LES ACTEURS__PERSPECTIVESJean-Paul Villon, directeur du cinéma LeMéliès (Port-de-Bouc), souligne l’importancedes aspects techniques.“Sur ce type de séances, il est important detravailler avec un cahier des charges assezstrict. La dimension “fête de quartier” nedoit pas faire perdre de vue que les projectionsen plein air doivent se dérouler dansles meilleures conditions possibles. C’estpour cela que la charte technique qui vientd’être mise au point en région PACA (voirencadré) est indispensable, elle va nousaider sur les plans technique et pratique,vis-à-vis de la ville, dans l’installation desbarrières, les autorisations de fermeture desrues, etc”.Reste enfin la question du choix du film,que Jérémie Poulanges qualifie de “complexe”,pointant du doigt les divergences quipeuvent se faire jour entre les partenaires dela séance en plein air.“La demande des structures de quartierconcerne la plupart du temps des filmsgrand public en VF” observe-t-il. “Nous voulonsfaire valoir un cinéma moins commercial.Il faut donc organiser des réunions etdes visionnements, savoir défendre lesfilms”. Là encore, tout repose sur les relationsque les partenaires ont entre eux lereste de l’année.“Plus elles sont étroites, plus les structuresde quartier nous font confiance sur le choixdu film” poursuit-il. “Au point que celui-ci,d’une certaine manière, finit presque parpasser au second plan. En revanche, quandon se connaît mal ou que l’on travailleensemble pour la première fois, c’est pluscompliqué. La structure impose souventson choix”.Pour les séances en plein air du CLSHTichadou, Yannick Combaluzier préfère lesfilms tous publics, un choix qu’elle justifieainsi : “Il nous est arrivé d’opter pour desfilms destinés plutôt aux ados et aux adultes,et ça n’a pas marché. Coup de foudre àNotting Hill, par exemple : les ados l’avaientdéjà vu et les enfants se sont lassés, ce qui aobligé du même coup les parents à partir”.Soucieuse de ne négliger aucune tranched’âge, elle a aussi décidé de se tourner versdes films “un peu plus Art & essai”. “L’andernier, nous avons passé Un enfant deCalabre et il y a trois ans, Les enfants du ciel.Cet été, c’est Princess Bride”.Vouloir programmer un cinéma de qualitéen plein air est une chose, y parvenir en estune autre. Jean-Marc Césaire, coordinateurde “vacances au ciné” en Guadeloupe, aimeraitvoir plus de films d’Art & essai sur lesécrans de l’île même s’il pense que “lepublic n’y est pas encore préparé”. Le vraiproblème, en réalité, consiste à se procurerles copies.“Aussi intéressants soient-ils, nous ne pouvonsnous permettre de programmer certainsfilms pour une seule séance” expliquet-il.“Trop de distance, trop de coûts. En plusde la location de la copie, nous devons payerle fret au kilo, le carnet d’Admission temporaireAérien... Cela nous oblige à travailleravec un - ou plutôt LE - distributeur local. Ildétient un monopole de fait sur les DOMTOM et les pays francophones de la Caraïbeet il applique sa loi sans partage. Ici, il n’y apas de législation CNC. En 1946, la Francea oublié de s’occuper du cinéma enGuadeloupe !”. Jean-Marc Césaire est obligéde “biaiser un peu” et d’associer à des longsmétrages tous publics, des courts métrageslocaux ou venant de Paris. “C’est plus facileet moins cher à transporter. Pour les longsmétrages, il va falloir que je me mette enquête d’une association en métropole quinous aiderait à acheminer les filmsjusqu’ici” avoue-t-il.Complexe à organiser, aussi bien sur le plande la logistique que sur celui du choix desfilms, la séance en plein air n’en connaît pasmoins chaque année un succès renouvelé.Les raisons ? La combinaison des plaisirs(spectacle, ambiance), bien sûr, et le caractèretoujours étonnant de l’expérience quiconsiste à voir un film dans un cadre inéditet du même coup, à voir la ville redessinée àla lumière du projecteur. Si on ajoute à celale fait qu’elle peut servir à expérimenter desidées originales en matière de rencontres,d’animation, la séance en plein air a encorede beaux jours devant elle.CINÉMA PLEIN AIR “UN ÉTÉ AU CINÉ / CINÉVILLE”: MODE D’EMPLOIChaque année, la coordination nationale d’“un été au ciné / cinéville” diffuse une liste de 140 films environ dans laquelle les opérateurs doivent puiser pour fairepartie de la manifestation. Chaque région peut aussi définir une liste plus restreinte, à l’intérieur de la liste nationale. Cette liste est proposée par une commissioncomposée de coordinateurs régionaux. Elle comporte une majorité de films Arts et essai, des films du patrimoine, des focus sur des films coup de cœur. Une orientationplus qualitative de ces séances est souhaitée pour permettre au public de découvrir des films différents et populaires. Les films, qui doivent respecter le délaide sortie vidéo et ne pas être sous le coup d’une restriction de public, font l’objet d’un état détaillé : accord préalable du distributeur, montant de location, état de lacopie…La séance en plein air répond à des règles précises :- Au plan général, les séances doivent revêtir un caractère exceptionnel. Il s’agit de séances non-commerciales. Elles doivent se mettre en place dans la concertationavec les exploitants de cinéma de la ville. Aucun lien direct ni indirect ne doit être établi avec une marque commerciale. L’organisateur doit être en règle avec les impératifsde sécurité. Le film doit être choisi sur la liste de la coordination régionale…- Au plan technique, les séances doivent respecter les conditions définies dans le cahier des charges de la commission supérieure technique (CST). Ces conditionsprennent notamment en compte les dimensions de l’écran en fonction de la capacité d’accueil du public, le positionnement des équipements, la luminance desimages, le son, la sécurité des installations… À partir de ces éléments, la coordination régionale peut mettre en place une charte technique plus précise. La liste nationaledes films est consultable sur le site : http://www.etecine.kyrnea.comLe cahier des charges technique est disponible à la CST : cst@cst.fr ou à Kyrnéa : asso@kyrnea.comPour plus d’informations, consulter le coordinateur de sa région.114 / projections actions cinéma / audiovisuel
LES ACTEURS__PORTRAITBuny Gallorini,directrice de sallearticle paru dans <strong>Projections</strong> n°9/10_cinéville_janvier 2004La palette, petite salle bourguignonne, classée Art et essai, a leprivilège, depuis quatorze ans aujourd’hui, d’être l’objet desprécieux soins de Buny Gallorini, amoureuse inconditionnelledu septième art. Cette exploitante est aussi présidente del’ACIB (Association des cinémas indépendants de Bourgogne)et membre des commissions jeune public et patrimoine del’AFCAE (Association française du cinéma d’art et d’essai).C’est un parcours pour le moins atypique qui a mené cettecinéphile accomplie à de telles responsabilités.Sa voie était à priori celle de la médecine.Elle a même exercé quelquestemps le métier d’infirmière, avant detrouver le moyen de vivre de sa passion.C’est alors qu’on lui propose unposte dans une petite salle des Alpes.“Depuis l’âge de douze ans, j’étais passionnéede cinéma, j’y consacrais toutmon temps libre. Quand cette opportunités’est présentée, je n’ai pas hésitéun instant”. Caissière, femme deménage, projectionniste, elle touche àtout et s’implique progressivementdans l’animation et la programmationdu lieu. Forte de cette expérience, ellequitte le Midi à l’âge de trente-quatreans pour accepter la direction ducinéma La palette, à Tournus.Elle s’inscrit très vite dans une démarched’ouverture au jeune public, enintégrant notamment les dispositifs“Collège au cinéma” et “École etcinéma” dont elle est maintenant coordinatricepour la région Bourgogne.Récemment, elle a accepté d’êtremembre du jury au festival “Cinéjunior 94”. “Nous avonsassisté à un nombre important de projections et je me suisaperçue que cela amenait un autre regard que celui de programmatrice.En tant que jurée, on se sent investie d’une plusgrande responsabilité”. Elle participe régulièrement aux journéesqu’organise l’AFCAE, aussi bien sur le jeune public, quesur les films du patrimoine.Si son activité est étendue, Buny Gallorini est néanmoins trèsprésente à l’échelle locale, programmant par exemple encollaboration avec l’association “Cinémascotte” une manifestationconsacrée au cinéma d’animation, “pas encore un festival,plutôt une semaine “ panorama” qui met l’accent sur l’actualitédes courts métrages”. La prochaine édition est prévue pourdécembre 2004.Elle explique son engagement, particulièrement au sein del’ACIB, par une volonté de partage que le cadre trop étroit desa propre salle ne lui permet pas d’assouvir. La circulation desœuvres et des initiatives artistiques est à ses yeux une notionimportante. “À Tournus, le potentiel de public est restreint.Nous n’hésitons pas à faire des projections de films ou desprojets communs au sein de l’association. Cela nous permetd’étendre le champ de nos activités et de susciter un dynamisme”.Des actions régionales se sont ainsi mises en placecomme un mois du documentaire prenant pour thématiquela mémoire. Les établissements scolaires se sont joints auxateliers de cinéma d’animation mis en place à Tournus dansle cadre de “cinéville”.Depuis la création d’“un été au ciné” en région Bourgogne,Buny Gallorini participe au dispositif, auquel elle a intégré, enplus des ateliers, des journées spéciales consacrées à unauteur ou à un genre. En attendant la belle saison, un atelier“décor” sur le thème des pirates doit se tenir en février dans lecadre de “cinéville”, à l’occasion de la sortie du dessin animéde Jean-François Laguionie, L’île de Black Mor. En complémentde l’atelier, les amateurs du genre pourront se délecterd’un week-end consacré aux films de pirates. La programmationde La Palette est souvent teintée d’une thématique particulière,façon intéressante, selon l’exploitante, de séduire lepublic et de lui faire découvrir des œuvres. “Ces films qui passentparfois inaperçus, j’essaie de les regrouper et de leur donnerun coup de projecteur particulier”.La fidélité de son public représente sa plus belle récompense.Les temps ont parfois été rudes, mais elle n’a aucunregret. “Je crois que le petit monde du cinéma – celui, entout cas, qui travaille au plus près du public, est constitué depassionnés qui ne comptent ni le temps, ni les échecs. Nousavons de petites déceptions, mais l’on se reprend et l’oncontinue !” Buny Gallorini aime le cinéma et ce qu’elle proposeaux travers de ses innombrables actions, c’est de nousfaire partager sa passion.ANGÉLIQUE LAGARDEActualité : Premier trimestre 2004 : Cycle italien inauguré par le film de Marco Tullio Giordana, Nos meilleures années ; atelier “décor” à l’occasionde la sortie du dessin animé de J.F Laguionie, L’île de Black Mor.Septembre : “Ciné Bourgogne”, une semaine à tarif réduit (3 euros).Cinéma La Palette, rue de la République, 71700 TOURNUS, Tél : 03.85.32.58.48actions cinéma / audiovisuel projections / 115