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Projections - Passeurs d'images

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LES ACTEURS__ENTRETIENPrendre en comptela réalité socialeEntretien avec Boris Spire, Directeur du cinéma l’Écrande Saint-Denis, une salle ouverte vers la ville et vers tousles publics.article paru dans <strong>Projections</strong> n°24_pratiques citoyennes_juin 2007<strong>Projections</strong> : Pourriez-vous préciser ce qui fonde la spécificité ducinéma l’Écran ?Boris Spire : L’Écran est avant tout un cinéma de proximité très ancrédans la réalité sociale de la ville. 70 % de notre public habitent à moinsde 500 mètres du cinéma.En ce qui concerne la programmation, nous sommes sur une lignequ’on pourrait qualifier d’art et d’essai, nous tentons de défendre uncinéma d’auteur.Mais en tant que cinéma de quartier, nous devons trouver un équilibreentre ce désir et la nécessité de programmer des films plus grandpublic. L‘Écran se doit de projeter des films en version françaisecomme Shrek afin que le public familial qui n’a pas les moyens d’allerau Gaumont où la place est à dix euros par personne puisse allerau cinéma. Nos tarifs demeurant moins élevés, c’est aussi l’un de nosrôles sur Saint-Denis.Ce qui fonde notre identité propre et l’originalité de notre démarchec’est l’attention que l’on porte aux réalités des nombreuses structuresassociatives de la ville. L’avenir des salles indépendantes comme lanôtre chargées d’une mission de service public me semble résiderdans leur capacité à prendre en compte le tissu social local.Se faire connaître auprès du public associatif et l’associer ponctuellementà la dynamique de programmation permet de générer des relationsplus interactives. Tout au long de l’année nous programmonsdes soirées thématiques susceptibles d’intéresser diverses associationslocales.Nous tentons aussi d’être dans une relation de confiance avec lepublic d’habitués qui fréquente l’Ecran. En moyenne, nous avons1800 abonnés sur l’année qui viennent au cinéma au moins quatrefois par mois et avec quelques “spectateurs assidus”, nous avons crééun collectif de spectateurs que nous sollicitons sur tel ou tel film à projeter,tel cinéaste à inviter. Je pense qu’une salle comme l’Ecran nepeut se contenter d’être dans la gestion d’une programmation,comme le font tous les cinémas privés.<strong>Projections</strong> : Arrivez-vous à concilier votre engagement cinéphile etcitoyen avec les exigences financières propres à la tenue d’une sallede cinéma ?BS : Les films grand public nous aident à équilibrer les comptes. Maisil faut préciser que le cinéma n’existerait pas sans la volonté politiquedes élus de Saint-Denis puisque la municipalité finance 45% du budgetglobal annuel de l’Ecran.<strong>Projections</strong> : L’implantation physique du cinéma est vraiment singulière!BS : Le cinéma possède effectivement une implantation particulièrepuisqu’il est à la fois intégré à des bâtiments locatifs, à proximité ducarrefour et en face de la mairie. De plus, il est à la sortie du métro :lorsque l’on organise des soirées où l’on essaie de toucher un publicextérieur à la ville, les gens peuvent facilement accéder au cinéma.<strong>Projections</strong> : Vous organisez plusieurs festivals chaque année : Est-ceainsi que les hommes vivent ? ou Panorama des cinémas du Maroc.Pouvez-vous préciser la nature de ces festivals, leurs spécificités ?BS : C’est mon prédécesseur qui a créé Est-ce que les hommes vivent ?,festival qui est pensé sur le principe d’une thématique à renouvelerchaque année et qui tente d’interroger la production cinématographiqueà l’aune de grandes questions de civilisation ou de société. LePanorama des cinémas du Maroc est un festival consacré aux cinémasdu Maroc et du Maghreb que je voulais monter depuis longtemps etdont la première édition a eu lieu en 2006. Il n’a d’équivalent ni enÎle-de-France ni même en France, il est le seul festival à être exclusivementconsacré à ces cinématographies dont certaines sont en pleindéveloppement, comme celle du Maroc où grâce à une aide à la production,le gouvernement permet la réalisation d’une douzaine delongs métrages par an.Avec ce Panorama, nous tentons de toucher une grande partie de lapopulation de Saint-Denis et d’Île-de-France originaire du Maghreb.Dans un contexte politique et social informé par la peur de l’Autre, del’étranger et traversé par le repli communautarisme, l’une des vocationsdu festival est de participer à la reconnaissance de l’identité de120 / projections actions cinéma / audiovisuel

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