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Projections - Passeurs d'images

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LES PUBLICS__ENQUÊTEL’esprit de Noëlobligent à faire le silence, l’animation laissetout loisir de discuter du film et de la vie”.Méprise (2002) et Intaulérable (2003), deuxfilms d’animation co-dirigés par Pierre Vecket Jean-Christophe Houde, ont été tournésen 35 mm et diffusés dans le réseau des sallesde l’Association des Cinémas deRecherche Indépendants de la RégionAlpine (ACRIRA). “À l’occasion d’une projectionde Méprise au cinéma de Loriol, undétenu a pu obtenir une permission de sortieet il est venu expliquer aux spectateurs ledéroulement de l’atelier “ relate Jean-Christophe Houde. Un événement rare, carpour être diffusé, un film tourné en prisondoit obtenir de multiples autorisations del’administration et des personnes filmées.C’est pour privilégier les temps de rencontreque des “Parcours autour du cinéma etde l’audiovisuel” ont été mis en place en2004, dans les maisons d’arrêt d’Amiens(Picardie) et de Liancourt. Ils proposaient àdes détenus de dialoguer avec des professionnels(monteur, ingénieur du son, chefopérateur) pour s’initier aux métiers ducinéma, avant de passer à la réalisation decourts métrages. Pauline Chasseriau, del’ACAP (Pôle Image Régional Picardie),remarque que les intervenants sont souventtrès angoissés à l’idée de dire quelque chosede blessant ou qui serait mal compris. Elleleur indique qu’il faut“privilégier le dialogue,ne pas se montrertrop magistral,veiller à faire existerchaque personne etadopter un ton si possibleludique, surtoutavec les mineurs”.Elle précise commentune action peutvarier en fonction del’établissement : “Dans les quartiers pourmineurs et les maisons d’arrêt, les personnessont en attente de jugement et peuventsortir assez vite, il importe de fonctionnersur le court terme. Ailleurs, on rechercheun travail sur la durée et la régularité”.Entre les intervenants et les détenus, l’apportest réciproque. “J’ai découvert un universque je ne connaissais que par lesmédias” explique Michel Delgado. “J’aiappréhendé le quotidien de gens dont je neconnaissais pas les motifs de condamnation,juste la longueur des peines. Même sicertains m’ont dit pourquoi ils étaient là, jeme suis bien gardé d’avoir un jugementmoral”. Quand on demande à Ingrid Gognyce qui la motive, elle répond : “j’essaie defaire un peu de cinéma avec des gens à quil’on donne très peu de droits et qui ne doiventpas être privés de ces choses essentielles,comme la création ou l’échange, mêmesi elles semblent superflues à certains”. Enrevanche, elle ne croit pas “à la réinsertionpar le cinéma” et “n’aime pas l’idée qu’il soitmis au service de quelque chose”.L’Atelier de création cinématographique etd’animation audiovisuelle de Normandie(ACCAAN), qui intervient au Centrepénitentiaire de Caen, a proposé à la fin desannées 90 une formation d’opérateurprojectionniste. “La part théorique étaitassociée aux cours du Centre Nationald’Enseignement à Distance (CNED) et lapratique était effectuée sur du matériel deprojection 35 mm et 16 mm que nousavions apporté” explique le Directeur,André Guéret. Elle a permis à l’un des sixdétenus d’obtenir le CAP de projectionniste.Il considère que cette formation,“moralement stimulante”, n’était “sansdoute pas la plus adaptée” à un cadrecomme la prison. Il lui préfère les formationsen vidéo (montage et prise de vues)dispensées aujourd’hui au sein de CIS-7Vidéo, l’atelier de la prison mis sur piedavec l’ACCAAN “Elles ont déjà permis àtrois personnes de se réinsérer : l’une amonté son affaire (en dehors de l’audiovisuel),les deux autres ont été embauchés parnous en CDI et CES”.“Les questions liées à la réinsertion sontcomplexes” estime Jean-Paul Lascar, “ellesdépendent du passé de chacun, de ce qu’ilva trouver à sa sortie de prison, du fait qu’ilsera entouré familialement ou non. Nousne pouvons pas faire de miracle” conclut-til.“Néanmoins, dans le drame que peutconstituer une expérience de détention, toutaccompagnement éducatif ou culturel, s’ilest bien mené, peut être perçu comme uneéclaircie”.DAVID MATARASSO1- Périphérie Productions travaillait en binômeavec l’association Eurodéclics2- Titre du projet : Les mains libres.Nous tenons à remercier pour leur collaboration :Images de la Culture, l’Observatoire internationaldes Prisons (OPI) et la revus Dedans dehors.ProtocolesLe 15 décembre 1985, le garde des Sceaux autorise l’usage de postes de télévisionpar les personnes incarcérées.Le 25 janvier 1986, les ministres de la Culture et de la Justice signent un protocoled’accord évoquant l’introduction d’équipements vidéo dans les établissementspénitentiaires, la possibilité de mettre en place des ateliers d’expressionaudiovisuels et des réseaux de télévision internes, ainsi que la miseen place d’espaces pour la projection de films.Le 15 janvier 1990, un protocole encourage le développement des activités decréation ou la diffusion de programmes concourant à la formation. Il permetde mettre en place huit Centres de Ressources Audiovisuelles (Crav).Le 13 avril 1999, un décret autorise la création dans chaque département d’unservice pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) chargé de faciliter l’accèsaux droits et aux dispositifs d’insertion. Le SPIP est la fusion de servicesintervenant en milieu ouvert, en direction des personnes condamnées libres(Comité de Probation et d’Assistance aux Libérés) et de ceux qui, intervenanten milieu fermé, en détention, prennent en charge les détenus (Service Socio-Éducatifs des établissements pénitentiaires).En 2003, une convention est signée entre le Centre national de laCinématographie, la Direction de l’administration pénitentiaire du ministèrede la Justice et la Délégation au développement et à l’action territoriale duministère de la Culture. Elle ouvre aux détenus le catalogue Images de laCulture, un fonds de films documentaires d’environ 2 000 titres.58 / projections actions cinéma / audiovisuel

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