L’ETAT DE DROIT
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CHAPITRE 1 | EXPLORER <strong>L’ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>DROIT</strong><br />
exercer librement leur droit de vote. En conséquence, pour qu’interviennent des élections<br />
ouvertes, la démocratie implique la liberté des médias, de la parole, de se syndiquer et<br />
l’absence de violence politique ou de coercition. Cela signifie également que les élections<br />
soient justes, c’est-à-dire qu’elles ne fassent pas l’objet de corruption ou d’achat de voix. La<br />
tenue d’élections libres et justes exige donc un certain degré d’État de droit pour réduire<br />
la violence politique, la coercition et la corruption.<br />
b. Pour davantage de maximalistes, la démocratie exige une égalité économique et sociale<br />
suffisante pour conférer à tous les citoyens une voix égale dans le gouvernement. Cette<br />
conviction peut, par exemple, être notée dans la constitution postapartheid de l’Afrique<br />
du Sud qui prévoit des garanties de droits sur les plans social et économique.<br />
*RACHEL KLEINFELD<br />
est adjointe principale du<br />
programme consacré à la<br />
Démocratie et à l’État de<br />
droit à la Dotation Carnegie<br />
pour la paix internationale,<br />
au sein de laquelle ses<br />
travaux s’articulent autour<br />
des questions de sécurité<br />
et de gouvernance dans les<br />
pays sortant d’un conflit,<br />
les États fragiles et les pays<br />
en phase de transition vers<br />
la démocratie. En qualité<br />
de fondatrice du Truman<br />
National Security Project,<br />
elle a occupé pendant<br />
neuf ans les fonctions de<br />
directrice générale d’un<br />
mouvement de sécurité<br />
nationale composé de<br />
dirigeants politiques et de<br />
chefs militaires travaillant à<br />
l’amélioration des politiques<br />
de sécurité des États-Unis,<br />
efforts qu’elle poursuit<br />
en tant que présidente<br />
émérite. Madame Kleinfeld<br />
a également été retenue par<br />
l’ancienne secrétaire d’État<br />
Hillary Clinton pour assurer<br />
la mission de membre<br />
fondateur du conseil de<br />
politique étrangère du<br />
département d’État, dont le<br />
rôle consistait à fournir des<br />
conseils à la secrétaire d’État<br />
tous les trimestres de 2011<br />
à 2014. Elle est l’auteur de<br />
l’ouvrage « Advancing the<br />
Rule of Law Abroad: Next<br />
Generation Reform » (2012).<br />
La bonne gouvernance est devenue le principal moyen dont se servent les donateurs<br />
internationaux et les autres acteurs du développement pour discuter de politique dans les pays<br />
en développement. Il s’agit d’un objectif figurant dans de nombreux programmes d’aide, qui<br />
constitue quelquefois une condition pour l’aide économique et l’attribution de prêts. Bien que les<br />
donateurs ne soient pas d’accord sur ce qu’implique précisément une bonne gouvernance, celleci<br />
entend, en règle générale, une organisation bureaucratique efficace ainsi que des notions de<br />
responsabilité et de transparence dans la prise des décisions gouvernementales ; d’autres donateurs<br />
y ajoutent une priorité accrue aux critères d’inclusion et d’état de droit.<br />
• Le Fonds monétaire international souligne l’importance des aspects économiques d’une<br />
bonne gouvernance, notamment l’efficacité du secteur public, la transparence financière, la<br />
responsabilité et la lutte contre la corruption 23 .<br />
• Le Programme des Nations Unies pour le développement adopte un point de vue plus politique,<br />
se concentrant sur un gouvernement compétent, responsable, inclusif et transparent tout en<br />
désignant la bonne gouvernance par le terme de « gouvernance démocratique 24 ».<br />
• Le ministère britannique du Développement international assimile également la bonne<br />
gouvernance à une gouvernance compétente, responsable et à l’écoute du peuple, sans intégrer<br />
la démocratie 25 .<br />
• Les indicateurs de bonne gouvernance les plus utilisés sont généralement les indicateurs<br />
mondiaux de la gouvernance établis par la Banque mondiale, notamment : expression et<br />
obligation de rendre des comptes, stabilité politique et absence de violence, efficacité<br />
gouvernementale, qualité de la réglementation, État de droit et lutte contre la corruption.<br />
Il existe plusieurs définitions de l’État de droit. Cependant, à l’origine, ce concept signifie<br />
restreindre l’utilisation arbitraire du pouvoir afin que les États ne puissent pas agir en toute<br />
impunité à l’encontre de leurs citoyens et que ces derniers se conforment également aux règles<br />
concernant la manière dont ils se traitent mutuellement. Idéalement, l’État de droit crée un lien<br />
entre la société et l’État, de sorte que :<br />
• le gouvernement et tous les individus soient liés par des lois transparentes et qui sont publiées ;<br />
• tous les citoyens soient égaux devant la loi (des facteurs comme la richesse, l’ethnie et la<br />
corruption ne doivent pas ébranler cette égalité) ;<br />
• tous les citoyens accèdent à une justice prévisible et efficace, quelles que soient leurs ressources ;<br />
• les droits des citoyens soient protégés par la loi et son application ;<br />
• les citoyens soient protégés par un certain niveau d’ordre public.<br />
La question de savoir si les droits de l’homme s’inscrivent intrinsèquement dans l’État de droit et<br />
quels droits doivent être inclus fait l’objet de débats. Les partisans du minimalisme privilégient<br />
un « gouvernement par le droit » selon lequel les lois doivent être édictées et les poursuites se<br />
dérouler de manière équitable. Cependant, le contenu des lois ne se rattache pas nécessairement<br />
aux droits de l’homme, bien que la plupart des organismes donateurs incluent une liste des droits<br />
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