EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Antonio Elorza 251<br />
que la cohésion interne commençait à être ébranlée. Elle le fut plus encore par les élections<br />
parlementaires de la fin 1933, quand le parti ayant désobéi à Malaga aux consignes de<br />
participation solitaire de l’IC, le docteur Bolivar y fut le seul député communiste élu aux<br />
Cortes. Tout indiquait qu’il fallait oublier la «�révolution espagnole�» de Stepanov et<br />
réorienter la politique du parti vers d’autres secteurs ouvriers, d’autant plus qu’avec la<br />
radicalisation socialiste l’arrivée de militants de ce courant avait cessé.<br />
Le prologue de la «�perestroïka�» vint d’une initiative de Dolores Ibarruri lors de son<br />
séjour à Moscou dans les premiers mois de 1934. Elle a raconté dans une note<br />
autobiographique conservée dans les archives du PCE, ses craintes de connaître le même<br />
sort que Bullejos lorsqu’elle manifesta, la veille de son retour en Espagne, son désaccord<br />
avec le sectarisme de la politique syndicale imposée par la «�maison�». Il en résulta une<br />
rectification partielle décidée par la commission politique du secrétariat de l’IC, le 24 avril<br />
1934. Mais pour un véritable changement, il fallut attendre qu’un vent nouveau soufflât<br />
dans la «�maison�», avec l’arrivée de Dimitrov et la préparation du VII e �congrès. M. Dassú a<br />
reconstruit les premiers pas de la commission et a montré comment, dès le 2 juillet,<br />
Dimitrov, devant le caractère central de la menace fasciste, propose de réviser la politique<br />
de front unique et de reconsidérer le rôle de la social-démocratie. Et le 8, lorsqu’il examine<br />
la campagne de front unique pour sauver Thälmann, seul le PCF échappe à la réprimande<br />
adressée aux partis qui ne décidèrent «�qu’avec retard et de manière insuffisamment<br />
sérieuse�» de chercher un accord avec la social-démocratie. Avec d’autres, le PCE était<br />
clairement désigné. Codovilla avait beaucoup d’éléments pour prévoir un changement de<br />
cap, que rien ne l’empêchait de suivre. D’où la nouveauté de son intervention le 15 juillet,<br />
devant la «�commission Dimitrov�». Il évoque le danger fasciste en Espagne et la forte<br />
réponse unitaire de la classe ouvrière. Les élections de Malaga n’étaient plus une hérésie,<br />
mais un exemple de la manière dont le PCE (c’est-à-dire lui-même) avait perçu les<br />
exigences de la nouvelle situation. «�Les masses�» exigeaient la fin de l’affrontement entre<br />
communistes et socialistes. Dans le discours de Codovilla pointait déjà l’idée d’un bloc<br />
populaire�:<br />
«�La réalisation du front unique n’était pas seulement le résultat de notre propagande, ce fut<br />
surtout l’état d’esprit qui se créa dans les masses après l’avènement du fascisme en<br />
Allemagne. Après ledit avènement les masses travailleuses s’emparèrent de cette idée : il faut<br />
réunir dans un seul bloc toutes les forces ouvrières qui existent, tous les partis qui luttent<br />
contre le fascisme�1.�»<br />
Un peu plus tard, José Diaz, à Moscou avec une délégation espagnole, renouvelle<br />
l’attaque. Il souligne le divorce entre les masses et la politique du PCE alors que<br />
l’antifascisme est devenu central dans la conscience politique des travailleurs. Il mentionne<br />
Malaga, le caractère erroné de la campagne antisocialiste, bref les attitudes globalement<br />
sectaires. La nouvelle stratégie doit s’adapter à la combativité ouvrière contre le fascisme<br />
1.�CRCEDHC, 495-32-142 (original en français).<br />
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