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Projections - Passeurs d'images

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LES PUBLICS__ENQUÊTECHAQUE QUARTIER POSSÈDE SONHISTOIRE. CELLE DES BANLIEUESATTIRE EN GÉNÉRAL L’ATTENTION AUMOMENT D’UNE TRANSFORMATION,D’UN BOULEVERSEMENT OU D’UNFAIT DIVERS.COMMENT RECONSTITUER CETTE (OUCES) HISTOIRE(S) ? EN FAISANT APPELAUX IMAGES QUE LES HABITANTS ONTPU FILMER AU FIL DES ANS, À CELLESDONT ILS SE SOUVIENNENT. C’EST LETRAVAIL QU’ENTREPRENNENT DESCINÉASTES, DES CHERCHEURS ETSURTOUT LES HABITANTS EUX-MÊMES,EN QUÊTE DE LEUR PROPRE PASSÉ.PARCOURS À TRAVERS LA MÉMOIREDES QUARTIERS, À TRAVERS LESIMAGES, LES TRACES.Chronique d’une banlieu ordinaire de Dominique Cabrera © ISKRAParoles d’habitantsDémolitions, réhabilitations, reconstructions… Les grands ensembles occupent une place à part dans le paysage français,y compris dans le paysage cinématographique. Ils ont été filmés dans La Haine, Raï ou Ma 6-T va crack-er, que lacritique a vite rassemblés sous le label un peu méprisant de “banlieue-films”. Ils ont aussi fait l’objet d’approchesdocumentaires, fondées sur un même principe de départ : questionner ceux qui y vivent, mettre en scène l’évocationde leur vie présente, passée, à venir…article paru dans <strong>Projections</strong> n°11_mémoire des quartiers_mai 2004Dans son documentaire Printemps à laSource (2001), c’est le quotidien d’unepetite épicerie du quartier de la Source, àEpinay-sur-Seine que Chantal Briet a choiside filmer. Le dernier commerce du quartier,tenu par un homme, Ali. La documentaristeavait d’abord pensé à suivre les habitantschez eux, avant de décider de seconcentrer sur ce lieu de passage, de rendez-vousinformels.“La majorité du film a été tournée le matin,lorsque les gens venaient prendre le petitdéjeunerchez Ali. C’était un moment oùl’on ressentait une communauté, où lesgens se parlaient. Ali est quelqu’un de trèsouvert. Il faisait le lien entre les habitants etnotre équipe très réduite : l’ingénieur duson, le chef-opérateur et moi”.Une communauté dans laquelle elle s’estintégrée progressivement. “J’ai attendu unan avant de filmer. Durant cette période, jeme suis rendue là-bas très souvent, pourboire le café avec les clients. J’étais presquedevenue une habituée. Les gens ont comprisque je ne recherchais pas le sensationnel.Finalement, ce sont eux qui m’ontdemandé quand j’allais prendre macaméra”.Le film fait alterner conversations banaleset récits personnels. Une vieille dame expliquecomment elle doit remonter 8 étages àpied, seule avec son sac de commissions.Un homme relate l’agression dont il a étévictime. Ali critique la mauvaise volonté desélus, qui font la sourde oreille lorsqu’il leurdemande de rénover son local, devenu tropvétuste.“Je voulais dépasser les discours convenus,ceux qui évoquaient la banlieue à travers lesclichés habituels, la délinquance, la drogue.Il n’était pas utile de parler de la banlieuefrontalement. Les scènes de vie devaient enparler d’elles-mêmes”.Dominique Cabrera, elle aussi, a passébeaucoup de temps avec les habitants duVal Fourré à Mantes-la-Jolie : “deux ans etdemi, presque chaque semaine”. Elle les afilmé dans Chronique d’une banlieue ordinaireen train de visiter leurs anciens appartementsdéserts, en attente d’une futuredémolition.“Le point de départ fut la pièce de théâtre deAhmed Madani, intitulée La tour” raconteDominique Cabrera. “Elle mettait en scènela vie imaginée des habitants. J’ai filmé cespectacle et je me suis promenée dans l’immeuble,en regardant les papiers peints eten essayant d’imaginer moi aussi les viesqui s’étaient déroulées ici. La superpositiondes appartements m’a donné l’idée d’unfilm dans lequel les vies se répondraient enécho”.Arpentant des couloirs vides, les résidentsdes tours racontent leur passé : leur arrivéedans ces appartements vastes, les premierstravaux, la découverte d’une vie collectivequi a parfois modifié leur vision du mondeet de la société.Derrière la spontanéité des témoignages, seactions cinéma / audiovisuel projections / 47

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