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EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...

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234 Une histoire en révolution�? Du bon usage des archives, de Moscou et d’ailleurs<br />

en quête d’une nouvelle jeunesse, et surtout d’une caution à gauche qui soit susceptible de<br />

faire oublier quelques égarements dans les combinaisons d’union nationale.<br />

La guerre d’Espagne qui éclate en juillet 1936 élargit à nouveau le fossé qui sépare la<br />

majeure partie des radicaux, partisans de la non-intervention en Espagne, et les<br />

communistes. Toutefois, les archives de l’ex-<strong>Institut</strong> Marx-Engels démontrent<br />

l’importance, pour ces derniers, du contact établi avec les radicaux à partir de 1935, et dont<br />

le souci transparaît dans les décisions du Bureau politique du parti communiste français<br />

jusqu’à l’extrême fin de l’année 1938�1. Ainsi, le 15 décembre 1938, alors que Daladier a<br />

choisi l’alliance à droite, Maurice Thorez souligne, dans un rapport présenté au Bureau<br />

politique, la volonté du Parti communiste de se rapprocher des radicaux. Vœu pieux pourrat-on<br />

penser, mais vœu dont il faut remarquer la récurrence.<br />

En conclusion de cette première partie, on peut dire que les archives de<br />

l’Internationale communiste ne révolutionnent pas l’historiographie du radicalisme. Ceux<br />

qui avaient eu, avant 1992, le courage de s’atteler à l’étude des organisations de masse<br />

évoquées plus haut ont, de façon générale, vu juste. Ainsi pour le RUP, Rachel Mazuy, grâce<br />

à l’exploitation des fonds de la Bibliothèque marxiste de Paris, avait mis en valeur le rôle des<br />

communistes dans la genèse du Rassemblement. On peut aujourd’hui, avec les archives<br />

russes, trouver un certain nombre de chaînons manquants, confirmer des intuitions, établir<br />

avec une certaine précision le rôle des différents protagonistes. La chronologie de l’histoire<br />

des relations entre radicaux et communistes ne s’en trouve pas modifiée. On y voit bien<br />

l’intérêt des communistes pour les radicaux après 1934. Mais cet intérêt ne revêt de forme<br />

achevée qu’après l’été 1935�: il apparaît clairement tactique et s’inscrit dans des modes de<br />

relations prédéfinis. Les radicaux sont toujours perçus de manière indifférenciée. Les<br />

communistes semblent n’établir entre eux aucun distinguo et leur fréquentation accrue ne<br />

donne matière ni à une analyse approfondie ni à une esquisse de typologie. Pour eux, le<br />

radicalisme incarne les classes moyennes. C’est cette incarnation, dans un contexte redouté<br />

de fascisation des classes moyennes, qui justifie le rapprochement et lui donne tout son<br />

sens.<br />

L’APPORT AU RADICALISME LUI-MEME�: DE NOUVELLES SOURCES<br />

Compte tenu de la relative pauvreté des sources concernant le Parti radical dans la<br />

première moitié du XX e siècle�2, l’ouverture des archives à Moscou ne pouvait manquer de<br />

susciter, de façon légitime, quelques espoirs. Ôtons, toutefois, toute illusion à ceux qui<br />

1.�À partir de 1936, apparaissent dans les archives du Komintern des coupures de presse françaises<br />

ayant trait à des manifestations radicales (cf. un article du Temps à propos du congrès radicalsocialiste<br />

daté du 16 oct. 1936). Tout au long de l’année 1938, les décisions du Bureau politique du<br />

PCF vont dans le sens de celle du 20 janvier, qui préconise de «�donner des directives aux cadres du<br />

Parti et aux régions pour multiplier les contacts avec les socialistes et les radicaux�» (CRCEDHC, 495-<br />

10a-18).<br />

2.�Sur les sources de l’histoire du radicalisme avant 1939, cf. Serge BERSTEIN, op. cit., p.�601-603.<br />

© 1996 - <strong>EUD</strong> - <strong>Institut</strong> d’histoire <strong>contemporaine</strong> - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bur. R56 - 21000 Dijon

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