EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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262 Une histoire en révolution�? Du bon usage des archives, de Moscou et d’ailleurs<br />
trouvèrent plusieurs fois en contradiction avec l’orientation élaborée par l’IC (en suivant<br />
Staline). L’antitrotskysme allait faire le reste.<br />
Dans un premier temps, la fracture entre Moscou et Madrid s’élargit encore, car<br />
l’optimisme de la délégation en Espagne (c’est-à-dire Codovilla) lui fait croire que le<br />
soulèvement militaire est vaincu. C’est donc une magnifique occasion pour conquérir des<br />
positions, et même pour que le PCE saute le pas de la participation au gouvernement. Les<br />
premiers télégrammes sont triomphalistes. «�Le Front populaire est debout�» dit Medina à<br />
Manouilsky le 19 juillet�: si on arme le peuple «�on peut vaincre�». Le lendemain tout<br />
semble réglé :<br />
«�Insurrection militaire a été dominée. Dans quelques points du pays où situation encore<br />
anormale lutte se développe mais ne sont pas décisifs. Lutte a été sanglante et à mort.<br />
Milices ouvrières ont été décisives pour la victoire�1.�»<br />
Le 21 : «�sommes sûrs déroute définitive ennemi et début du grand pas vers<br />
réalisation programme révolution démocratique�». La seule «�tache noire�» vient des<br />
anarchistes, mais ce n’est pas très grave�: «�on appliquera la loi révolutionnaire�»,<br />
«�Insurrection fasciste en train d’être définitivement liquidée�», confirment, le 22, Luis et<br />
Diaz à Manouilsky et Dimitrov�; l’armée une fois dissoute doit être remplacée par des<br />
milices et ils demandent un avis sur ce point. La situation politique, tout aussi favorable,<br />
permet d’envisager l’autorisation de participer au gouvernement. Le 3 août encore : «�le<br />
cercle est en train de se refermer sur l’ennemi�», même si Codovilla reconnaît qu’«�il<br />
résiste de manière acharnée�». Face à cet obstacle, depuis le 29 juillet affleurait l’alibi de la<br />
conspiration et de l’espionnage : «�l’avantage de l’ennemi est qu’il a beaucoup d’espions<br />
dans le camp du gouvernement�».<br />
Mieux informé, le secrétariat de l’IC fut sans doute perplexe devant ce qu’on lui<br />
racontait depuis l’Espagne. À partir du 19 juillet se succèdent, presque angoissées, les<br />
questions de Dimitrov et Manouilsky sur la situation militaire et politique, sur le<br />
fonctionnement du Front populaire. On ne devait former un gouvernement de salut<br />
national avec la participation des socialistes et des communistes qu’en cas de situation<br />
désespérée. Évidemment pas question de remplacer l’armée par des milices populaires,<br />
mais nécessité au contraire d’attirer les officiers loyaux�; de ne penser qu’à la lutte pour la<br />
victoire en se gardant des excès�; d’éviter tout ce qui pouvait affaiblir le Front populaire�;<br />
de «�ne pas abandonner les positions du régime démocratique et de ne pas quitter le<br />
terrain de la défense de la République�». Et, bien sûr, informer sérieusement sur ce qui se<br />
passait. Lorsque la guerre arrive, le développement logique d’une politique fixée depuis<br />
des mois prend des contours précis avec la première longue note d’instructions adressées<br />
par le secrétariat de l’IC le 23 juillet 1936 :<br />
«�Vous ne devez pas vous laisser griser par les premiers succès. L’adversaire est capable de<br />
faire durer la guerre civile. Essayez d’obtenir le développement de l’offensive la plus décisive<br />
1.�CRCEDHC, 495-184-21bx.<br />
© 1996 - <strong>EUD</strong> - <strong>Institut</strong> d’histoire <strong>contemporaine</strong> - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bur. R56 - 21000 Dijon