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EUD - Institut d'histoire contemporaine - Centre Georges Chevrier ...

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266 Une histoire en révolution�? Du bon usage des archives, de Moscou et d’ailleurs<br />

«�Je m’explique très bien l’amertume de la lettre que vous m’avez envoyée, à moi, à D. (Diaz),<br />

à P. (Pedro) au sujet de ce qui s’est produit en Catalogne. Effectivement il s’agit d’une erreur<br />

politique très grave que nous ne devrions pas avoir commise. […] Vous avez<br />

complètement raison : nous ne devions pas participer dans un gouvernement avec le<br />

provocateur trotskyste, et encore moins avec le traître Nin, agent de Trotsky en Espagne,<br />

aussi criminel et assassin que lui�1.�»<br />

Oublis et erreurs, bien sûr, mais aussi plus grande autonomie de la délégation de l’IC<br />

qui, selon le témoignage de Marty, gère de manière autocratique l’activité politique,<br />

prenant les mesures qu’elle juge opportunes, conduisant les conversations de haut niveau,<br />

recevant les principales informations et rédigeant même les éditoriaux de Mundo Obrero.<br />

Il n’est donc pas étonnant que derrière discours et communiqués, dans l’application de la<br />

politique de Front populaire menée entre juillet 1936 et juillet 1937 (arrivée de Togliatti),<br />

la priorité n’ait pas été le front mais le bloc, qui veut donner une hégémonie politique et<br />

militaire de plus en plus grande au PCE. L’intervention de Codovilla lors du BP du 30 juillet<br />

1937, à la veille de sa disgrâce – mais il a déjà réussi à faire tomber le gouvernement de<br />

Largo Caballero et le pouvoir est occupé par un homme ouvert à l’égard du PCE, Juan<br />

Negrin�2 – pourrait servir d’exemple : on peut gagner la guerre, mais à condition que ce<br />

soit le PCE qui la dirige, car c’est en lui que les masses ont confiance («�parce qu’elles<br />

voient en lui le seul qui soit capable d’organiser toutes les énergies qui existent dans notre<br />

peuple�»). Le gouvernement qui disparaît ne représente rien car il faut qu’«�il se<br />

débarrasse du lest bourgeois�». Quand le parti occupe une position de pouvoir il ne doit pas<br />

la partager. De même, il faudrait que l’unité avec les socialistes se fasse en sautant pardessus<br />

les comités de liaison qui ont été mis en place.<br />

Ces propos font douter de la sincérité de l’application des consignes de front<br />

populaire : c’est une autre logique politique. On peut dire la même chose des rapports de<br />

Stepanov, où le Front populaire sert à justifier des décisions politiques conformes aux<br />

intérêts communistes. Dans l’étape finale de Largo Caballero, il présente le PCE comme le<br />

porte-parole des intérêts politiques et militaires des masses et des soldats de la<br />

République. Mais le cadre rappelle celui des procès de Moscou : tous ceux qui s’agitent<br />

autour sont des traîtres qui mènent la République à sa perte. Au premier plan, les anarcho-<br />

1.�CRCEDHC, 495-10a-213. Id.<br />

2.�Dans les notes que les ministres communistes remettent à Togliatti, conservées dans les notes de<br />

l’<strong>Institut</strong> Gramsci, cette coordination est évidente, avec des réunions qui précèdent ou qui suivent<br />

les Conseils des ministres. Dans le compte rendu concernant le Conseil du 15 mars 1938 on<br />

consigne�: «�il reprend nos propositions l’une après l’autre et il dit qu’il est d’accord�». De même<br />

dans l’affaire Nin, l’attitude de Negrin tend à justifier ce qui s’est passé. Quand, lors d’une sévère<br />

discussion avec le ministre basque Irujo, le 25 octobre 1937, celui-ci rappelle que «�Nin n’a pas<br />

réapparu�», la réponse de Negrin est : «�Qu’importe. C’est un de plus.�» Les abréviations des notes<br />

font entrevoir que Negrin était pour une politique de terreur. Les notes consignent : «�Il faut fusiller,<br />

etc.�» après l’évocation du procès du POUM. C’est ainsi que l’on pourrait éviter des campagnes pour<br />

l’amnistie des détenus (Texte dans le fonds Togliatti, <strong>Institut</strong> Gramsci, Rome).<br />

© 1996 - <strong>EUD</strong> - <strong>Institut</strong> d’histoire <strong>contemporaine</strong> - UMR CNRS 5605 - uB - 2 bd Gabriel - bur. R56 - 21000 Dijon

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