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Projections - Passeurs d'images

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LES PUBLICS__RÉFLEXIONLe principe se généralise. Il consiste à intégrer dans les rencontresdes moments spéciaux destinés aux jeunes : ateliers,projections, séances en présence de réalisateurs et d’artistes.Dans cette perspective, le festival YEFF! (“Young europeanfilm forum for cultural diversity”) constitue un cas exemplaire.Il ne s’agit pas d’une rencontre d’éducation à l’image“classique” consacrée de prime abord aux adultes et aux professionnels,mais d’une manifestation entièrement destinéeaux jeunes. Elle est coordonnée au niveau européen par laRAA Berlin, agence de promotion de projets interculturels. Lapremière édition, qui s’est déroulée à Berlin en octobre 2005,réunissait 60 adolescents de 11 pays d’Europe. Elle a commencépar trois jours d’ateliers au cours desquels les groupesde jeunes devaient réaliser un film très rapidement, accompagnéspar des réalisateurs semi-professionnels, âgés entre 25 et30 ans.Le fait que les participants soient de toutes nationalités conféraitaux ateliers une dimension particulière. “Nous n’avionspas de traducteurs et, finalement, cela a été un bon point”explique Wanja Saatkamp. “Les jeunes ont été obligés d’essayerde communiquer en Anglais. La plupart n’ont pas eutrop de problèmes, à part les français et les espagnols”. Lesfilms, dont le thème devait être lié à celui de la diversité culturelle,ont été projetés durant la seconde partie de la semaine(ainsi que des films tournés par les réalisateurs encadrantsdans leur pays d’origine). “Ils parlaient de problèmes sociaux,de l’immigration clandestine, de la diversité au quotidien, dela façon dont elle fonctionne dans le quartier. Des questionsplus intimes étaient aussi abordées comme la puberté, les problèmespsychologiques, tout cela dans une optique positive,avec le désir de montrer des solutions”. De cette manifestation“sans compétition, car c’est souvent démotivant pour les jeunes”,Wanja Saatkamp tire un bilan positif. Des films “assezpersonnels dans le geste”, beaucoup de discussions “et decontroverses”, et des jeunes satisfaits d’avoir pu “exprimerleur opinion et leur vision si ouvertement. C’est rare, surtoutdevant un public international. Depuis, ils ont gardé des liensentre eux et avec les réalisateurs”.SÉPARER LES JEUNES DES PROFESSIONNELS ?Reste un sujet sur lequel les jeunes ne sont guère conviés às’exprimer, l’éducation à l’image elle-même. Tel un couperet,il finit par s’abattre, séparant les professionnels des jeunes.Pourtant, ces derniers n’auraient-ils pas un avis à donner surla question ?“Dans l’absolu, c’est concevable” répond Nicolas Huguenin.“Mais, quels jeunes ? Un adolescent issu d’un quartier ? Unjeune issu d’une école d’art ou d’une option Audiovisuel, quin’a fait qu’un seul atelier ? Je crains que cela ne devienne unpeu faux et je ne m’y risquerais pas, de peur que l’on m’accused’instrumentaliser les adolescents”.Lors des rencontres régionales “cinéville” Haute Normandie,Elvire Le Cossec a tenté l’expérience sous la forme d’un granddébat. Il rassemblait 90 jeunes de 8 à 20 ans et une dizainede professionnels, autour de la question des ateliers de réalisation.Le débat était amorcé par une projection. Résultat :“Un échec total. Les jeunes n’étaient pas bavards et nous noussommes retrouvés à parler entre adultes” déplore Elvire LeCossec, qui regrette de ne pas avoir aménagé un temps depause suffisant pour que les jeunes participants fassentconnaissance. “La prise de parole à froid empêche les idéesd’émerger. Pourtant, les jeunes ont toujours des choses à diredans des circonstances appropriées, quand ils sont en petitsgroupes, avec moi ou un animateur qu’ils connaissent”.Elle aurait voulu entendre leur “point de vue sur la façon dontdoit se dérouler un atelier : est-il nécessaire de faire un filmjusqu’au bout ? Le rendu final est-il important ? Seriez-vousprêts à faire des ateliers de montage simple, à partir d’imagesque vous n’auriez pas filmées ? Qu’avez-vous appris ?”. Elle ditn’avoir entendu que des esquisses de réponses. “Un adolescenta dit qu’il ne regardait plus les films et la télé de la même façon(…) une parole sincère car ils ne se privent pas, par ailleurs, dedire ce qui leur ne plait pas”. Durant l’après-midi qui a suivi, lesjeunes ont participé à un atelier Casting. Ils interprétaient uneséquence des 400 coups ou des Tontons flingueurs, sous le regardd’une directrice de casting jouée par une comédienne. Unmoment réussi. “J’aurais du inverser le programme” analyseElvire Le Cossec, “placer l’atelier avant le débat, histoire de briserla glace, d’échauffer les esprits et les corps”.À Transversales, des jeunes du Centre de formation desapprentis du bâtiment et des travaux publics de Quimper(Afobat) sont invités à raconter l’atelier qu’ils ont suivi avec laréalisatrice Valérie Minetto. Luc Bonfils souhaite que “des jeunesqui, d’habitude, sont un peu laissés pour compte, puissentaborder des notions d’éducation à l’image, livrer leursréflexions sur l’image”.Au fond, “est-ce aux jeunes d’énoncer les principes d’une éducationà l’image ?” se demande Nicolas Huguenin. “Est-ce auxélèves de déterminer le contenu des manuels scolaires ?”.Pour lui, il ne fait pas faire de “démagogie jeuniste”. C’est auxprofessionnels de faire ce travail en essayant de ne pas proposerdes choses absconses et de rester à l’écoute”.DAVID MATARASSORencontres régionales “cinéville” Haute Normandie © JG30 / projections actions cinéma / audiovisuel

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