EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Silvio Pons 179<br />
ajouta la «�critique�» des communistes occidentaux et, au contraire, omit toute référence à<br />
la question allemande. Dans la documentation même dont il s’occupa personnellement, à<br />
savoir le mémorandum en question et les versions préliminaires du rapport, des critiques à<br />
l’adresse des partis tchécoslovaque et yougoslave apparurent et furent ensuite enlevées.<br />
De plus, la très célèbre thèse des «�deux camps�», un trait distinctif de son rapport à la<br />
conférence, n’apparaissait pas dans les premières versions du document, mais dans une<br />
phase plus avancée de la préparation�1. Dans l’état actuel de la documentation, il n’est pas<br />
possible de distinguer la contribution de Staline de celle de Jdanov à la préparation du<br />
rapport, ni d’établir avec certitude, en particulier, la paternité de la thèse des «�deux<br />
camps�»�; même si l’ampleur des versions de la main de Jdanov nous porte à penser que<br />
son rôle ne fut pas celui d’un simple exécutant. De toute façon, ce qu’il faut remarquer c’est<br />
le caractère relativement incertain des aspects et des termes essentiels du document<br />
jusqu’à une phase avancée de son élaboration. Autrement dit, les matériaux d’archives<br />
montrent que le Kominform ne fut pas fondé sur la base d’un plan préétabli depuis<br />
longtemps et que, dans une certaine mesure, son profil politique fut improvisé en moins<br />
d’un mois.<br />
Cela ne signifie pas, comme nous l’avons vu, que le scénario de la conférence de<br />
Szklarska Poreba n’ait pas été préparé à l’avance par les soviétiques, afin d’éluder et de<br />
surmonter les résistances à prévoir de la part des autres partis, qui en effet surgirent et qui<br />
furent particulièrement fortes du côté polonais�2. Ce scénario ne correspondait<br />
pratiquement pas à celui que Staline lui-même avait concocté avec Gomulka, au moment<br />
de lancer la conférence�3, et qui prévoyait d’attribuer à ses travaux un sens beaucoup plus<br />
comminatoire pour tous les participants. Toutefois, même dans la réalisation du tour de vis<br />
préparé à l’avance, les manœuvres des soviétiques n’apparaissent pas complètement<br />
limpides. Le 23�septembre, avant que Malenkov formulât officiellement la proposition sur<br />
la seconde phase de la conférence, la délégation soviétique envoyait un message à Staline<br />
comportant l’affirmation que «�il est évident que tous les délégués soutiennent notre<br />
proposition sur la nécessité d’inclure dans le programme des travaux de la conférence le<br />
rapport sur la situation internationale et le rapport sur la coordination des activités des partis<br />
communistes�4�». Le 25 septembre, Jdanov eut une conversation téléphonique avec<br />
Molotov, en marge de laquelle il fit cette annotation�: «�l’Informburo est nécessaire. On ne<br />
peut procéder sans des fonctions de coordination�5�». Mais deux jours après, il envoya à<br />
Staline un télégramme formulé comme suit�: «�nous avons reçu votre directive sur<br />
l’attribution à l’Informburo des fonctions de coordination. Il faut remarquer que dans leurs<br />
1.�Cf. L. GIBJANSKIJ, «�Kak voznik Kominform. Po novym arkhivnym materialam�», Novaja i Noveisaja<br />
Istoriia, 1993, p.�131-52.<br />
2.�Ibid., p.�149-50.<br />
3.�Cf. G.M. ADIBEKOV, Kominform i poslevoennaja Evropa, Moskva, 1994, p.�23-24.<br />
4.�CRCEDHC, f. 77, op. 3, d.92, l.11.<br />
5.�CRCEDHC, f.77, op.3, d.93, l.50.<br />
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