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Projections - Passeurs d'images

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NOUVELLES PRATIQUES__EXPÉRIENCEJongleurs d’imagesQuand des vidéastes s’emparent des techniques numériques pour mixer des images en “live”, cela donne le Vjing, unepratique au carrefour de l’improvisation musicale et du montage expérimental.article paru dans <strong>Projections</strong> n°13_numérique : le cinéma en mutation_septembre 2004The machine man Skin MaximizerPrenez un D’J, remplacez ses platines par des ordinateursportables, ses disques par des images stockéessur fichiers numériques, les enceintes par un écranvidéo et vous obtiendrez (à peu de choses près)… unV’J. Discipline encore peu connue, le Vjing consiste àmixer toutes sortes d’images (archives, extraits defilms etc), le résultat étant diffusé en direct sur grandécran. Présent dans les soirées de musique électronique,où il sert souvent d’accompagnement visuel, ilrevendique son statut de pratique artistique autonomeet, à ce titre, se voit programmer dans un nombrecroissant de festivals multimédias et de centresculturels.Vincent Viac et Anthony Carta sont les fondateurs deSkin Maximizer, un collectif de Vjing dans lequel officientégalement Betty Radigon et Emeric Bourlier. Ilsont joué pour des labels comme Warp ou Ninja Tunes,dans des clubs, dans des soirées de musique électronique(Oscilloscope à Nançy) ou des festivals.Passionnés de vidéo, ils réalisaient des films basés surle montage d’images d’archives lorsqu’ils ont fait ladécouverte du Vjing, presque par hasard. “Nousvenions présenter notre nouveau film à Nancy”raconte Anthony Carta. “Après la projection, la soiréea continué en musique. Comme nos ordinateurs etnotre table de mixage étaient encore branchés, nousavons commencé à mélanger des images directementsur la musique”.Sous ses dehors d’improvisation, le “mix” (session deVjing) nécessite une solide préparation. “Il fautd’abord établir un scénario” explique Vincent Viac,“c’est-à-dire une composition basée sur des thématiquesémotives. Débuter par exemple sur quelquechose de serein, puis de joyeux, glisser vers la folieavant un retour au sens… Un mix se fonde sur unelogique narrative même si tous les spectateurs ne laperçoivent pas avec la même acuité”.“Il s’agit ensuite de donner chair à cette structure”poursuit Anthony Carta. “Nous choisissons des imageset nous les classons par répertoires sur ordinateur.Durant le mix, qui se fait souvent à deux, parfois àtrois ou quatre, l’un d’entre nous envoie les imagesrépertoriées en fonction de la partie du scénario danslaquelle on se trouve. À la table de mixage, l’autre lessélectionne et les mélange. L’objectif est de coller aurythme musical, de faire évoluer en même temps lasuccession de séquences et de plans et de construireprogressivement une narration”.Nul effet visuel ni retouche d’image dans le Vjing quepratique le groupe, uniquement du montage. “Nousexplorons tous les types de raccords possibles et imaginables,de mouvement, de composition, de sens”note Vincent. D’où la nécessité de connaître par cœurses répertoires. “Pour notre dernier mix” précise soncollègue, “il y avait cinq ou six cent plans dans l’ordinateur,je les avais tous en tête”. Car il faut pouvoir seconcentrer uniquement sur le travail du D’J et “choisirtrès vite des images qui collent au tempo, introduireun nouveau plan quand la musique change, êtreattentif aux breaks, aux contretemps”. Une forme courantedu Vjing est le “sample”, la répétition de plan.“Quand il faut mixer plusieurs, heures, il y a plus desamples, de flash-back”. C’était le cas lors de la nuitOscilloscope à Nançy, où le groupe a produit un mixde sept heures sur un scénario inspiré de polars. Engénéral, il ne connaît pas à l’avance la musique surlaquelle il va mixer. “Tout au plus la tonalité de ce quiva passer”.Refusant d’utiliser les logiciels de Vjing, “trop formatéset laborieux”, le collectif reste fidèle à Premiere, unlogiciel “plus généraliste, permettant de créer sa proprefaçon de faire”. Côté images, il se dit attiré par les“esthétiques liées à la pellicule 16 et 35 mm”. Mais ilfaut payer les droits des images de cinéma. Surtout“quand on fait le choix d’officialiser son activité etd’être rémunéré”. Le groupe puise donc l’essentiel deson matériau dans des documentaires ou des archiveslibres de droits. Quand il reprend des images de films,elles sont abstraites, non reconnaissables. Dans le cascontraire, il se tourne vers une société spécialiséedans l’achat d’images et la recherche des ayants droits.Il lui fournit une liste d’images, reçoit un devis et paieun forfait pour une durée fixée. Le projet auquel s’attèleaujourd’hui le groupe contient une quantitéimportante d’images de films, pour lesquelles il faudradonc trouver des financements. Le mix sera “trèsscénarisé” souligne Anthony Carta, “avec une présentationpsychologique du personnage central. Les thèmesseront ceux du meurtre et de l’apocalypse”.Quand à la bande-son, le groupe a souhaité la confierà un D’J, chargé de bâtir son propre univers sonore àpartir de leurs idées. La preuve que le Vjing consisteautant à croiser les disciplines qu’à mixer les images.DAVID MATARASSO152 / projections actions cinéma / audiovisuel

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