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L’ÊTRE HUMAIN ET LA SÉLECTION NATURELLELe désir <strong>de</strong> sauver, <strong>de</strong> faire vivre, parfois à tout prix, peut dénoter une négation <strong>de</strong> la mort au senslarge. Comme si on voulait oublier que la mort est indissociab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la vie et qu’el<strong>le</strong> comman<strong>de</strong> à l’être humain<strong>de</strong> reconnaître son impuissance. Les progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong>s techniques associées ont augmenté <strong>le</strong>pouvoir <strong>de</strong> l’homme sur son propre organisme et il est maintenant beaucoup moins vulnérab<strong>le</strong> à la maladie.Ce bénéfice immense pour l’humanité a permis <strong>de</strong> recu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la mort en prolongeant la vie; maistoute vie doit-el<strong>le</strong> être prolongée, et au nom <strong>de</strong> quoi ?Peut-être faut-il gar<strong>de</strong>r à l’esprit que l’être humain est un animal comme <strong>le</strong>s autres et qu’il est soumisaux lois <strong>de</strong> la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>. Cette sé<strong>le</strong>ction est bénéfique sur <strong>le</strong> plan évolutif puisqu’el<strong>le</strong> permet aux êtres<strong>le</strong>s mieux adaptés <strong>de</strong> survivre et d’éliminer <strong>le</strong>s moins bien adaptés. La sé<strong>le</strong>ction semb<strong>le</strong> se faire pour unegran<strong>de</strong> part in utero. La question se pose : En « sauvant » <strong>de</strong>s grands prématurés, interfère-t-on avec lasé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong> ? S’il y a interférence, est-el<strong>le</strong> toujours dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant ?L’affirmation que l’être humain est « un animal comme <strong>le</strong>s autres », qui est avancée notamment parcertains auteurs qui questionnent <strong>le</strong>s efforts héroïques <strong>de</strong> la néonatalogie, mérite d’être explicitée : même sil’être humain est pensant, doté <strong>de</strong> conscience réfléchie et capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> se projeter dans <strong>le</strong> temps, il restesemblab<strong>le</strong> à l’animal sur <strong>le</strong> plan biologique. Il est donc soumis aux lois <strong>de</strong> la nature. L’être humain aheureusement repoussé, grâce aux avancées techno-médica<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> la mort, maisel<strong>le</strong>s continuent <strong>de</strong> <strong>le</strong> défier. Par exemp<strong>le</strong>, bon nombre d’avortements spontanés surviennent au cours dupremier trimestre <strong>de</strong> la grossesse, mais, en contrepartie, on observe peu <strong>de</strong> mortalité à la naissance chez <strong>le</strong>snouveau-nés à terme. On peut extrapo<strong>le</strong>r en disant que l’avortement spontané est un mécanisme <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ctionnaturel<strong>le</strong> visant à favoriser la survie <strong>de</strong>s mieux adaptés. On pourrait aussi penser qu’une partie <strong>de</strong>savortements spontanés se produisant plus tard au cours <strong>de</strong> la grossesse pourraient faire partie du mêmeprocessus. Certaines <strong>de</strong>s naissances très prématurées étant dues à un problème assez important chez <strong>le</strong>fœtus, on peut y voir un phénomène <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>. Par contre, il faut être très pru<strong>de</strong>nt avec ce genred’interprétation évolutionniste, car <strong>le</strong> spectre <strong>de</strong> l’eugénisme (discours visant l’amélioration <strong>de</strong> la compositiongénétique <strong>de</strong> l’espèce humaine ou <strong>de</strong> certaines populations humaines selon <strong>de</strong>s critères qualitatifs subjectifs)n’est jamais bien loin.Ce débat est certes peu uti<strong>le</strong> lorsqu’il faut prendre la décision <strong>de</strong> réanimer ou non un nouveau-né à lalimite <strong>de</strong> la viabilité; il s’inscrit dans <strong>le</strong> cadre d’une réf<strong>le</strong>xion globa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s enjeux éthiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> etextrême prématurité dans un contexte <strong>de</strong> performance médico-technique : <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins tentent-ils parfois <strong>de</strong>« sauver » <strong>de</strong>s fœtus, ou <strong>de</strong>s bébés puisqu’ils agissent après la naissance, alors que ces <strong>de</strong>rniers ne sont pasréel<strong>le</strong>ment viab<strong>le</strong>s ? Les interventions médica<strong>le</strong>s relèveraient alors <strong>de</strong> l’acharnement thérapeutique.76

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