner à tout le monde l’occasionde fabriquer et de voir des images est unedémarche citoyenne. Provoquer des interrogationschez quelqu’un qui n’a pas accès à lalecture de l’image, c’est un moment fort.Mais ce qui m’importe, c’est d’amenerchaque individu à sortir des images de sonventre.Je trouve aussi des réponses au milieu desgroupes. Amener un groupe à élaborer deshistoires, le mettre en garde contre les traversde ce qu’on montre m’amène à réfléchir surmes propres erreurs. C’est un peu de l’autoformation.Mais encore une fois, c’est uneaffaire personnelle. Tout est dans l’exigencede l’intervenant. Je pourrais animer des groupessans chercher à partager. Donner desrecettes sans véritablement m’impliquer, il vade soi que cela m’intéresserait moins. Je neme sens pas pour autant professeur decinéma. Mon travail nécessite de la pédagogiepuisqu’il s’agit de transmission mais je nefais pas de théorie, je n’objective pas. Je viensavec ma subjectivité, la démarche qui m’estpropre. Si je poursuis les ateliers, c’est parceque cela a un sens pour moi. Ce n’est pas unepanacée. Cela me nourrit, bien sûr, mais biend’autres choses me nourrissent comme toutcréateur.”FREDERIC PHILIBERTa réalisé L’Autrocar (1998),Hot Dog (1999), films d’animation“Je fais des ateliers depuis cinq ans. Quandj’ai été sollicité pour faire des films, j’ai dit ouicar de nombreux réalisateurs qui avaient desmissions d’enseignement me disaient à quelpoint cela pouvait être un fabuleux outil expérimental.Un laboratoire où on pouvait inventer.La réalité a dépassé mes espérances. J’aiappris à faire des choses que je n’avais jamaisfaites, même si je travaille toujours image parimage. Les enfants m’ont imposé de meposer des questions. Bien sûr, j’aiaujourd’hui de moins en moins de tempspour faire mes propres films, parce quej’anime 28 ateliers par an. Mais je m’investisdans les films avec les adolescents. Pour nepas tomber dans la routine, nous imaginonstoujours notre histoire dans le lieu le plusinsolite où l’action pourrait se dérouler. Parceque les adolescents ou les enfants partenttoujours de ce qu’ils voient à la télé ou del’image qu’ils se font du quartier même sicela ne correspond pas forcément à leur quotidien.Ils imaginent des trafics de drogue,alors qu’ils n’en n’ont jamais vu ou des histoiresde voitures qui brûlent, comme ce qu’ilsont vu à la télé, ou ce dont on parle dans lacité.Quand j’ai un groupe deux ans, je vois l’évolutiond’une année sur l’autre. Ils invententplus vite. Ils ont un regard plus critique,alors qu’avant, ils pensent toujours avoir faitle meilleur film. Ce que j’y gagne moi, c’estune plus grande créativité. Et puis, ne nousleurrons pas, financièrement, c’est unechance. Je ne travaillerais pas gratuitement,même si je suis heureux de devoir inventertoutes sortes de systèmes pour que les filmssoient possibles.”JEAN-YVES PHILIPPEen cours de réalisation un long métrage sur laparentalité, a réalisé deux documentaires etréalise sa première fiction“J’ai commencé en 1994, grâce à l’APCVL quim’avait permis de réaliser mon premiercourt-métrage. Deux ans, plus tard, j’ai moimêmecontacté des régions pour animer desateliers. Ce que j’aime dans ces ateliers estavant tout du registre de l’échange. Les jeunesme racontent ce qu’ils vivent et me renvoientà leurs histoires, nourrissant ce quej’ai envie de raconter. Bien sûr, on travailleavec le support du cinéma, mais comme dansun film, il y a une aventure entre les gens quiva permettre que chacun puisse se retrouverà travers le film et progresser.C’est une vision humaniste, c’est vrai, il fautêtre engagé dans la société dans laquelle onvit. Ces aventures m’alimentent au sens oùelles me confrontent à une réalité qui n’estpas mon quotidien, comme celle des banlieues.La rencontre des jeunes et de leursouffrance parfois au regard de leur situationfamiliale ou sociale, influence mes documentaires.Le fait de laisser les jeunes mettre lacaméra où bon leur semble, leur spontanéitéà dire et à développer ou structurer les choses,m’ont permis aussi d’imaginer demanière plus spontanée mes images; il y aune part d’improvisation dans la fiction. Lesjeunes ont beaucoup de stéréotypes par rapportà l’image. Il est intéressant de les aider àen sortir afin qu’ils puissent exprimer quelquechose d’eux dans les films. Imaginer unpersonnage avec des faiblesses impose deparler de soi, or, cela peut les terrifier. Les garçons,surtout, sont très pudiques. Ils secachent et l’exercice leur est très difficile surtoutdevant le regard du groupe. C’est beaude les voir prendre de l’assurance, devenirplus fort, oser se montrer eux-mêmes.”PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE TIKHONOFFDes réalisateurs confrontentleurs pratiques d’ateliers en Rhône-AlpesParce que les réalisateurs témoignent de pratiques différentes et parce qu’ilss’interrogent sur leur manière de travailler, même si leurs objectifs sont identiques,la coordination Rhône-Alpes a eu l’idée de faire se rencontrer l’ensembledes cinéastes impliqués dans les ateliers “cinéville/un été au ciné”.Pendant une journée, ils viendront confronter les moyens qu’ils développentdans les ateliers, les difficultés qu’ils rencontrent. Seront ainsi décortiquéestoutes les phases de la réalisation, depuis l’écriture du scénario jusqu’au montage.Les réalisateurs sont invités à parler, entre autres, de leur démarche dansla réalisation de films avec les jeunes, de la place des jeunes dans le montage,de la manière dont ils procèdent pour intéresser les jeunes à la réalisation.Quelques films réalisés dans le cadre de l’opération seront visionnés. Unevingtaine de réalisateurs seront présents, ainsi que des représentants de sallesde cinéma. A.T.Rencontre mardi 12 juin de 10h à 16h30 à l’espace Aragon, 19 Bd Jules Ferry38190 Villard-Bonnot (Isère)- Contact : 04 76 21 61 9398 / projections actions cinéma / audiovisuel

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