EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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190 Une histoire en révolution�? Du bon usage des archives, de Moscou et d’ailleurs<br />
de l’IC. Ces différentes archives apparaissent ainsi utiles à des recherches d’histoire<br />
politique qui débordent largement l’histoire du communisme. Bien que la contribution de<br />
ces archives reste limitée pour l’histoire du radicalisme français, elles permettent des<br />
éclairages nouveaux sur des questions souvent mal connues, touchant à l’activité<br />
internationale et gouvernementale.<br />
La masse documentaire et l’importance des dossiers biographiques conservés dans<br />
les archives de l’IC autorisent des recherches d’histoire sociale, comme l’expose Rémi<br />
Skoutelsky. Les dossiers des volontaires français partis combattre en Espagne dans les<br />
rangs des Brigades Internationales constituent un matériau à partir duquel des études<br />
quantitatives deviennent possibles, ainsi qu’une investigation de caractère<br />
prosopographique. Tout en démystifiant cette source qui demande de nombreuses<br />
précautions critiques, il montre leur caractère irremplaçable, explorant ainsi une orientation<br />
de recherche d’autant plus prometteuse que des données biographiques se retrouvent<br />
dans de nombreux fonds.<br />
L’exploitation des fonds des instances dirigeantes et des sections nationales<br />
contribue, dès maintenant, au renouvellement de l’histoire politique générale de<br />
l’Internationale communiste et de ses sections. Brigitte Studer insiste à juste titre sur la<br />
possibilité qu’offre ces archives de penser conjointement les deux pôles de l’organisation<br />
communiste internationale et de comprendre ce que signifie le secret dans un mode de<br />
fonctionnement et d’activité marqué, à travers l’exemple suisse, par une dissymétrie<br />
croissante entre le centre et ses sections. Antonio Elorza retrouve, au long de son étude<br />
minutieuse sur le cas espagnol, cette importance des décisions et des orientations<br />
élaborées à Moscou, au sein d’un groupe dirigeant pour lequel les préoccupations<br />
diplomatiques viennent nuancer les stéréotypes bolcheviks à travers lesquels la situation<br />
espagnole continue d’être lue. L’analyse exhaustive de la documentation, y compris la<br />
correspondance par télégrammes chiffrés, restitue toute la difficulté d’une organisation<br />
centrale en proie à des exigences stratégiques contradictoires et appuyée sur des cadres<br />
mal préparés à mettre en œuvre une politique de front populaire jamais véritablement<br />
acceptée. L’étude met justement en valeur comment la conception du «�bloc�» populaire<br />
fait la part belle aux thèses les plus traditionnelles de la conquête de l’hégémonie par le<br />
PCE. Les représentants de l’IC, pour lesquels le modèle bolchevik de conquête du pouvoir<br />
reste valable, appuient cette position malgré les aménagements tactiques imposés par le<br />
contexte. De ce point de vue le poids de l’expérience politique propre du PCE est<br />
beaucoup plus faible que celle du PCF. Ses dirigeants, bien que leur choix ait été contrôlé<br />
de près par l’IC, manifestent une propension beaucoup plus forte à la prise d’initiatives<br />
allant dans le sens d’un front populaire dont les références sont très différentes du modèle<br />
bolchevik. Le poids du système politique français, l’enjeu que représente en France<br />
l’existence d’une majorité parlementaire favorable à l’alliance avec l’URSS, sont autant de<br />
facteurs qui permettent de mieux comprendre la marge de manœuvre dont jouit le PCF<br />
© 1996 - <strong>EUD</strong> - <strong>Institut</strong> d’histoire <strong>contemporaine</strong> - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bur. R56 - 21000 Dijon