EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Antonio Elorza 265<br />
selon lequel les communistes espagnols ne le supportent plus. Sa «�politique conduit à la<br />
défaite�», et on veut donc les mains libres pour l’écarter. La lettre dit clairement que les<br />
organes centraux de l’IC recommandent des solutions intermédiaires donnant la priorité au<br />
fonctionnement efficace du gouvernement. La proposition de séparer les deux<br />
responsabilités de Caballero, la présidence et le ministère de la guerre («�mais sans rompre<br />
avec Caballero, ni appliquer la décision qui concernait sa mise à l’écart�») s’inspire de cette<br />
ligne. Devant la gravité de la situation, Dimitrov demande «�conseil�» (sic) à Staline. De fait,<br />
le 11 avril, un télégramme de Citrine (Dimitrov ?) à «�Adler�» (José Diaz) conseillait que<br />
«�Spaak�» (Caballero) ne conserve que la direction du gouvernement. Le 17, Dimitrov<br />
s’adresse à nouveau à Staline sur cette question et rapporte les pressions de la direction du<br />
PCE contre Caballero. «�Vos conseils sont indispensables.�» Nous ne connaissons pas la<br />
réponse, mais il est clair que la confrontation avec Caballero vient d’Espagne, et non du<br />
Kremlin ou des bureaux de l’IC.<br />
En tout cas l’accélération des événements et la guerre rendaient très difficile<br />
l’application des directives et des consignes de la «�maison�». Les voyages à Moscou,<br />
moments d’élaboration de la stratégie, devaient être espacés et la communication par<br />
téléphone était soumise aux hasards du déchiffrement de clés complexes et aux risques<br />
d’interférence de la part de l’ennemi. Le recours à la médiation des dirigeants du PCF ne fut<br />
pas très probant. Bien des décisions furent donc adoptées sans que Moscou ait pu<br />
intervenir à temps, qu’il s’agisse de la formation du PSUC ou de l’entrée du «�trotskyste�»<br />
Nin dans le gouvernement de la Generalitat lors de la formation de celui de Largo<br />
Caballero. Le manque de maturité du groupe dirigeant du PCE, soumis à la tutelle d’acier de<br />
Codovilla, ne permettait pas de modifier sa manière d’appliquer la politique de front<br />
populaire. L’arrivée de Stepanov, encore plus sectaire, n’arrangea pas les choses tant que<br />
Geroe/Pedro restait à Barcelone. On trouve dans la documentation d’abondantes traces de<br />
la difficulté à communiquer et à appliquer les recommandations. Ainsi, le 26 octobre, Geroe<br />
se plaint-il :<br />
«�Je suis ici presque complètement isolé même de Madrid. Je voudrais bien avoir avec vous<br />
un contact bilatéral car jusqu’ici ce contact existe seulement unilatéralement. Pourtant pour<br />
le travail il serait infiniment important connaître vos opinions, avoir vos conseils et vos<br />
directives�1.�»<br />
Le manque de communication affectait les deux sens. Dans sa lettre du 30 juillet<br />
1937, Stepanov réalise que depuis un mois et demi il n’a rien communiqué à Moscou, mais<br />
le 7 mai il se plaint de ne recevoir aucune instruction de «�la maison�». Devant un<br />
événement grave, on ne pouvait que se lamenter, comme Codovilla le 13 octobre 1936<br />
lorsqu’il reçoit la condamnation par Moscou de la présence de Nin au gouvernement<br />
catalan�:<br />
1.�CRCEDHC, 495-10a-209 (original en français).<br />
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