EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...
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Antonio Elorza 253<br />
de l’Espagne sera maintenue jusqu’à la capitulation franco-britannique de Munich, en<br />
septembre 1938 et elle éclaire fortement la politique de l’IC, en 1936, face à la Guerre<br />
civile. De fait, le message fut rapidement capté par l’ambassadeur du Royaume-Uni à<br />
Moscou qui informe le Foreign Office le 22 octobre 1934�:<br />
«�L’analyse développée par les Izvestiya au sujet des origines de la révolte, telle qu’elle fut<br />
exprimée dans un éditorial daté du 8 octobre, est que celle-ci a été provoquée par le fait que<br />
la révolution “démocratique-bourgeoise” s’est muée en une contre-révolution fasciste. […]<br />
En conséquence de quoi les ouvriers ont pu passer à l’action dès que les fascistes ont pris<br />
le contrôle du gouvernement en s’inspirant sans aucun doute des récents événements en<br />
Allemagne et en Autriche. La révolte étant une révolte dirigée contre le fascisme, elle prenait<br />
du même coup une signification internationale�1.�»<br />
En plein développement de l’insurrection et de la grève générale, la commission<br />
politique de l’IC peut ainsi s’adresser au CC du PCE pour qu’il accompagne la lutte d’un<br />
appel «�au parti de la gauche républicaine�» de Azaña et à l’«�Esquerra de Catalunya�», et<br />
propose un vaste rassemblement antifasciste composé «�de l’alliance ouvrière et de ces<br />
partis�». Toujours prêt à exécuter le premier les instructions, Codovilla répond le 11 au<br />
télégramme du 8 octobre et se déclare «�complètement d’accord avec votre proposition de<br />
créer un rassemblement antifasciste�». Il est «�déjà en train de travailler dans cette voie<br />
avec le parti radical, le parti socialiste, la gauche républicaine�». Dans le manifeste «�à tous<br />
les ouvriers et paysans d’Espagne, de Catalogne, du Pays basque et de Galice�», du 27<br />
octobre 1934 (trois jours après le discours de Thorez à Nantes) et qui correspond à une<br />
circulaire interne du même jour, le CC du PCE définit l’objectif de «�former un seul bloc<br />
antifasciste�2�». «�Notre parti [précisait la circulaire] doit rassembler dans un seul bloc<br />
antifasciste tous ceux qui veulent lutter contre la réaction et le fascisme, contre le<br />
gouvernement Lerroux-Gil Robles.�» le PCE espérait ainsi «�devenir l’axe de la lutte<br />
antifasciste en Espagne�».<br />
La «�perestroïka�» du PCE ne fut pas aussi soudaine. Si l’appel du 27 octobre<br />
proposait le bloc antifasciste, en prenant comme base que «�le peuple entier veut la<br />
liberté�», ce texte et l’article officiel de Togliatti publié dans le même numéro de La<br />
Correspondance internationale, donnent toujours la priorité à l’objectif consistant à<br />
reproduire en Espagne le processus révolutionnaire de 1917. Les cinq «�Vive�!�» de la fin<br />
de l’appel commencent par le gouvernement ouvrier et paysan et les soviets. De son côté,<br />
Togliatti, bien que parlant à peine des soviets, faisait de la lutte ouvrière «�pour la défense<br />
de ses libertés et pour le pouvoir�», un stade du processus révolutionnaire espagnol sous le<br />
drapeau de l’IC�3.<br />
1.�Public Record Office, FO 371/18597, 69413.<br />
2.�La Correspondance internationale, n°�100-101, p.�1026.<br />
3.�«�La guerre civile en Espagne et les tâches du prolétariat international�», ibid.<br />
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