EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Monty Johnstone 171<br />
portés à accepter sans question les conseils et les instructions de Moscou quand ceux-ci<br />
leur semblaient être en contradiction avec leur propre expérience sur le plan britannique.<br />
Sur le plan culturel et personnel on peut constater une certaine dissonance et un<br />
certain manque de compréhension entre les dirigeants ouvriers du PCGB et les<br />
apparatchiks du Komintern. Lorsque les principaux dirigeants communistes britanniques,<br />
malgré des désaccords politiques entre eux, défendirent leur parti contre les attaques de<br />
Manouilsky au X e plénum du CE de l’IC en 1929, l’Écossais J.R. Campbell dit à ce dernier�:<br />
«�Ce n’est pas dans la tradition du PCGB de diviser le Parti en boucs et brebis… en ceux<br />
qui défendent le Parti et ceux qui ne le défendent pas. Tous sont unis dans un ardent désir<br />
d’appliquer la ligne générale.�» Et Manouilsky de répliquer�: «�Je ne connais pas l’usage<br />
britannique. Il se peut qu’il en soit ainsi. Mais je vais demander à nos amis britanniques�:<br />
quand vous aurez la révolution dans votre pays, il sera peut-être nécessaire d’amputer des<br />
têtes.�» Les communistes britanniques étaient «�une société de grands amis�» que le<br />
dirigeant du Komintern compara défavorablement avec les communistes allemands qui<br />
«�attaquent la moindre déviation sans exception pour personne�1�». Les Britanniques<br />
avaient souvent des difficultés à pénétrer le sens des longues instructions rédigées à<br />
Moscou dans une langue de bois Kominternienne. L’ancien dirigeant du PCGB,<br />
J.T.�Murphy, m’a dit qu’en recevant des matériaux pareils Harry Pollitt les lui donnait en<br />
disant�: «�Vois ce que tu peux tirer de compréhensible de ça.�»<br />
Une dialectique s’opère entre le pôle de l’Internationale et le pôle national, que l’on<br />
peut suivre dans les vicissitudes des débats au sommet dans les archives du Komintern. En<br />
général les communistes britanniques étaient prêts à faire confiance à Moscou et à soutenir<br />
la direction du PCUS sur les questions russes. Donc pas d’opposition trotskyste dans le PC<br />
britannique dans les années 20. Mais dès lors qu’il s’agissait d’affaires touchant directement<br />
à la Grande-Bretagne ou à l’Empire britannique, on voit ses représentants mener de dures<br />
luttes politiques dans les «�commissions anglaises�» de l’IC et ailleurs. En fin de compte il<br />
accepte la ligne de l’IC, mais essaye parfois d’en infléchir l’application.<br />
En août 1926, suite à la grève générale, il y eut un âpre débat dans le Présidium du<br />
CE de l’IC entre Staline et J.T. Murphy qui transmit une protestation du PCGB à propos de<br />
la violence d’une attaque lancée par la direction des syndicats soviétiques contre le TUC<br />
britannique�2. Deux ans plus tard, au VI e congrès du Komintern, on vit la majorité de la<br />
délégation du PCGB, aussi bien que le représentant de l’IC en Grande-Bretagne, Petrovski,<br />
s’opposer à la résolution sur la question nationale et coloniale parce qu’elle ne<br />
correspondait pas à l’analyse de la situation en Inde, dont des communistes britanniques<br />
avaient fait une étude particulière. Les délégués britanniques protestèrent contre l’attitude<br />
peu fraternelle envers leurs critiques dans un «�débat singulier�» où «�tant d’orateurs<br />
1.�International Press Correspondence, Vienne, v.�9, n°�53, 25 sept. 1929, p.�1139-1140.<br />
2.�J. STALIN, op. cit., t.�8, Moscou, 1954, p.�205-214�; J.T. MURPHY, New Horizons, Londres, 1942,<br />
p.�226-229.<br />
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