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Projections - Passeurs d'images

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LES PUBLICS__ENQUÊTEPortrait à Montillet© Périphériecache une véritable collaboration entre la réalisatriceet les habitants en termes d’écriture.Dominique Cabrera déclare s’être inspirée dela méthode du cinéaste canadien PierrePerrault qui “recueillait des entretiens et travaillaitavec les gens sur cette base. Je savaisde quoi les personnes avaient envie de parler,j’avais des notes et juste avant de filmer, jeleurs rappelais ce qui avait été importantpour eux”.Tout cela pour aboutir à un “moment d’improvisation”,lorsque les gens reviennentpour la première fois dans leur ancien appartement,suivis en plan-séquence par lacaméra. Pour la réalisatrice, il n’était pasquestion de choisir les gens d’un “typagesociologique” mais par affinité : “nous noussommes choisis”. Elle assume son point devue de cinéaste extérieur à la cité du ValFourré, tout en pointant cependant la dimensionautobiographique du film. “J’ai passéune partie de mon enfance dans des citésayant quelque chose d’équivalent à celle-ci. Lelieu me rappelait certaines perceptions, certainesodeurs, un type de convivialité. Et puis,il y a une beauté de la lumière à certainesheures du matin ou du soir, dans un appartementde grand ensemble, que j’avais envie defilmer”.C’est précisément pour tordre le cou aux clichésque Mohamed Benabdallah, YacineBougnaoui et Nicolas Gautier ont tourné Lecri de la mouette, film d’atelier “un été auciné-cinéville” initié par Marie-Pierre Sou,directrice de la maison de quartier de LaChesnaie, à Saint-Nazaire, ainsi que par lesanimateurs Yoann Milles et Olivier Hamon.Celui-ci explique : “Il était question derecueillir en vidéo le sentiment des habitantssur leur quartier, les images et les représentationspositives ou négatives qu’ils en avaient.Les jeunes ont accepté, à condition de pouvoirdonner leur avis”. “La Chesnaie, ils ensont fiers” constate l’intervenant StéphaneChemin. “Ils y ont leurs racines”.Pour Mohamed Benabdallah, l’image de“quartier chaud” que traîne La Chesnaie n’aplus lieu d’être. “Nous voulions casser lespréjugés. Montrer autre chose que les voituresbrûlées. Nous avons insisté plutôt sur ladiversité culturelle, qui constitue une force”.Tous trois d’origines différentes, Yacine,Nicolas et Mohamed ont filmé les lieux où ilsont grandi, et qui leur servent de repères, àl’image des quatre hautes tours, “symbolesdu quartier”, que l’on peut apercevoir au loin.Ils interviewent également les habitants surles origines de La Chesnaie. L’un d’eux expliqueque la cité fut construite sur des terresagricoles au sortir de la Seconde GuerreMondiale et de la démolition de Saint-Nazairepour loger les travailleurs. Un autre se souvientde son enfance dans la ferme de sonpère, avant que les champs ne soient remplacéspar le béton.“Nous avons appris des choses que nousignorions” note Mohamed Benabdallah, touten faisant remarquer que “la communicationavec les personnes plus âgées est assez difficile.Ils ne nous respectent pas toujours et denotre côté, cela ne nous incite pas à leur parler.Ce film nous a donné l’occasion d’ensavoir un peu plus les uns sur les autres”.Travailler sur la mémoire de quartier, “celatisse des liens” confirme Jean-Patrick Lebelde l’association Périphérie, qui a organisé unatelier de réalisation sur ce thème dans laville du Blanc-Mesnil. L’atelier, qui s’inscrivaitdans le cadre d’un stage d’insertion, s’estdéroulé à la cité Pierre Montillet.“Elle a été bâtie en 1958” explique Jean-Patrick Lebel, “et devait faire l’objet d’uneopération de reconstruction. La missionPolitique de la ville pensait que celle-ci pouvaitêtre assez traumatisante pour la population.Elle a souhaité mettre en place un certainnombre d’actions culturelles. L’objectifde l’atelier était de dégager la valeur patrimonialeet humaine de ce lieu dans lequel despersonnes avaient passé toute leur vie”.En automne 2003, un groupe s’est rendudans la cité à la rencontre de ses habitants. Lasérie de courts métrages qu’ils ont réalisée,“Portraits à Montillet”, souligne la convivialitéqui y règne.“C’est vrai qu’il y a un “esprit Montillet”” noteJean-Patrick Lebel. “Pendant tout le temps oùnous sommes restés sur place pour travaillersur le montage des films, les gens passaientau local, venaient voir où en était le travail,nous apportaient des chocolats… Le film acontribué à revivifier cet “esprit Montillet”, àlui apporter un nouveau dynamisme”.Mais que peut ce type d’action face au bouleversementcausé par une opération d’urbanisme? A-t-il une vraie valeur ? “Oui” répondJean-Patrick Lebel. “À la première projection,les habitants étaient très heureux que l’ons’intéresse à eux, à leur existence, à leur histoire”.Autre exemple d’atelier ancré dans la vie d’unquartier et de ses habitants, celui réalisé dansles quartiers de l’Etang et de l’Europe, à PontAudemer (Haute Normandie), où des barresd’habitation doivent être démolies. En apprenantla nouvelle, Boujemaa Haki, responsabledu service Jeunesse/Famille de la ville adécidé de conserver une trace audiovisuelle.Avec l’aide de deux animatrices, il a effectuépendant un an des micro-trottoirs en vidéo.“Je connais bien ce quartier, certains habitantsy vivaient depuis 20 ou 30 ans” raconteBoujemaa Haki. “Ils avaient du mal à se faireà l’idée d’être relogés ailleurs. D’autres trouvaientcela normal compte tenu de l’état desbâtiments. Ils avaient envie d’appartementsplus grands, de salles de bain en meilleurétat”.À partir de ce matériau documentaire, ungroupe de jeunes a tourné une fiction :Dessine-moi une maison.“Nous avons visionné tous les rushes dumicro-trottoir” explique Thierry Carlier, l’intervenantréalisateur. “Certains habitantsnous ont séduit, surtout une dame, MmeMoulin, qui s’était installée dans ce quartiertrès jeune. Elle a vécu dans le même appartementune quarantaine d’années.Aujourd’hui, ses enfants sont partis. Nous48 / projections actions cinéma / audiovisuel

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