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EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...

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250 Une histoire en révolution�? Du bon usage des archives, de Moscou et d’ailleurs<br />

Tant que durait la formation du prince, le pouvoir de Codovilla sur la direction<br />

espagnole était pratiquement illimité. André Marty, en visite à Madrid en septembre 1936,<br />

le décrit comme un véritable «�cacique�». Dolores Ibarruri, malgré de bonnes relations<br />

personnelles avec Codovilla, est encore plus nette lorsqu’elle commente, un an plus tard, la<br />

fin des fonctions de l’Argentin en Espagne : «�la méthode de travail de Louis rendait<br />

inutiles les réunions du BP en leur enlevant toute importance�1�». Cette longue<br />

responsabilité devait beaucoup à la rigidité de l’expert de l’IC sur l’Espagne, le Bulgare<br />

Miniev (A. Stepanov), secrétaire pour les pays latins (RLS), très tenté par les constructions<br />

schématiques d’où surgissait la formule révolutionnaire à l’état pur et, avec elle, la<br />

disqualification de tous ceux qui la repoussaient ou prétendaient la nuancer. Ses<br />

élaborations théoriques, dignes de ses origines – l’opposition de gauche – laissaient du<br />

champ à l’action de Codovilla sur le terrain, pour autant qu’il respectât le dualisme de la<br />

vision «�classe contre classe�». L’éloignement, le caractère marginal du pays, l’absence de<br />

compétence linguistique poussaient enfin à une très forte personnalisation du thème<br />

espagnol. Au niveau du sommet le spécialiste de l’Espagne était Manouilsky, qui s’obstinait<br />

depuis 1931 à forcer le parallélisme entre la Russie et l’Espagne et qui, en tant qu’homme<br />

de confiance de Staline, pouvait lui donner la satisfaction d’un foyer d’instabilité sur l’arrièregarde<br />

des puissances capitalistes de l’Europe occidentale. La remarque de Ercoli (Togliatti)<br />

pour expliquer la condamnation du groupe Bullejos demeurait donc toujours valable : il ne<br />

s’agissait pas de rectifier une ligne politique mais de créer un parti communiste qui<br />

n’existait pas encore.<br />

En 1932-1933, le PCE grandit grâce aux frustrations engendrées par la politique du<br />

gouvernement républicano-socialiste. Il n’a donc pas de raisons de changer de cap. De<br />

telles raisons apparaissent brusquement à l’automne 1933, quand la situation politique<br />

penche à droite, avec l’apparition des premières formations fascistes et avec l’explosion<br />

électorale de la CEDA (coalition conservatrice contre-révolutionnaire) accompagnée, en<br />

contrepoint, par la radicalisation des organisations socialistes engagées jusqu’alors dans une<br />

coalition gouvernementale, ce qui permettait de les accuser de «�social-fascisme�». Mais<br />

depuis la fin 1933, non seulement le parti socialiste (PSOE) commençait à utiliser un<br />

langage révolutionnaire crédible pour les travailleurs, mais encore les premières actions<br />

antifascistes effaçaient la ligne de démarcation entre socialistes et communistes.<br />

L’exemple extérieur, avec les événements d’Autriche et la possibilité d’établir un parallèle<br />

entre la CEDA et Dollfuss, fit surgir les premiers doutes chez les dirigeants du PCE, que<br />

leur situation de dépendance fit taire. Ils furent exprimés par une recrue récente, José<br />

Antonio Balbontín, leader jusqu’en 1933 d’un petit groupe de républicains de gauche, qui<br />

se permit de combattre en présence de Codovilla la politique d’isolement révolutionnaire,<br />

d’antisocialisme et de refus de la démocratie. Il fut exclu, mais son désaccord était le signe<br />

1.�CRCEDHC, 495-74-209 (original en français).<br />

© 1996 - <strong>EUD</strong> - <strong>Institut</strong> d’histoire <strong>contemporaine</strong> - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bur. R56 - 21000 Dijon

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