EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Serge Wolikow 279<br />
rapidement au cours des années vingt avant de se stabiliser dans la décennie suivante.<br />
Révélatrice à cet égard est l’attitude des dirigeants de l’IC envers le PCF à l’automne 1934,<br />
lors de l’élaboration de l’orientation de front populaire. Ils sont à la fois soucieux d’impulser<br />
une orientation de front unique, supposant l’action commune entre socialistes et<br />
communistes conformément à un schéma classique, mais comprennent mal les initiatives<br />
des communistes français en direction des radicaux�1.<br />
La transformation des archives et leur perte relative de substance, dans les années<br />
trente, reflètent la bureaucratisation du Komintern. Cependant elles donnent également<br />
du relief et de la consistance aux incompréhensions durables qui s’instituent entre les<br />
dirigeants de certaines sections nationales comme le PCF et ceux de la direction de l’IC.<br />
Elles font percevoir que ces tensions s’enracinent dans des différences d’approches, ellesmêmes<br />
inséparables des expériences politiques auxquelles les dirigeants communistes se<br />
trouvent liés. Ainsi la persistance des liens à caractère hiérarchique entre le centre du<br />
Komintern et ses sections nationales non seulement n’exclut pas, mais s’affirme à travers<br />
des conflits larvés qui ont remplacé les affrontements idéologiques des premiers temps.<br />
Les relations entre la direction de l’IC et celle du PCF durant la Drôle de guerre illustrent<br />
assez bien cette situation paradoxale d’une direction de l’IC qui déploie des moyens<br />
illégaux pour renouer des liens avec un parti communiste secoué par la rupture stratégique<br />
qu’il doit adopter. La correspondance échangée, les discussions à Moscou d’autre part, font<br />
apparaître notamment en mai, juin et juillet 40 les hésitations et les incertitudes qui<br />
affectent la politique de l’IC, partagée entre sa soumission absolue aux impératifs de la<br />
diplomatie soviétique et son souci de préserver l’avenir des partis communistes dans les<br />
zones occupées par les Allemands�2.<br />
Ces remarques nous conduisent à examiner comment, après l’ouverture des<br />
principaux fonds d’archives de l’IC, et grâce à une connaissance plus précise du<br />
fonctionnement de l’IC, on peut désormais concevoir l’histoire des sections nationales,<br />
notamment le PCF, en dépassant d’anciennes antinomies qui dominaient l’historiographie.<br />
Dans un premier temps et à première vue, les archives de l’IC font ressortir<br />
l’importance des liaisons permanentes et étroites que les sections nationales entretenaient<br />
avec le centre de l’Internationale. Peut-on, pour autant, en déduire qu’il n’y a qu’une histoire<br />
générale de l’IC, dont les sections ne seraient que de simples prolongements�? Je ne<br />
pense pas davantage qu’il soit juste de concevoir l’histoire d’une section nationale<br />
indépendamment de celle de l’IC. Extériorité ou intériorité des sections nationales, tel est<br />
le faux dilemme auquel ces deux approches, inverses mais complémentaires, prétendent<br />
répondre. Du point de vue historiographique, elles ont longtemps été corrélées avec des<br />
1.�S. WOLIKOW, Le Front populaire en France, Bruxelles, 1996.<br />
2.�S. WOLIKOW, «�Le PCF et les débuts de la Résistance�», in Mémoire et Histoire�: la Résistance, sous<br />
la dir. de J.-M. GUILLON et P. LABORIE, Toulouse, 1995, p.�183-198.<br />
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